Grand Agadir : Tamalaste, la décharge de tous les dangers

La décharge contrôlée de Tamalaste, où sont déversés les déchets ménagers et assimilés de plus de 10 communes du Grand Agadir, est confrontée à un délabrement critique, de sa route d’accès aux infrastructures du site. Le problème majeur est l’accumulation alarmante de près de 200.000 m³ de lixiviat dans des bassins vétustes. Un contrat pourtant sur la gestion déléguée du site sur 20 ans est attendu pour l’enfouissement et la valorisation des déchets, ainsi que le traitement urgent de ce stock dangereux.
Empruntée quotidiennement par des centaines de camions-poubelles relevant de 10 communes du Grand Agadir, la route menant vers la décharge contrôlée de Tamalaste, située aux environs d’Agadir et accessible depuis l’actuelle voie de contournement nord, donne un avant-goût de la situation critique du site qu’elle dessert, au sein de la commune de Drarga.
Dès que l’on s’y engage, on constate de prime abord l’état de délabrement avancé de cette artère, située non loin du grand stade d’Agadir qui accueillera la prochaine CAN. L’asphalte est fissuré, craquelé et par endroits éventré, laissant apparaître de nombreux et profonds nids-de-poule, ainsi que des sections où le revêtement a cédé la place à de la terre battue ou des gravats.
Cette situation affecte directement les systèmes de suspension et d’amortissement de la flotte de camions-poubelles de plusieurs communes et l’amortissement de cette flotte. Ces véhicules sont contraints aussi de ralentir considérablement tout au long du chemin pour éviter d’endommager la carrosserie ou les pneus, soulevant ainsi des nuages de poussière ocre qui recouvrent le paysage. Plus on avance, plus l’ambiance se fait celle d’une zone marginalisée et oubliée.
Il va sans dire que depuis sa mise en service en avril 2010, la décharge contrôlée de Tamalaste, qui reçoit les déchets ménagers des communes du Grand Agadir en vertu de la convention intercommunale signée en 2008, est actuellement gérée par un contrat de gestion et d’exploitation annuel, portant essentiellement sur l’enfouissement et le recouvrement des déchets.
Plus de 180.000 m³ de lixiviat accumulés
Il est à noter que la durée de gestion de la décharge a été ramenée à une seule année depuis l’expiration du contrat de 10 ans (2008-2017) avec la société TecMed. Plusieurs années après l’adoption de ce mode de gestion, force est de constater que les mêmes problématiques persistent.
En attendant le lancement de l’appel d’offres pour la gestion déléguée du Centre d’enfouissement et de valorisation (CEV) des déchets ménagers et assimilés (DMA) de la décharge, une gestion prévue pour 20 ans sera mise en place.
La finalité attendue de la gestion déléguée porte non seulement sur l’enfouissement des déchets et leur valorisation maximale, mais aussi sur le traitement de l’épineuse problématique du lixiviat, en particulier l’ancien stock. Sur ce dernier point, les quantités accumulées dépassent actuellement les 180.000 m³.
Aujourd’hui, ce stock emmagasiné au total dans huit bassins représente un risque permanent d’instabilité physique en raison d’incidents naturels, malgré les mesures techniques prises. Cela constitue le principal problème au sein de la décharge, car les quantités stockées s’amplifient malgré le facteur d’évaporation, ce qui rend le coût du traitement plus élevé et les caractéristiques physicochimiques de l’exsudat plus dangereuses.
Une équation délicate à résoudre
Le lixiviat, communément appelé «jus de poubelle», constitue une équation complexe pour les autorités, tant par le volume accumulé que par les défis liés à sa résorption. Dans le Grand Agadir, comme dans d’autres localités marocaines, le traitement de ce percolat est devenu un réel problème technique auquel sont confrontés les gestionnaires délégués des décharges publiques.
À l’heure actuelle, l’urgence de se débarrasser de ce stock se pose avec beaucoup d’acuité, dans la mesure où les bassins de collecte sont quasiment remplis, à l’exception du huitième casier ajouté récemment.
Au regard de la situation actuelle, le stock emmagasiné pose problème en raison de sa vétusté et de la difficulté à le traiter par voie biologique. Les différentes analyses effectuées sur le lixiviat font ressortir une forte conductivité, en plus d’une concentration élevée de la demande chimique et biologique en oxygène (DCO et DBO) ainsi que du carbone organique dissous.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO