Faux guides chinois: la réaction du ministère sera-t-elle efficace ?
Le ministère du Tourisme a envoyé une circulaire aux responsables des agences de voyages organisant des programmes pour les touristes chinois, les intimant, avec un ton ferme, de respecter le cahier des charges concernant les touristes chinois.
Depuis l’annulation en 2016 du visa pour les touristes chinois, le pays a connu à la fois une affluence des touristes chinois ainsi que de leurs compatriotes malveillants qui semblent tout faire pour accumuler leurs profits, en nuisant au tourisme du royaume et à sa biodiversité. LesEco.ma avait, mis la lumière, il y a quelques mois, sur ce phénomène jusqu’alors ignoré. Face au préjudice que ce phénomène porte au tourisme national, ainsi qu’aux professionnels marocains du secteur qui se font spolier les bénéfices du secteur par ces agences chinoises, le ministère du Tourisme a envoyé une circulaire aux responsables des agences de voyages organisant des programmes pour les touristes chinois, leur demandant de respecter le cahier des charges les concernant.
Dans cette circulaire, le ministère s’adresse, avec un ton ferme, aux patrons des agences de voyages les invitants à désigner un guide touristique marocain pour accompagner les groupes de touristes chinois dans les visites des sites et monuments historiques. Les agences ne respectant pas le cahier des charges se verront définitivement retirées de la liste des agences de voyages accréditées pour l’organisation du marché du tourisme chinois.
Optimisme des professionnels du tourisme
La question se pose sur l’efficacité d’une pareille mesure, sachant que ce ne sont pas des agences marocaines qui emploient des faux guides chinois, mais bien des agences clandestines chinoises, opérant depuis la chine et des sites web chinois, se faisant même payer sur leurs comptes bancaires chinois afin d’éviter le contrôle du ministère des Finances. La nouvelle décision du ministère parviendra-t-elle à étouffer ce phénomène ?
Les professionnels du secteurs accueillent cette décision avec optimisme. Selon un guide touristique national opérant auprès des touristes chinois, cette mesure est une bonne initiative, qui permettra de réguler le marché chinois du tourisme au Maroc, à la condition qu’elles soient mises en application. Cela signifierait que les groupes de touristes chinois non-accompagnés par des guides marocains seront désormais interpellés et contrôlés. Demeure toutefois un hic selon ce professionnel : le manque en guides maîtrisant la langue chinoise, selon les chiffres du ministère il n’existe qu’une quarantaine de guides nationaux parlant chinois, et seule une vingtaine ont un niveau très élevé en mandarin.
Ce manque peut être comblé par des traducteurs accompagnant des guides ne maitrisant pas la langue chinoise. La circulaire du ministère permet d’ailleurs cela en cas de non-disponibilité d’un guide parlant chinois. Selon le guide que nous avons contacté, le ministère doit veiller à combler ce vide en ouvrant plus de postes, et ainsi en organisant plus de concours, mais aussi, en formant les guides nationaux. En effet, ce professionnel nous souffle qu’après le premier (et seul) concours pour recruter des guides parlant le mandarin en 2018, le ministère avait promis une formation de deux mois aux nouveaux guides, qui n’a jamais eu lieu. Ainsi, même maîtrisant le chinois, certains guides doivent s’autoformer au métier, à défaut d’une formation du ministère.
Selon notre contact, la meilleure manière d’en finir avec le phénomène des faux-guides chinois et d’employer de plus en plus de guides marocains maîtrisant la langue chinoise, que de plus en plus de Marocains commence à maîtriser, qu’ils étudient dans les universités chinoises ou dans les instituts chinois au Maroc. D’autant plus que les faux-guides chinois opèrent sous prétexte que leur langue n’est pas courante au Maroc, la multiplication du nombre de guides marocains effacera celui des clandestin chinois ajoute ce guide ayant préféré gardé l’anonymat à LesEco.ma.
Achraf El Youbi, autre guide touristique parlant le mandarin, partage le même optimisme. Ce professionnel du secteur mentionne d’ailleurs les actions accomplies dernièrement pour combattre ce phénomène, dont l’arrestation de plusieurs faux-guides chinois. Cette circulaire du ministère constitue pour ce guide une action qui sera efficace contre les groupes de chinois malveillants, qui ont longtemps porté préjudice à à la profession, dans ce sens que près de la majorité des guides nationaux parlant chinois se retrouvaient sans activité à cause des faux-guides, alors que grâce aux dernières actions du ministère, les guides marocains connaissent de plus en plus d’offres et d’activités, note le guide, marquant ainsi l’efficacité des mesures prises par le ministère.
La barrière linguistique ne constitue pas un handicap selon lui, «les tourleaders» chinois des groupes de touristes chinois étant obligés de maîtriser au moins le français ou l’anglais, rendant ainsi la communication des guides non-chinois avec le reste du groupe plus facile. Toutefois, le ministère doit continuer à poursuivre et blacklister les Chinois impliqués dans des activités illégales.