Maroc

Gestion gouvernementale : l’oral d’el othmani

Invité par les deux chaînes nationales pour étaler le point de vue du gouvernement sur plusieurs questions d’actualité, le chef de gouvernement s’est voulu convainquant à propos des principaux sujets sur lesquels il a été interpellé durant les 90 minutes du débat. À l’approche des 100 jours de la vie de l’Exécutif, le chef de gouvernement a notamment formulé des engagements pour les jours qui viennent à propos de la création de plusieurs structures de gouvernance des programmes au double niveau national et ministériel. El Othmani a lutté pour ses idées et ses choix tout au long du débat, se forçant parfois à reconnaître certaines erreurs qui ont été commises dans la gestion de certains dossiers, notamment celui du Hirak du Rif,. La question des demandes sociales des habitants d’Al Hoceima a accaparé l’attention, mais d’autres sujets ont néanmoins été débattus lors de l’émission spéciale, comme la régionalisation avancée, la lutte contre la corruption, sans oublier les grandes questions sociales qui taraudent l’esprit des Marocains. Décryptage…

Hirak d’Al Hoceima.
Le dossier suivi  de très près
El Othmani a tenu à souligner que la communication du gouvernement à propos des événements d’Al Hoceima a été régulière, que ce soit à travers lui, ses ministres qui ont rendu visite à la ville ou encore à l’occasion de chaque Conseil du gouvernement. Le principal message qui filtre du discours du chef de gouvernement est que les demandes sociales, exprimées ou non via des protestations, doivent être traitées équitablement entre toutes les régions du pays. «Une cellule a été mise en place pour assurer le suivi des programmes de développement de toutes les régions», a indiqué El Othmani. Deux approches sont appliquées concernant Al Hoceima, l’une politique, qui consiste à renforcer le dialogue, et une autre développementale, qui s’appuie sur les conclusions issues du dernier Conseil des ministres. Sur ce point, le chef de gouvernement a mis l’accent sur le rôle de la commission d’enquête qui a été ordonnée par le souverain et qui devra mettre la lumière sur les causes du retard accusé dans la concrétisation des projets arrêtés il y a plus de deux ans dans la région. Un appel a été adressé aux habitants de la ville signifiant que «le gouvernement a pris les choses avec le sérieux possible et, actuellement, l’Agence de développement des provinces du Nord a lancé plus de 200 appels d’offres», a dévoilé El Othmani qui a insisté sur le fait que l’exécution des projets nécessite le retour au calme. Des réunions hebdomadaires seront tenues avec les ministres sur le suivi et devront continuer jusqu’à la fin des travaux et la finalisation de l’ensemble des chantiers qui ont été ouverts au sein de la province d’Al Hoceima. Il n’en demeure pas moins que le dossier dans ce dossier, comme l’a indiqué Samir Chaouki, directeur de publication de Les Inspirations ÉCO qui co-animait l’émission. Chaouki a mis en relief la nécessité de «fermer cette parenthèse» et de trouver une formule adéquate qui sauvegarde l’ordre public et les droits des détenus. Sur ce point précis, le chef de gouvernement n’a pas donné d’engagement, du moment que le gouvernement ne peut dicter la conduite à tenir aux juges saisis de cette affaire, estimant que l’attitude des forces de l’ordre a été marquée par la retenue depuis le démarrage du Hirak. Pour l’épineuse question de la communication de crise du gouvernement, il a été aussi demandé à ce que la commission d’investigation, ordonnée par le roi, dévoile ses conclusions à l’opinion publique avec une pleine application du principe de la reddition des comptes.

Régionalisation avancée.
Une question de volonté
Le débat, devenu classique, autour des attributions «vides» qui sont données aux régions a été la seconde thématique abordée lors de cette rencontre. Niant tout laxisme de la part du gouvernement sur ce sujet, El Othmani a indiqué que les deux mois de vie du gouvernement ont été suffisants pour édicter 26 décrets d’application des lois organiques des collectivités territoriales, et que 7 réglementations sont encore attendues avant la fin de cette année. Les attributions des régions ne sont pas uniquement d’ordre technique, mais relèvent de la volonté politique des élus qui doivent afficher plus de volontarisme. «C’est une nouvelle expérience qui a connu des difficultés. Pour être franc, il faudra un peu de temps pour qu’elle soit prête», a noté El Othmani à propos des contraintes qui pèsent encore sur les Conseils régionaux. La question de la convergence des projets avec ceux du gouvernement sera prioritaire, avec la création d’une unité spéciale ainsi que d’un système informatisé central qui devra mettre au point une vision commune entre les efforts des régions et ceux du gouvernement.

