Généralisation de la protection sociale : la Banque mondiale alerte sur les risques d’exclusion
La Banque mondiale, en réponse à la sollicitation du Maroc pour un prêt de 60 millions de dollars, a élaboré une analyse sociale et environnementale approfondie sur le projet d’extension de la couverture de l’Identifiant digital civil et social. Ce projet ambitieux, qui s’inscrit dans la stratégie nationale de généralisation de la protection sociale, présente toutefois des risques, alerte l’institution financière.
La Banque mondiale a récemment rendu publique une analyse sociale et environnementale détaillée concernant le projet ambitieux d’extension de la couverture de l’Identifiant digital civil et social pour la population marocaine et les résidents étrangers.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de généralisation de la protection sociale, un chantier colossal visant à améliorer l’accès aux services sociaux pour tous les citoyens. Le coût total estimé de ce projet s’élève à 60 millions de dollars, et la date d’approbation est prévue pour la fin de l’année 2024.
L’objectif principal de ce projet est de déployer nationalement le Registre national de la population (RNP), qui fournira une source fiable d’identité et une authentification numérique précise des individus. En intégrant des services comme l’authentification numérique et le service électronique «know-your-customer» (eKYC), le projet vise à établir une plateforme numérique moderne pour vérifier l’identité des citoyens de manière dématérialisée. Une initiative qui marque une étape majeure vers la modernisation des systèmes d’identification et de protection sociale au Maroc.
Risques identifiés
L’analyse de la Banque mondiale souligne les avantages majeurs pour les citoyens marocains, notamment l’amélioration de l’accès aux services sociaux pour les ménages pauvres et vulnérables. Cependant, certains risques sociaux doivent être pris en compte. Des catégories comme les personnes illettrées, celles sans accès à Internet ou celles ayant une faible littératie numérique pourraient être potentiellement exclues des avantages du projet.
La Banque mondiale souligne également les risques liés à la protection des données personnelles, nécessitant des mesures robustes pour garantir la confidentialité et la sécurité des informations sensibles. Sur le plan environnemental, l’analyse reconnaît des risques modérés.
L’augmentation de l’utilisation des dispositifs électroniques pour l’enregistrement et la gestion des identités pourrait générer des déchets électroniques. La Banque mondiale insiste sur l’importance d’une gestion appropriée de ces déchets pour minimiser leur impact environnemental. Elle souligne également les procédures de gestion durable des déchets électroniques déjà en place au sein du ministère de l’Intérieur marocain.
Formation indispensable
La mise en œuvre du projet sera assurée par une unité de gestion au sein du ministère de l’Intérieur. Cependant, cette unité doit encore renforcer ses capacités en matière de gestion des risques environnementaux et sociaux. Des points focaux dédiés à la gestion environnementale et sociale seront désignés pour suivre la mise en œuvre des mesures d’atténuation des impacts.
En outre, une formation sur la gestion des risques sociaux et environnementaux, incluant l’engagement des parties prenantes et le mécanisme de gestion des plaintes, sera dispensée pour garantir une mise en œuvre efficace du projet.
Pour rappel, la Banque mondiale a approuvé en juin un financement additionnel de 350 millions de dollars destiné à accentuer et amplifier les activités du Projet de réponse d’urgence de la protection sociale face à la covid au Maroc, en complément du programme initial de 400 millions de dollars approuvé et décaissé en 2020.
Banque mondiale
«Certains groupes, tels que les personnes analphabètes, les personnes analphabètes numériquement ou celles qui n’ont pas accès à Internet, peuvent être potentiellement exclues des prestations. Le risque d’exclusion peut être encore exacerbé par des efforts de communication publique inefficaces ou inadéquats. En outre, il existe un risque de violation des données personnelles»
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO