Fès/tourisme : une nouvelle vie pour la place Boujloud ?
Le Conseil de la Région de Fès-Meknès mobilise une enveloppe de 8,5 MDH pour la valorisation de la place Boujloud. L’utilisation actuelle de ce lieu mythique, en tant que parking ou marché informel de marchandises diverses, nuit à sa vocation culturelle.
Le programme de développement régional (PDR) Fès-Meknès 2020-2022 a reconnu la vocation touristique de la ville de Fès et a fait du développement de ce secteur l’une de ses priorités. Dans ce cadre, le contrat programme État-Région a prévu le financement d’un certain nombre de projets à fort impact touristique et culturel, notamment la place Boujloud.
Pour rappel, cette dernière était très animée, il y a quelques années, à l’instar de la place Jemaa El Fna de Marrakech, avec une forte animations et des spectacles divers. Aujourd’hui, les responsables de la région ambitionnent d’ériger à nouveau ce site touristique en un haut lieu d’animation de la ville. C’est ainsi que le Conseil de la Région a mobilisé une enveloppe de 8,5 MDH pour sa revalorisation.
Ce projet consiste en la réhabilitation des différentes composantes de l’espace public (aménagements de surface, compositions végétales, mobiliers urbains, superstructures basses éventuelles et éclairage), selon une approche privilégiant l’harmonie générale des structures existantes.
En tant qu’espace public central, la place Boujloud devrait jouer le rôle de vitrine culturelle et artistique, témoin de la richesse historique de la capitale spirituelle du Royaume. Elle occupe, en effet, un emplacement stratégique par rapport à la Médina dont elle assure la jonction avec deux autres entités, Fès el Bali et Fès Jdid. À noter que la place et la porte Boujloud sont situées dans le quartier du même nom, ce lieu touristique qui se situe entre les quartiers Fès-Jdid et My Abdellah d’une part et Batha d’autre part.
Il s’agit d’une place spacieuse, entourée des remparts de la ville et accessible à partir de la porte bleue, en venant de la Médina. Elle est mitoyenne d’autres sites importants, comme le prestigieux lycée My Driss, le jardin Jnane sbil ou encore la mosquée Boujloud.
Cette place, qui a ét un élément phare dans l’histoire de la capitale spirituelle, a fait l’objet de scénarios et de stratégies de sauvegarde multiples en raison de la complexité des éléments qui la composent. Aujourd’hui, la place Boujloud apparaît comme un lieu peu attractif et non fonctionnel. Elle souffre d’un manque de dynamisme et se caractérise par l’occupation illégale du domaine public (stationnement anarchique de voitures, quasi-absence de mobilier urbain et kiosques non encore fonctionnels).
L’utilisation actuelle de ce lieu mythique, situé en face de Bab Kasbat Nouaren, en tant que parking ou marché informel diverses marchandises, nuit à sa vocation culturelle. On y relève aussi, en dépit des différentes restaurations, des dégradations, au niveau des murailles, dues aux remontées capillaires et aux fuites des eaux. Rappelons que cette place a subi diverses transformations, en passant d’une place fermée limitée par la muraille, à une place ouverte aux voitures et aux autres véhicules.
Jusqu’en 2003, elle était traversée par une trame de voirie où venaient stationner les bus, les taxis et autres véhicules de cargo. Quant aux espaces résiduels, ils servaient de marchés aux puces. En 2005, un aménagement a été réalisé en dégageant une plateforme libre de toute occupation. Cependant, cette opération a privilégié le traitement minéral sans aucune introduction végétale ou architecturale apparente. Des gradins ont été réalisés sur la partie élevée au nord de la place ainsi qu’une dizaine de plateformes équipées pour recevoir des kiosques. Malgré ces efforts, la place est aujourd’hui délaissée et a perdu de son charme, d’où l’urgence d’une action de remise en valeur.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO