Maroc

Importations de viandes rouges : la facture risque d’être encore plus salée

La FAO indique que les prix des viandes rouges, notamment bovines, atteignent des niveaux record dans le monde. Ceci risque d’alourdir la facture des importations du Royaume, à un moment où le pays est contraint d’accroître ses achats pour satisfaire la demande nationale.

«Un malheur ne vient jamais seul», dit un adage. Et pour le Royaume, c’est ce qui semble se concrétiser en matière d’importations de viandes rouges. La sécheresse ayant conduit le Maroc à se tourner vers les importations de viandes rouges depuis l’étranger, voilà que la FAO nous indique que ces importations se font à une période où les prix n’ont jamais été aussi élevés sur les marchés mondiaux.

En effet, les observations de l’agence onusienne sur l’évolution des prix de ces viandes durant le mois de mai est sans équivoque : «L’indice FAO des prix de la viande a progressé de 1,3% par rapport à sa valeur révisée du mois d’avril, compte tenu de la hausse des cours des viandes ovine, porcine et bovine, la viande bovine ayant atteint un nouveau pic».

Autrement dit, les prix de ces viandes rouges se situent à des niveaux inédits. Importer dans ces circonstances coûte donc particulièrement cher en termes de sorties de devises étrangères.

D’ailleurs, cette année, l’annulation du sacrifice de l’Aïd Al Adha a obligé les familles à se ruer sur l’achat de viandes rouges. Sur les marchés, les prix étaient à la limite prohibitifs, atteignant des niveaux historiquement élevés, avec le kg qui se négociait entre 120 et 150 DH.

Flambée historique
En attendant que le gouvernement finisse de déployer son programme de reconstitution du cheptel national – un programme qui prendra au moins deux ans pour se concrétiser – le Royaume va encore être obligé de se tourner vers les importations pour satisfaire la demande nationale. Et cela passe aussi bien par l’importations de bétail vif que de viandes rouges congelées.

À ce propos, des partenariats sont en cours d’exécution avec plusieurs pays, notamment les voisins ibériques, mais également avec des acteurs basés en Amérique latine. Si, dans ce contexte de flambée historique des prix, le Maroc est obligé d’importer, alors, cette nécessité se fera à «prix d’or». Cela, au regard de la forte demande mondiale et de la persistance de conditions climatiques peu favorables dans une grande partie de la planète, impactant négativement les secteurs de l’agriculture et de l’élevage.

En effet, la sécheresse de ces dernières années, au Maroc et ailleurs, contribue à fortement dérégler le marché mondial des viandes rouges. Le paradoxe est que des pays jadis producteurs et ayant atteint l’auto-suffisance, comme le Maroc, se retrouvent tous sur le marché de l’importation.

Quotas d’importations
Pour rappel, selon le ministère de l’Agriculture, les dépenses financières liées aux importations de bétail se chiffrent à 437 MDH. Cette enveloppe a été consacré au soutien à l’achat de 875.000 têtes d’ovins (386.000 en 2023 et 489.000 en 2024).

Par ailleurs, l’actuel loi de Finances (LF) prévoit également des exonérations fiscales en 2025 pour les importations de viandes rouges et de bétail vif, dans l’optique de répondre à la demande nationale.

En effet, l’article 8 de la LF apporte des modifications au Code général des impôts (CGI), dont celles se rapportant à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à l’importation.

Ainsi, il a été décidé une exonération provisoire – du 1er janvier au 31 décembre 2025 – de la TVA à l’importation des animaux domestiques vivants des espèces bovine, ovine, caprine et camélidé et ce, dans la limite d’un contingent fixé, respectivement, à 150.000, 700.000, 20.000 et 15.000 têtes.

C’est le cas aussi pour les velles reproductrices et génisses dans la limite d’un contingent de 20.000 têtes pour chaque catégorie, ainsi que des viandes des animaux des espèces bovine, ovine et caprine fraîches, réfrigérées ou congelées, et ce, dans la limite d’un contingent de 40.000 tonnes. Avec les quantités énormes importées durant l’Aïd Al Adha, la facture risque d’être beaucoup plus salée cette année, surtout, dans ce contexte de flambée historique sur le marché mondial.

Les prix des volailles et des céréales en baisse

Contrairement à ceux des viandes rouges, la FAO constate que «les prix de la volaille ont diminué, du fait de la baisse des cours au Brésil».

Par ailleurs, et de façon globale, il faut retenir que l’indice FAO des prix des produits alimentaires – qui suit l’évolution mensuelle des prix internationaux d’un ensemble de produits alimentaires échangés dans le monde entier – s’est établi en moyenne à 127,7 points en mai, soit 0,8% de moins qu’en avril. Il affiche cependant encore une hausse de 6% par rapport à sa valeur d’il y a un an. Autre bonne nouvelle, l’indice des prix des céréales a baissé en mai. Il perd 1,8% par rapport à sa valeur d’avril et se situe à 8,2% en dessous de son niveau de mai 2024.

De même, les prix mondiaux du maïs ont nettement reculé, en raison de l’abondance des récoltes et des disponibilités en Argentine et au Brésil et du fait que l’on s’attend également à une récolte record aux États-Unis. Les prix mondiaux du blé ont aussi diminué sous l’effet de l’amélioration des conditions de culture dans l’hémisphère Nord.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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