Maroc

HCP : un réfugié sur cinq est marié à un conjoint marocain

Le Haut-Commissariat au Plan a publié les résultats de son enquête sur la situation socioéconomique des réfugiés au Maroc, permettant d’appréhender la situation juridique des réfugiés au Maroc, et de mesurer le niveau de leur intégration. Depuis leur entrée sur le territoire marocain jusqu’au moment de l’obtention d’un titre de séjour ou d’un emploi, le HCP met la lumière sur les conditions de vie des réfugiés dans le pays.

À fin janvier 2024, le Maroc compte 9.906 réfugiés et 9.256 demandeurs d’asile, selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR). Une récente enquête menée par le Haut-Commissariat au plan s’est intéressée au parcours et aux conditions de vie de ces réfugiés.

D’abord, concernant les raisons les ayant poussé à quitter leurs pays, plus de la moitié (58,9%) des chefs de ménage réfugiés affirment avoir été forcés pour des raisons d’insécurité, liées à la guerre et aux conflits (66% parmi les femmes et 57,3% parmi les hommes).

Les études viennent en seconde position avec 24,0% des réfugiés, sans différence significative entre les hommes et les femmes (24,2% et 22,9% respectivement). La recherche d’un emploi vient en 3e position avec 11,4% des réfugiés, beaucoup plus parmi les hommes (13,5%) que les femmes (1,8%).

L’Algérie, principale porte d’entrée
Le HCP révèle que les aéroports et les frontières avec l’Algérie sont les principaux points d’entrée au Maroc. Plus de la moitié des chefs de ménage réfugiés ont accédé au Maroc par l’aéroport (55,3%), 56,1% parmi les femmes et 55,1% parmi les hommes. Le deuxième point d’entrée est constitué des frontières avec l’Algérie avec une proportion de 41,8%, 42,9% parmi les hommes et 37,1% parmi les femmes. Une infime minorité est entrée au Maroc par la frontière avec la Mauritanie (1,7%).

L’analyse par pays d’origine révèle des schémas distincts. Il en ressort que la quasi-totalité des Sud-Soudanais (98,0%) sont entrés au Maroc via l’aéroport. Cette voie a été utilisée également en majorité par les Yéménites (82,5%), les Centrafricains (80,3%) et par plus de la moitié des Ivoiriens et des réfugiés des autres pays arabes. La frontière avec l’Algérie, quant à elle, est largement utilisée par les Syriens (74,9%) et les réfugiés des autres pays d’Afrique (59,4%), indique la même source.

D’ailleurs, près du tiers (31,9%) des chefs de ménage réfugiés sont de nationalité syrienne, suivis de la République Centrafricaine (19%), du Yémen (16,5%), du Soudan du Sud (8,1%) et de la Côte d’ivoire (4,5%). La moitié sont installés dans les villes de Rabat, Casablanca, Salé et Kénitra. Toutefois, près de 1 chef de ménage réfugié sur 8 n’a pas de documents justificatifs de sa nationalité. 11,8% des réfugiés affirment ne pas avoir de documents prouvant leur nationalité actuelle.

Ce pourcentage atteint 21,3% parmi les femmes contre 9,7% parmi les hommes. Selon le pays d’origine, plus du tiers (35,3%) des Ivoiriens n’ont aucun document prouvant leur nationalité. Par contre, la majorité des autres nationalités en dispose avec 99,2% pour les ressortissants du Yémen, 99% pour ceux de la Syrie, 96,1% du Soudan du Sud et 94,9% de la République Centrafricaine.

Mariage mixte et limites
Concernant la situation familiale des réfugiés et demandeurs d’asile, ceux originaires de pays africains sont majoritairement célibataires avec 97,7% pour les Sud-Soudanais, 93,8% pour les Centrafricains et 78,3% pour les Ivoiriens. Le statut de «marié» est, de son côté, plus fréquent parmi les réfugiés d’origine arabe avec 81% pour les Syriens et 42,4% pour les Yéménites. L’enquête révèle d’ailleurs qu’un chef de ménage réfugié sur 5 est marié à un conjoint marocain.

Selon le sexe, plus d’un homme sur cinq (22,4%) est marié à une épouse de nationalité marocaine tandis que la quasi-totalité des femmes réfugiées sont mariées à des époux de même nationalité, révèle la même source.