La réforme éducative.
La loi-cadre presque finalisée
Pour assurer une continuité de la vision de la réforme, la loi-cadre portant application de la stratégie est dans sa dernière ligne droite. Cette loi devra permettre aux gouvernements, qui devront se succéder jusqu’en 2030, de disposer d’un cadre d’exécution qui ne provoque pas de rupture majeure durant les 14 prochaines années. Le gouvernement compte, à partir de la prochaine rentrée, lancer deux principaux signaux : La réduction des effectifs des élèves de 60 par classe à 40 au maximum, ainsi que l’intégration de 34.000 nouveaux enseignants qui forment le pilier de cette décongestion. Les infrastructures seront en ligne de mire durant la prochaine rentrée en vue de changer la perception des citoyens des écoles publiques ainsi que pour améliorer le cadre d’apprentissage. Au sujet de l’autorisation qui a été accordée aux enseignants du public de travailler dans le privé, El Othmani a notamment voulu mettre en valeur l’aspect pragmatique de cette décision, «après que des études aient montré qu’il y a eu des exagérations à propos de l’impact de l’autorisation des enseignants du public à travailler dans le privé», a noté le chef de gouvernement.

Lutte contre la corruption.
Le numéro vert fonctionne très bien
Tout en relevant que la lutte contre la corruption est l’affaire de tous, El Othmani a dévoilé que le numéro vert dépendant du ministère de la Justice fonctionne de manière optimale depuis son lancement, avec un appel qui a été lancé envers les citoyens pour qu’ils s’impliquent dans la dénonciation des faits de corruption. La question a été étroitement liée à la moralisation de la vie politique, puisque «la fin de l’impunité et la reddition des comptes doivent être palpables pour le citoyen pour restaurer la confiance», comme a l’a souligné Samir Chaouki. L’activation des poursuites par le parquet a été également suscitée comme étant une suite logique des rapports de la Cour des comptes. Pourtant, ce qui semble intéresser le chef de l’Exécutif des conclusions des magistrats de la Haute cour financière, c’est plutôt le contrôle de gestion qui se dégage des rapports et qui permet de pallier à plusieurs anomalies. El Othmani a précisé qu’il a ordonné aux départements ministériels de finaliser des rapports sur l’application des recommandations de la Cour des comptes, chacun dans le périmètre de sa tutelle.

Libéralisation du dirham.
Dissiper les ambiguïtés
À ce sujet, El Othmani a fait glisser le principal message que le Maroc veut lancer à ses partenaires en rappelant le contexte de cette décision : L’économie marocaine est assez forte pour subir les impacts extrêmes de la libéralisation de la monnaie nationale. Tout en éloignant l’exemple égyptien rapporté lors de l’émission par le journaliste Abdellah Tourabi, le chef de gouvernement a insisté sur le fait que le contexte de l’économie marocaine est différent, avec des écarts minimes entre le change effectué par les banques et ceux pratiqués par les circuits informels. «Nous ne sommes pas pressés», a insisté El Othmani à propos de la échéance d’entrée en vigueur de cette décision, qui est toujours attendue.

L’emploi.
Le soutien aux entreprises est le principal enjeu
Même si l’État-employeur revient en force, le chef de gouvernement a conditionné la lutte efficace contre le chômage des jeunes par le soutien au tissu productif, mais aussi «à la formation-création d’entreprises» qui a permis la création de 1.600 sociétés et l’embauche de plus de 30.000 personnes. S’agissant de la loi des Finances, El Othmani a dévoilé que le prochain projet de budget 2018 devra davantage orienter les investissements publics vers les projets créateurs d’emploi. «Il y a quelques jours, nous avons tenu une réunion autour de la préparation du budget de 2018 et nous avons discuté de cette orientation», a souligné le chef de gouvernement. La directrice des informations à Al Oula, Fatima Baroudi, a noté sur ce registre que 25% des chercheurs d’emploi sont des diplômés, ce qui impose une refonte des conditions de l’auto-entreprenariat. À propos de la problématique de l’exécution des décisions judiciaires qui condamnent l’État à payer des dettes aux entreprises, El Othmani a mis en relief «la finalisation d’un comité interministériel» qui lui sera directement rattaché et que «sa circulaire sera adoptée la semaine prochaine».

Dialogue social.
La régularité des rounds est une ligne rouge
«Je tiens à apaiser les craintes de tout le monde à ce que les rounds du dialogue social soient tenus à leurs dates, à savoir la veille de la présentation de la loi des Finances au Parlement et à l’occasion du 1er mai», a insisté El Othmani. Les conclusions des concertations sectorielles entre l’État et les partenaires sociaux formeront la base des pourparlers qui seront entamés, «avec une première étape qui devra arrêter la méthodologie du dialogue», a indiqué le chef de l’Exécutif.


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