Import/Export : le Maroc tire son épingle du jeu
À l’instar de l’ensemble des économies mondiales, les indicateurs globaux des échanges extérieurs du Maroc ont affiché, à fin 2020, des résultats contrastés. En effet, tant les importations que les exportations de marchandises ont enregistré des baisses respectives de 14,1% et de 7,5% (en comparaison avec la période janvier à décembre 2019). Le déficit commercial s’est allégé de 23,1% et le taux de couverture s’est établi à 62,4%, enregistrant ainsi une amélioration de 4,5%. Curieusement, l’Afrique subsaharienne est pratiquement la seule région avec laquelle la balance commerciale du Maroc est excédentaire.
En dépit d’une année 2020 particulièrement difficile, l’Afrique subsaharienne est pratiquement la seule région avec laquelle la balance commerciale du Maroc a été excédentaire. Les chiffres, en notre possession, des échanges avec l’Afrique subsaharienne concernent la période allant de janvier à septembre 2020. Durant cette période, les exportations du Maroc ont été évaluées à 15,7 MMDH. Les importations ont, quant à elles, totalisé 10,5 MMDH sur la même période. Sachant que les activités économiques ont repris crescendo, les excédents de la balance commerciale devraient se creuser davantage.
IDE marocains en Afrique en baisse de 38%
L’Afrique subsaharienne constitue un marché porteur pour les exportations marocaines, notamment les produits à forte et moyenne valeurs ajoutées. Elle est aussi une terre d’accueil prometteuse pour les investissements. En 2020, les investissements marocains en Afrique ont atteint environ 4,2 MMDH, en baisse de 2,6 MMDH, entre 2019 et 2020. Soit une baisse d’environ 38%. Rappelons qu’en 2019, nos investissements en Afrique s’élevaient à 6,8 MMDH. En 2020, les investissements directs marocains (IDM) ont concerné essentiellement les secteurs à forte valeur ajoutée (BTP, banque, holding, TIC, électrification, santé, mines…). Sur la période 2009-2019, nos investissements directs en Afrique ont réalisé un saut fulgurant, soit un taux d’accroissement annuel moyen de 8,3%. Ces investissements sont ainsi passés de 3 MMDH en 2009 à 6,8 MMDH. Ils ont atteint leur plus haut niveau en 2017 atteignant un pic de 8,8 MMDH. Rappelons que le Maroc a étendu sa présence à l’échelle africaine tout au long de cette période. Les investissements marocains sont aujourd’hui injectés dans près de 30 pays, contre 9 en 2009. En 2019, la Côte d’Ivoire a capté, à elle seule, 21,4%, se positionnant en tant que première destination des investissements marocains en Afrique. Le Tchad en deuxième position avec des flux de l’ordre de 19,8%, suivi du Sénégal avec une part de 14,7%. En ce qui concerne la ventilation des investissements directs marocains en 2020 et du maintien ou pas de la Côte d’Ivoire comme première destination des IDM, l’on en saura davantage dans les jours à venir.
Renforcement du partenariat économique et industriel
Dans ce cadre, l’ASMEX a inscrit l’Afrique comme marché prioritaire pour le développement des exportations et de l’investissement. Ainsi, le partenariat économique et industriel devrait se renforcer. La commission dédiée à l’Afrique au sein de l’ASMEX a pour objectif, notamment de traiter l’ensemble des problématiques relevées par les opérateurs économiques. Une série de webinaires a aussi été programmée sur l’accès aux marchés dont une grande partie concerne les marchés africains. Ces webinaires sont animés par des experts qui sont basés dans les marchés concernés. Ils permettent de livrer plusieurs informations à maîtriser et engagent un débat avec les experts pour répondre aux questions posées. Lesquels experts peuvent accompagner les entreprises qui le souhaitent pour leur introduction sur le marché tant pour investir, que pour exporter ou importer des matières premières ou des demi-produits. D’un autre côté, des discussions sont en cours avec les compagnies de transport maritime et terrestre pour mettre en place des solutions de groupage afin de permettre aux PME et aux TPME d’exporter leurs produits avec des tarifs compétitifs. Par ailleurs, l’accent est mis sur l’expertise acquise par plusieurs entreprises sur les marchés de l’Afrique subsaharienne du fait de leur implantation et des échanges qu’elles opèrent. «Nous leur demandons, au sein de la commission Afrique de l’ASMEX, d’échanger cette expertise avec d’autres sociétés qui souhaitent s’investir dans le continent et de constituer des locomotives pour leur développement dans ce marché», explique le président de l’ASMEX.
Des difficultés demeurent
Néanmoins, des difficultés demeurent lorsque les exportateurs marocains se lancent à l’export vers l’Afrique. Le marché africain est composé de plusieurs marchés hétérogènes. Chacun a ses spécificités et ses règles de jeu. De ce fait, il est important, lorsqu’on souhaite adresser ce marché, de garder à l’esprit cette particularité. Le problème logistique reste toujours posé. On ne dispose pas de lignes directes ou régulières à destination des principaux marchés. Les droits de douane sont également très élevés sur plusieurs destinations. Nous souhaitons «qu’il y ait, avec l’accord ZLECAf, des baisses pour améliorer la compétitivité de nos exportations sur les marchés africains», souligne Hassan Sentissi. Obtenir une information actualisée et fiable sur certains marchés est aussi un handicap pour nos exportateurs.
Hassan Sentissi El Idrissi
Président de l’ASMEX
«L’entrée en vigueur de la ZLECAf est une grande opportunité qu’il faut saisir»
2020 est une année exceptionnelle sur tous les plans. C’est une année qui a bouleversé l’échiquier mondial. Il faut s’attendre à une nouvelle configuration des cartes économiques mondiales. L’Afrique reste, du moins, la région dont l’impact de la pandémie de la Covid-19 a été inférieur à celui qui a touché d’autres continents : Europe et Amériques par exemple. Aussi, l’entrée en vigueur de la ZLECAf est une grande opportunité qu’il faut saisir. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place un accompagnement ciblé par projet et par destination afin que nos entreprises soient compétitives. Nous ne sommes pas les seuls sur les marchés d’Afrique. Au niveau de l’ASMEX, nous avons engagé dans ce sens, en partenariat avec le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’économie verte et numérique, une importante mission d’accompagnement des entreprises à tirer profit des opportunités de la ZLECAf. Nous irons jusqu’au bout afin que nos entreprises soient mieux accompagnées, encadrées et coachées
Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco Docs