Maroc

«Il faut trouver la bonne histoire à filmer, à raconter»

Paul Haggis, réalisateur

Réalisateur de génie, scénariste conteur d’histoires bien ficelées, Paul Haggis est un maître du cinéma à l’humilité presque dérangeante. Oscarisé pour le meilleur film et scénario original pour «Crash», le réalisateur canadien se permet une escale à Marrakech afin de partager ses connaissances avec la jeunesse.

Lors de sa masterclass, Paul Haggis ne perd pas une minute afin de donner des conseils et des astuces à ceux qui veulent bien l’entendre. Heureux d’être là, le plus Américain des réalisateurs canadiens produit, dirige, réalise et écrit surtout. Connu pour ses films comme «Chorale» incroyablement bien mené, il signe avec «Crash» un film culte qui dénonce le racisme à travers plusieurs points de vue. «Généralement, je pense à une histoire, juste l’idée de cette histoire. J’en rajoute une autre.

Et ensuite je les colle ensemble et je pense à l’histoire de façon générale. Je suis ce personnage qui rencontre ce personnage et j’écris de cette manière là.», explique le scénariste de talent qui réussit à nous embarquer dans son monde, où chaque détail compte comme il le fait si bien dans «One million dollars baby», le déroutant «The third person» ou encore le James Bond le plus envoûtant : «Casino Royal». «Je pense qu’il est important pour les gens de comprendre que nous luttons contre les mêmes choses. En tant que cinéaste ou scénariste, il faut trouver la bonne histoire à filmer, à raconter. Les gens pensent qu’en étant connus, on n’a plus à faire d’effort pour raconter une histoire. C’est faux. Il y a des ratés, il y a des erreurs et ce sont des erreurs qu’on apprend», explique Paul Haggis qui soutient que le film est un média d’émotions en soi. Pour lui, une lecture de film est impossible puisqu’un film, on le ressent : «Il explore ce que nous sommes, pose une nouvelle question ou une ancienne question de façon différente». Celui qui écrit, réalise, produit, avec une facilité déconcertante aime travailler en amont et préparer même si ce n’est pas l’exercice qu’il préfère. Il aime tout ce qu’il ne fait pas. Quand il réalise, l’écriture lui manque. Et vice versa. «J’ai déjà réalisé un film que quelqu’un d’autre à écrit et j’ai adoré faire cela ! Je l’ai fait parce que j’avais vraiment envie de travailler avec ces scénaristes et d’apprendre surtout à réaliser quelque chose que je n’avais pas écrit. J’ai tellement appris. Beaucoup de gens vous diront que la réalisation est la partie la plus facile, l’écriture la partie la plus dure», s’amuse le réalisateur qui a beaucoup travaillé avec le grand Clint Eastwood. «J’adore diriger les acteurs, j’ai travaillé avec des gens formidables. J’aime ce rapport d’intimité, être proches d’eux.

Il faut les faire se sentir en sécurité, je pense, je les aide à explorer la scène, sans les brusquer ou leur dire ce qu’ils doivent faire. J’apprends tous les jours à me taire et à me contenir pour les laisser s’exprimer. C’est comme ça qu’on est surpris. C’est pour ça qu’on fait ce métier», confie celui qui écrit sans penser aux acteurs avant de peur de biaiser son écriture en pensant à ce qu’ils ont déjà réalisé. Engagé, celui qui a su quitté la scientologie après des années a souvent critiqué la politique étrangère de Bush. Dans ses films, il s’engage, dénonce et avoue qu’il a peur de la politique de Trump et de sa position sur l’Iran. Des peurs, des questionnements qu’il utilise et dont il puise dans son écriture. Aujourd’hui, il avoue que sa visite au Maroc lui inspire d’y tourner son dernier film : «Je ne peux pas trop en parler mais je pense vraiment à tourner mon prochain film au Maroc!». Affaire à suivre…



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