Exercice illégal de la médecine. Dentistes et prothésistes sous tension
Le retard de l’entrée en vigueur de la loi 25-14 relative à l’exercice des professions de préparateur et de manipulateur des produits de santé, fait encore du bruit. Après la bataille née entre ophtalmologues et opticiens, où les médecins souhaitent enlever aux opticiens le droit de pratiquer de la réfraction, qui est un acte purement médical. Une bataille du même genre est livrée aujourd’hui entre dentistes et prothésistes, pour exercice illégal de la médecine.
Un premier communiqué publié par l’Ordre national des médecins dentistes (ONMD) vient de dénoncer des pratiques dangereuses des prothésistes, qui dépassent le cadre de leur métier, frôlant ainsi celui de la pratique médical avec la mise en danger des citoyens. “Chaque année annonce son bilan de victimes des charlatans qui, sans aucun respect des lois, mettent en danger la vie des citoyens marocains. La mort, les graves maladies, le handicap, la défiguration…semblent ne pas provoquer de remords chez ces « dentistes », mécaniciens dentaires, ingénieurs dentistes, techniciens dentistes, denturologues, arracheurs de dents, fabricants de dents…Usant de titres fallacieux et d’enseignes trompeuses, ils risquent aujourd’hui de continuer ce massacre si le projet de loi n°25-14 venait à être modifié durant son passage par la Chambre des conseillers”, explique ledit-communiqué.
Contacté par LesECO, Mohamed Sdira, président de l’ONMD rappelle les limites qui recadrent les métiers de prothésistes, ou appelés communément “techniciens dentaires” et dénonce ainsi une pratique “qui se cache derrière des (supposées) conséquences sociales pour aboutir à la reconnaissance et la normalisation d’une fausse profession scientifique”.
“Seul un médecin dentaire se dote des acquis nécessaires, à travers une formation étalée sur six ans pour effectuer des soins dentaires. Le prothésiste doit uniquement fabriquer des prothèses suivant la demande du dentiste. En aucun cas, un prothésiste ne doit toucher au patient”, fustige Mohamed Sdira.
3.300 faux médecins exercent illégalement la médecine dentaire au Maroc, selon l’ONMD qui tire la sonnette d’alarme et appelle à une entrée en vigueur rapide de l’article 25-14, en maintenant le texte de loi tel qu’il est sans le moindre changement. Toutes les pressions exercées par les syndicats des prothèses sur la Chambre des conseillers doivent être rejetées pour protéger la santé du citoyen, explique ainsi le président de l’ONMD.
Le dossier revendicatif des dentistes a ainsi été étudié avec le ministère de tutelle, qui appuie la position des médecins et appelle à un maintien total du texte de loi qui interdirait tout exercice d’acte médical par les techniciens dentaires.
Demain, mercredi 3 juillet, se tiendra une réunion de la commission de la Chambre des conseillers pour trancher sur ce texte de loi qui stagne depuis trois ans.
“Nous essayons de trouver un terrain d’entente en attendant l’entrée en vigueur de la loi 25-14. Ceci dit la situation devrait s’améliorer prochainement et nous souhaitons ne pas être dans l’obligation de passer à la vitesse supérieure. L’intérêt du citoyen prime, il faut arrêter de retarder les prises de décisions susceptibles de sauver plusieurs patients”, déclare le président de l’ONMD.