Fès-Meknès/Artisanat : la tutelle se penche sur la préservation du patrimoine judéo-marocain

Après plusieurs mois d’encadrement continu des artisans pour la création d’objets artisanaux Judaica à identité marocaine, le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire a donné, lundi 20 juin, à Fès, le coup d’envoi d’une exposition itinérante pour la célébration du patrimoine judéo-marocain. 

C’est une première au Maroc. Le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, la Fondation Mohammed V pour la solidarité, la Chambre d’artisanat de la Région Fès-Meknès et l’association Mimouna ont conclu un cycle de formations offert à un groupe d’artisans des villes de Fès, Rabat, Salé, Sefrou, Meknès, Safi et Essaouira pour leur transmettre les savoirs relatifs aux objets de design liés à l’art et au culte juifs.

Cette formation sera suivie d’une exposition itinérante intitulée: «Notre patrimoine juif. Les artisans vous racontent». Le cycle des formations, lancé par les partenaires, nourrit plusieurs ambitions sociales, patrimoniales et économiques.

Notamment, la transmission aux artisans des savoirs ancestraux liés au patrimoine juif et leur intégration dans une dynamique économique qui leur sera favorable, l’offre à la fois d’un nouveau regard et d’une continuité au design judéo-marocain par la participation à la sauvegarde des métiers artisanaux en voie de disparition.

Et aussi offrir un produit adéquat aux juifs marocains et touristes israéliens, que le Royaume reçoit en grand nombre ces derniers temps, d’un côté, et en s’ouvrant sur un nouveau marché international par une recherche de commandes pour les artisans afin d’assurer la pérennité de leurs savoirs et métiers.

«C’est une démarche volontariste et motivée qui marque l’histoire de notre patrimoine judéo-marocain et qui vise la patrimonialisation et la valorisation de ce savoir-faire immatériel ancestral», précisent les responsables de la formation.

La formation ainsi que le suivi ont été assurés par Devorah Michael, experte en objets Judaïca de New York, Meriam Ghandi, architecte et designer marocaine experte en design lié à l’artisanat marocain, et Zhor Rhihel, conservatrice du Musée juif de Casablanca.

Les formatrices ont animé plusieurs présentations sur les fêtes juives, les articles de Judaïca ainsi que les nouvelles tendances en matière de design dans l’artisanat. Après un encadrement continu de plusieurs mois et un suivi et accompagnement des partenaires, les artisans marocains ont donné naissance à une collection d’objets intéressants, curieux et fédérateurs d’émotions qui contribuera à la séduction de la demande nationale et étrangère sur les produits artisanaux.

D’où l’idée d’organiser cette exposition qui fera sa première escale dans la ville de Fès, du 21 au 25 juin, à la Fondation Mohammed V, au Centre de Formation et de qualification dans les métiers de l’artisanat, et qui sera l’occasion de célébrer et de partager les créations d’objets artisanaux Judaïca à identité marocaine.

Pour un héritage commun à tous les Marocains

Mimouna est une association culturelle à but non lucratif créée en 2007, à Ifrane, par de jeunes étudiants musulmans désireux de promouvoir et de préserver l’héritage judéo-marocain.L’association a, depuis, étendu ses activités au niveau national afin de s’engager de manière dynamique dans l’éducation de la jeunesse marocaine au patrimoine juif marocain.

Le nom «Mimouna» symbolise un héritage commun à tous les Marocains. Traditionnellement célébrée à la fin de Pessah, la Pâque juive, la Mimouna est une fête typique aux juifs du Maroc. Les familles juives invitent leurs voisins musulmans qui, entre autres, apportent du pain pour se joindre aux festivités.

L’un des principes fondateurs de l’association Mimouna, en tant qu’association citoyenne et patriote, est de préserver et renforcer l’identité marocaine plurielle.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO