Hydrogène vert : le Maroc veut devenir numéro 1 mondial
Devenir un champion mondial dans la production et l’exportation d’hydrogène vert, c’est le message délivré par les autorités politiques, économiques et industrielles du pays, lors de la première édition du Sommet mondial sur le power to x, organisé par l’Iresen et l’UM6P, avec des arguments très favorables. Les détails…
Le Maroc a une nouvelle ambition : devenir un champion mondial dans la production et l’exportation d’hydrogène vert d’ici à 2030. C’est, en résumé, le message qui a été délivré par les autorités politiques, économiques et industrielles du pays, lors de la première édition du Sommet mondial sur le power to x (PtX), organisé par l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen) et l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P), ces lundi 1er et mardi 2 décembre, sous forme virtuelle, en présence de plusieurs personnalités dont Aziz Rabbah, ministre de l’Énergie, des mines et de l’environnement, Moulay Hafid Elalamy, ministre du Commerce, de l’industrie et de l’économie verte et numérique, Jaoa Pedro Matos Fernandes, ministre portugais de l’Environnement et de la transition énergétique, Peter Altmaier, ministre fédéral allemand des Affaires économiques et énergétiques, Kadri Simson, cheffe de la Commission européenne chargée de l’énergie, et Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique social et environnemental (CESE). Les unes et les autres ont avancé des arguments très favorables pour justifier cette ambition du Maroc. En ouverture du sommet, Badr Ikken, directeur général de l’Iresen, a lancé que «l’ambition du Maroc est non seulement de devenir un hub industriel régional dans l’hydrogène vert, mais également un hub technologique dans ce domaine».
Un important potentiel éolien et solaire
Une double ambition que son successeur et co-organisateur de l’événement, Hicham El Habti, président de l’UM6P, a confirmé, citant les exemples de plateformes technologiques que l’université et l’Iresen ont mises en place en l’espace de quelques années. Il y a notamment le Green Energy Park et le Green and Smart Building Park auxquelles va bientôt s’ajouter une plateforme de recherche-développement et d’innovation, dédiée cette fois-ci aux molécules vertes, avec le concours de partenaires allemands. Ahmed Reda Chami a lui aussi abondé dans le même sens. Selon lui, le Maroc peut devenir un champion mondial dans le domaine énergétique. «Le terme de champion n’est pas du tout abusif parce qu’il s’agit clairement pour le pays de passer de la logique de consommateur dépendant et soucieux de sa sécurité d’approvisionnement à celle d’un acteur important de la transition énergétique. Plus important encore grâce à l’exploitation de manière économiquement viable, socialement juste et écologiquement respectueuse de son potentiel éolien et solaire, le Maroc peut donner du bien-être à ses citoyens (meilleurs pouvoir d’achat et santé), apporter de la compétitivité à ses entreprises, adresser durablement le stress hydrique, gagner en indépendance énergétique et se positionner au cœur du partenariat économique
euro-africain», a-t-il expliqué.
Une base industrielle solide
En effet, le Maroc est l’un des cinq pays qui ont le plus fort potentiel de production et d’exportation de molécules vertes, de méthanol, d’hydrogène et d’ammoniac. Le royaume a aussi le privilège d’avoir une situation géostratégique enviable entre l’Europe et l’Afrique. Des dotations factorielles auxquelles Moulay Hafid Elalamy a ajouté une base industrielle solide, ouverte à ses partenaires ainsi qu’un potentiel important en montée rapide en compétences quel que soit le domaine technologique visé. Et pour en témoigner, le ministre a notamment rappelé ce qui a dernièrement marqué les esprits, à savoir «la capacité d’adaptation surprenante dont les industriels marocains ont fait preuve durant la crise sanitaire en produisant des équipements sophistiqués dont certains s’exportent aux quatre coins du monde». Ce n’est pas tout, relève Aziz Rabbah. En chef d’orchestre, le ministre de l’Énergie, des mines et de l’environnement a signalé qu’un travail de fond est déjà entamé. Rabbah a, entre autres, évoqué les deux études qui ont été conduites sur le thème du PtX en 2018. «Ces études ont notamment montré que le Maroc pourrait capter au minimum 4% du marché mondial de l’hydrogène vert d’ici 2030», a rappelé le ministre.
Une gouvernance prometteuse
Sur le plan de la gouvernance, il a aussi montré qu’une commission nationale, impliquant toutes les parties prenantes publiques et privées, a été constituée. «Actuellement, cette commission est engagée sur plusieurs chantiers, dont l’élaboration d’un atlas national de l’hydrogène où figureront les zones de production et les infrastructures qui lui sont dédiées ; la mise en place du cadre réglementaire ; le renforcement de la formation et de la recherche et le lancement de projets pilotes», a ajouté Rabbah. À signaler que la commission pourra s’inspirer des recommandations faites par le CESE dans le cadre du Programme Maroc hydrogène vert, dont il a proposé la mise en place. Dans ce programme, Chami et son équipe ont notamment émis des recommandations sur les filières de production (ammoniac, méthanol, hydrogène), les zones favorables d’implantation (cimenteries, OCP, industries de verrerie, de sidérurgie…), infrastructures nécessaires (ports, pipelines), avantages concurrentiels du Maroc (modalités des PPP pour amorcer les investissements) et pilotage et opérationnalisation du programme.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco