Indice mondial de l’innovation 2025 : le Maroc signe son meilleur classement historique

Le Maroc signe en 2025 son meilleur résultat historique dans l’Indice mondial de l’innovation, publié par l’OMPI. Classé 57e sur 139 économies, il progresse de neuf rangs en un an et s’impose parmi les “overperformers”. Cette percée, reflet d’une montée en gamme industrielle et éducative, confirme le Royaume comme acteur crédible de l’innovation parmi les pays à économies similaires, et pôle incontournable en Afrique et dans la région MENA.
Le Maroc vient d’enregistrer une avancée sans précédent dans le Global innovation index 2025 (GII), publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Pour la première fois, le Royaume atteint la 57e place sur 139 économies, soit un bond de neuf rangs en une seule année.
Cette progression, saluée dans le rapport comme l’une des plus rapides de la région, marque un tournant pour un pays qui, depuis une décennie, investit méthodiquement dans ses infrastructures, ses industries et son capital humain. Plus qu’un simple classement, ce résultat confirme le Maroc comme une économie intermédiaire capable de rivaliser avec les marchés émergents les plus dynamiques.
Alors que la croissance mondiale de la R&D ralentit, l’émergence d’économies diversifiées comme celle du Royaume renseigne sur l’importance d’une stratégie équilibrée entre industrialisation, éducation et innovation immatérielle.
Une percée mondiale remarquable
Avec sa 57e place, le Maroc figure désormais dans le top 60 mondial, devançant des pays comme le Mexique (58e), l’Arménie (59e) ou la Russie (60e). Cette percée n’est pas anodine : elle traduit la montée en gamme progressive de son appareil productif, en particulier dans les industries exportatrices (automobile, aéronautique et électronique) qui pèsent de plus en plus lourd dans ses performances d’innovation.
Le Royaume se classe également parmi les “overperformers” du rapport, c’est-à-dire les pays qui affichent des résultats supérieurs à leur niveau de développement. Cette catégorie, où l’on retrouve aussi l’Inde, le Vietnam ou le Sénégal, distingue les économies capables de transformer des investissements encore modestes en résultats concrets sur la scène mondiale.
Le Maroc, 4e économie africaine innovante
Sur le plan continental, le Maroc confirme son rôle de pôle africain de l’innovation, se classant 4e en Afrique derrière l’Île Maurice (53e), l’Afrique du Sud (61e) et les Seychelles (75e). Le Royaume devance nettement la Tunisie (76e), l’Égypte (86e) ou encore le Sénégal (89e).
Cette place s’explique par des choix stratégiques : industrialisation poussée, montée en puissance des filières exportatrices, intégration progressive dans les chaînes de valeur mondiales.
Le Maroc devient ainsi un partenaire incontournable pour l’Europe et l’Afrique subsaharienne, où il exporte non seulement des produits manufacturés mais aussi un savoir-faire dans la gestion des infrastructures et l’innovation organisationnelle.
Un bond dans l’espace arabe et MENA
Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), le Maroc figure parmi les pays qui progressent le plus vite, au même titre que Bahreïn, Israël et la Turquie. Dans le classement arabe, il occupe la 5e place, derrière les Émirats Arabes Unis (30e), l’Arabie Saoudite (46e), le Qatar (48e) et Bahreïn (62e). Cette percée reflète un repositionnement stratégique.
Le Maroc se situe à la croisée de deux dynamiques : la modernisation accélérée des économies du Golfe, dopées par la diversification post-pétrole et l’essor progressif des pôles africains de l’innovation. Cette position intermédiaire lui permet de jouer un rôle d’interface, tout en consolidant son image d’économie stable et attractive pour les investisseurs internationaux.
Une performance confirmée chez les économies intermédiaires
Dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire inférieur, le Maroc figure au 4e rang mondial, derrière l’Inde (38e), le Vietnam (44e) et les Philippines (50e). Cette performance le distingue de ses voisins régionaux et confirme son statut de modèle dans cette catégorie.