Concernant le pays d’origine, le mariage avec une épouse marocaine est plus fréquent parmi les réfugiés originaires du Yémen (19,8%), de la Côte d’ivoire (19,4%) et de la Syrie (16,8%), poursuit l’enquête, notant que le mariage avec une Marocaine est plus fréquent parmi les hommes réfugiés disposant d’un titre de séjour valide ou expiré, avec respectivement 20,5% et 28,7%. Le tiers de ces hommes réfugiés mariés à une épouse marocaine ont demandé l’obtention de la nationalité marocaine. Les Syriens (29,3%) et les Yéménites (19,8%) sont ceux qui ont le plus poursuivi cette démarche. La grande majorité (92,1%) se disent d’ailleurs intéressés par tout accompagnement pour obtenir la nationalité marocaine.

Selon le pays d’origine, ce besoin d’accompagnement concerne la quasi-totalité des réfugiés ivoiriens, de 95,8% des Syriens et de 87,4% des Yéménites. L’étude s’est également intéressée à un autre blocage que rencontre ces couple mixtes, celui des enfants. Il en ressort ainsi que près du quart des chefs de ménage réfugiés mariés à une femme marocaine ont au moins un enfant n’ayant pas la nationalité de sa mère. Plus de 7 réfugiés mariés à une Marocaine sur 10 (72,6%) ont au moins un enfant ayant acquis la nationalité de sa mère, contre 21,1% qui ne l’ont pas acquise. Cela concerne en particulier les réfugiés yéménites (35,1%) et syriens (26,6%), indique la même source.

«Darija» comme moyen de communication
Étonnamment, l’enquête révèle que près des deux tiers des réfugiés utilisent principalement le dialecte marocain comme moyen de communication dans leur vie quotidienne, les hommes (69,6%) beaucoup plus que les femmes (37,6%). Le français vient en seconde position avec 33,2%, plus utilisé par les femmes que par les hommes (57,5% contre 27,9% respectivement). Seuls 3% des réfugiés communiquent en anglais ou avec d’autres langues.

D’ailleurs, 4 réfugiés sur 9 ont un niveau d’enseignement supérieur. Ils sont généralement spécialisés dans les domaines du commerce et gestion, du droit, de la santé et des technologies de l’information et de la communication. Néanmoins, les emplois occasionnels constituent le quart des sources de revenus des réfugiés au Maroc. Les revenus provenant d’un emploi occasionnel constituent un peu plus du quart (26,8%) des sources de revenu déclarées par les réfugiés au Maroc, relativement plus par les hommes (30,1%) que les femmes (13,3%).

Cette source de revenu est déclarée par 35,3% des Syriens, 28,9% de Centrafricains, 21,8% de Yéménites, 17,5% d’Ivoiriens et 12,6% de Sud-Soudanais. Elle est particulièrement plus relevée chez les réfugiés ayant un titre de séjour expiré (34,8%) et ceux ne disposant d’aucun titre de séjour au Maroc (26,9%). En moyenne, les réfugiés au Maroc vivent avec un revenu mensuel moyen d’environ 3.000 DH.

Les résultats de l’enquête ont révélé que le revenu moyen mensuel des ménages de réfugiés au Maroc était, au cours des 12 mois précédant l’enquête, de 3.155 DH, celui déclaré par les hommes est relativement supérieur à celui déclaré par les femmes, respectivement 3.371 DH et 2.075 DH. Le revenu mensuel le plus élevé est observé chez les Syriens, avec 4.871 DH, suivis des Yéménites (2.947 DH), des Ivoiriens (2.173 DH) et des Sud-Soudanais (1.705 DH).

Selon la situation juridique, le revenu mensuel moyen passe de 2.405 DH pour les réfugiés n’ayant aucun titre de séjour au Maroc à 2.829 DH pour ceux ayant un titre de séjour expiré, pour se situer à 3.614 DH pour les réfugiés disposant d’un titre de séjour valide. Les résultats de l’enquête révèlent que 71,5% des réfugiés sont satisfaits de leur séjour au Maroc. La satisfaction des réfugiés est plus prononcée par les Syriens (88,8%), les Yéménites (88,7%) et les Sud-Soudanais (84,2%) que les Ivoiriens (38,1%). Le degré de satisfaction des réfugiés augmente en fonction de l’âge. Plus de la moitié des réfugiés perçoivent une attitude positive des Marocains. Environ 55% des réfugiés estiment que les Marocains ont, envers eux, une attitude positive, les hommes plus que les femmes avec respectivement 58,7% et 38,4%. Alors que 10,1% perçoivent plutôt une attitude négative.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO


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