Maroc

Fermeture de huit villes : les compagnies aériennes dans le flou

Le gouvernement a pris la surprenante décision d’interdire les déplacements de et vers huit villes. De quoi chambouler le déplacement terrestre des Marocains à la veille de l’Aid Al-Adha. Du côté des compagnies aériennes, c’est le flou total.

Une colère noire et des embouteillages sans fin réduisant fortement la vitesse de circulation des véhicules sur l’axe Casablanca-Rabat. Une scène presque apocalyptique, nous a été donné à voir sur les médias et les réseaux sociaux suite à la décision des autorités marocaines d’interdire les déplacements de et vers huit villes du pays dont Casablanca, Marrakech et Tanger. Annoncée dimanche pour entrer en vigueur dès lundi à 00h00, la restriction des déplacements intervient à quelques jours de Aïd al-Adha, une fête traditionnellement marquée par des réunions familiales. Une décision que beaucoup de Marocains, pris au dépourvus, déplorent. Une seule consolation: sont exclues de celle-ci -qui concernent, outre la capitale économique, Marrakech, Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Berrechid et Settat- les personnes à besoins médicaux urgents, les personnes travaillant dans les secteurs public et privé munies d’ordres de mission délivrés par leurs responsables, à condition d’obtenir une autorisation spéciale de déplacement délivrée par les autorités locales. À noter que cette interdiction ne s’applique pas au transport de marchandises et des produits de base qui se déroule dans des conditions normales et fluides pour satisfaire les besoins quotidiens des citoyens. Mais tout porte à croire que l’impact sera douloureux, d’autant plus que les autorités n’ont pas précisé la date de rétablissement des déplacements de et vers ces lieux fermés depuis lundi. Ayant chamboulé le déplacement terrestre des Marocains, cette décision entrave aussi le déplacement des voyageurs par voie aérienne. C’est aussi bien un casse-tête pour les voyageurs domestiques que pour les voyageurs venant de l’étranger, notamment celles et ceux qui doivent atterrir à Casablanca avant de regagner leur destination finale, hors de la capitale économique.

Sans le moindre détail
C’est le flou total du côté des compagnies aériennes. Jusqu’à maintenant, celles-ci n’ont pas été avisées des procédures à suivre avec les passagers suite à la restriction des déplacements. «Aucune communication n’a été faite dans ce sens pour savoir si ces restrictions concernent également les déplacements par voie aérienne», nous explique une source dans le secteur, qui regrette une absence de communication à ce propos. «Cela n’a aucun sens», déplore cette même source. Si, pour l’heure, les villes d’Agadir, Dakhla et Oujda, desservies par RAM et Air Arabia, ne sont pas fermées, elles ne peuvent accueillir que des voyageurs qui ont pour destination finale celles-ci. Il appartient au ministère du Tourisme, de l’artisanat et du transport de donner plus de détails concernant les mesures à suivre par les compagnies aériennes habilitées à procéder aux vols spéciaux, notamment Royal Air Maroc et Air Arabia, ajoute notre interlocuteur. À noter que ces deux compagnies maintiennent pour le moment tous leurs vols programmés en attendant plus de détails de la part du ministère de tutelle.

Prémices d’un durcissement
Si la fermeture de ces huit villes en a surpris plus d’un, elle était presque prévisible. Elle intervient, certes, à quelques jours de l’Aïd al-Adha, mais aussi dans un contexte particulier marqué par la «hausse considérable» des cas de contamination au nouveau coronavirus ces derniers jours, alors que la troisième phase du plan de déconfinement progressif a été activée récemment. Avec un nouveau record de cas de Covid-19 depuis le début de la pandémie et un bilan quotidien à la hausse, «le reconfinement peut être décidé à tout moment», a d’ailleurs déclaré ce week-end le ministre de la Santé. Le nombre total de cas officiellement enregistrés dans le pays est de 20.278, dont 313 décès. Samedi, Khalid Ait Taleb a également appelé à «éviter les visites inutiles et les contacts physiques et à veiller au respect des mesures de prévention lors des rassemblements familiaux» pendant la fête du sacrifice, prévue le 31 juillet. Pour autant, ce contexte qui s’impose au gouvernement justifie-t-il réellement la surprenante décision d’isoler huit grandes villes du pays ?

Attention aux zones de turbulence

Nombreux sont les Marocains qui risquent d’annuler leurs vols, faute d’informations détaillées, et le plus rapidement possible, à propos de l’isolement des villes susmentionnées, donnant ainsi du fil à retordre aux deux compagnies, Royal Air Maroc (RAM) et Air Arabia, les seules à être autorisées à effectuer des vols spéciaux de et vers le Maroc. Un coup dur qui pourrait affecter les plans de reprise des deux transporteurs, lesquels, commençaient pourtant à reprendre du poil de la bête après plusieurs mois cloués au sol. Air Arabia Maroc, leader du transport aérien à bas coût dans la région, a annoncé avoir lancé, récemment, un programme de vols spéciaux entre Paris et Agadir. Ces vols s’effectuent à raison de deux allers-retours par semaine, le dimanche et mercredi. Un programme qui vient ainsi s’ajouter à une série de vols pour de nombreuses destinations. Idem pour la Royal Air Maroc qui a annoncé le renforcement, il y a quelques jours, de son programme de vols domestiques avec notamment le rétablissement de la ligne Casablanca-Nador à raison de deux fréquences par semaine et de dix par semaine sur la ligne Casablanca-Dakhla, avec un réseau domestique totalisant désormais 13 liaisons et 56 fréquences par semaine.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco



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