L’OMPI souligne d’ailleurs que le Maroc fait partie du groupe des économies intermédiaires ayant le plus progressé depuis 2013, grâce à des politiques ciblées en matière d’éducation, d’infrastructures numériques et de soutien aux industries exportatrices. Contrairement à d’autres pays qui peinent à transformer leurs investissements, le Maroc parvient à convertir ses efforts en résultats concrets dans les indicateurs du GII.
Ces résultats témoignent d’un équilibre entre industrie, capital humain et innovation immatérielle. Ils montrent par ailleurs la capacité du pays à s’appuyer sur son tissu entrepreneurial, ses zones industrielles et sa politique de formation pour renforcer sa compétitivité globale.
Perspectives et défis
Pour consolider cette dynamique, le Royaume devra toutefois relever plusieurs défis. D’abord renforcer la R&D privée, encore trop limitée par rapport aux standards internationaux. Ensuite, accroître le financement de l’innovation, en diversifiant les mécanismes qui viennent appuyer le soutien public.
Enfin, améliorer le transfert de recherche vers l’industrie, afin de valoriser pleinement les compétences universitaires. L’édition 2025 du GII confirme en tout cas le Maroc comme un acteur crédible de l’innovation.
Dans un contexte marqué par la transition énergétique, la digitalisation et la montée en puissance de l’intelligence artificielle, le Royaume dispose désormais d’une base solide pour franchir un nouveau cap et s’imposer comme un modèle régional en matière d’innovation durable.
Top 5 africain : l’Île Maurice maintient sa suprématie
Le classement africain du GII 2025 confirme la diversité des trajectoires. Maurice (53e mondial) domine toujours le continent, grâce à un environnement institutionnel stable et une ouverture économique qui favorisent l’innovation.
L’Afrique du Sud (61e) conserve son rôle de hub industriel et financier, tandis que les Seychelles (75e) s’illustrent par des performances notables en infrastructures et services numériques. Le Maroc, désormais 57e mondial et 4e africain, signe la meilleure progression du continent et confirme sa montée en puissance dans les filières industrielles et technologiques.
Le Botswana (87e) et le Sénégal (89e) complètent le top 5, traduisant la montée en puissance de pays subsahariens misant sur l’éducation et les services pour stimuler l’innovation.
Ce panorama révèle deux dynamiques : d’un côté, les économies insulaires et diversifiées qui s’appuient sur des niches d’excellence pour améliorer leur compétitivité ; de l’autre, des économies industrielles émergentes, comme le Maroc, qui cherchent à capitaliser sur l’intégration régionale et la montée en gamme de leurs secteurs productifs. Ensemble, elles contribuent à façonner une cartographie africaine de l’innovation plus équilibrée et prometteuse.
Top 5 mondial : la Suisse conserve son avance
Le classement mondial demeure dominé par les grandes puissances de l’innovation. La Suisse conserve sa première place (66 points), suivie de la Suède (62,6) et des États-Unis (61,7). La Corée du Sud (60) atteint pour la première fois le 4e rang, signant son meilleur résultat historique et confirmant son rôle moteur en Asie. Singapour, 5e avec 59,9 points, se distingue par un leadership dans dix indicateurs, notamment les brevets, la production high-tech et l’intensité des actifs immatériels.
Fait notable, la Chine intègre pour la première fois le top 10 mondial, en 10e position, portée par son poids en R&D et en dépôts de brevets ainsi que par la concentration de ses clusters technologiques. Cette percée témoigne du basculement progressif du centre de gravité de l’innovation vers l’Asie.
Ainsi, le sommet du classement reste dominé par les économies européennes et nord-américaines. Le top 10 reflète une constante : l’innovation mondiale reste tirée par des économies disposant de fortes capacités institutionnelles, d’investissements massifs en R&D et de systèmes éducatifs d’excellence. Mais il montre aussi une tendance : l’émergence d’acteurs asiatiques (Corée du Sud, Chine) capables de concurrencer les leaders historiques.
Hafid Marzak / Les Inspirations ÉCO