Maroc

Faut-il relancer le processus de privatisation ?

Pour notre sondage online hebdomadaire, 25% des 849 participants ont estimé qu’il faut relancer le processus de privatisation. À l’opposé, 75% des internautes Flm ont estimé qu’une telle relance n’est pas opportune. En effet, ceux qui ont voté oui, adhèrent certainement à l’argumentaire du ministère des Finances qui a défendu le bilan des privatisations dans le cadre de la préparation du Budget 2018. Ainsi, entre 1993 et 2006, l’État a récolté près de 103 MMDH de recettes car 51 sociétés et 26 établissements hôteliers ont été transférés au secteur privé. Au passage, par le terme État, nous évoquons le Trésor ainsi que les comptes spéciaux.

De plus, au-delà des recettes financières, ces opérations de privatisation ont permis de libéraliser et de dynamiser certains secteurs comme les télécoms et le tabac. Aussi, les privatisations ont permis la stimulation des investissements privés et le bénéfice de partenariats stratégiques. Sur un autre registre, la finance marocaine a doublement bénéficié des privatisations. Ainsi, selon le gouvernement, les privatisations ont dynamisé la Bourse dont la capitalisation a été multipliée par 100 avec un bon parcours boursier des sociétés introduites à la cote. De plus, un pan des services financiers s’est développé, au niveau du conseil, de l’évaluation, de l’audit et du placement.

En particulier, ce sont les privatisations qui ont stimulé la naissance des banques d’affaires modernes dans les années 90. Aussi, la dernière opération de privatisation de Marsa Maroc a été réussie car l’État a récupéré près de 2,8 MMDH de recettes entre le montant de la cession et les dividendes versés avant la cotation. Mieux, avant la cotation, la participation de l’État valait 4,77 MMDH contre près de 6,6 MMDH actuellement, ce qui donne une bonne plus-value latente. Par ailleurs, avec l’aide de consultants, une refonte du cadre légal des privatisations, sera opérée avec trois objectifs : gestion active du portefeuille public, amélioration des délais et meilleur ciblage. En particulier, l’État souhaite arbitrer entre les nouveaux investissements et les opportunités de désengagement. De même, un programme spécifique est préparé pour les participations minoritaires non stratégiques.

Pour ceux qui sont opposés aux privatisations, nous pouvons penser à la perte de contrôle public dans certains secteurs stratégiques comme les phosphates, le transport aérien, l’énergie ou les services postaux. De plus, certains investisseurs peuvent être trop opportunistes en retardant certains investissements stratégiques comme dans le cas de la Samir. De même, ils peuvent faire un montage à la LBO, en cherchant à retirer le maximum de cash avant de revendre les sociétés rachetées. Ce fut en partie le cas avec ABB dans JLEC ou de Vivendi avec IAM. Notons enfin que le potentiel financier est énorme car les EEP (entreprises et établissements publics) vont générer en 2017 un CA de 232 MMDH pour une valeur ajoutée de 79 MMDH (7% du PIB). De même, le résultat d’exploitation est attendu à 34 MMDH pour un résultat net de 8,4 MMDH. En incluant les pertes, le résultat net est de 5,8 MMDH contre 6,6 MMDH en 2016.  


Farid Mezouar
DG de FL Market

Les Inspirations ÉCO : Comment estimer les recettes potentielles des privatisations ?
Farid Mezouar : C’est assez difficile comme exercice en l’absence de données détaillées, société par société. Toutefois, à la louche, nous pouvons évoquer une estimation de la valeur globale à 1.213 MMDH, vu que selon les chiffres disponibles, les fonds propres agrégés sont de 537 MMDH, avec un P/B de 2,7 du marché boursier et une dette nette de 237 MMDH. Ainsi une cession potentielle de 10% des participations peut nous amener un chiffre indicatif et théorique de 120 MMDH.

Quelle est la philosophie des privatisations ?
Tout d’abord, pour une concurrence pure et parfaite, l’État n’est pas censé concurrencer le privé dans des secteurs marchands, vu qu’il bénéficie de la force régalienne. Ainsi, l’idéal pour l’État est de se désengager des secteurs marchands où le privé peut prendre la relève, pour se concentrer sur les missions de service public. Par ailleurs, les recettes des privatisations sont une bouffée d’oxygène quand elles sont utilisées pour le désendettement et/ou le financement de nouveaux investissements à forte valeur ajoutée.  



Informel : derrière les chiffres du HCP


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page