Enseignement : les étudiants en médecine mettent fin à onze mois de boycott
Après un bras de fer historique entre les étudiants en médecine et le gouvernement, un accord a finalement été trouvé. Grâce à la médiation de l’Institution du Médiateur du Royaume, les étudiants reprendront les cours après pratiquement un an de mobilisation pour défendre la qualité de leur formation. Retour sur une crise qui a marqué les esprits ainsi que sur son dénouement attendu.
Les étudiants regagneront enfin les bancs de la faculté. Après onze mois de mobilisation intense, marqués par un boycott complet des cours et des examens, les étudiants en médecine ont officiellement mis fin à leur grève. C’est un soulagement non seulement pour les étudiants eux-mêmes, mais aussi pour les facultés de médecine et de pharmacie, dont l’activité était presque totalement paralysée depuis décembre 2023. Ce dénouement, rendu possible grâce à l’intervention de la Fondation du Médiateur du Royaume, marque la fin d’une impasse qui risquait de compromettre l’avenir de centaines d’étudiants dans les domaines de la santé.
Un accord salué par toutes les parties
Dans un communiqué publié le 8 novembre, la Fondation du Médiateur a annoncé la réussite de son intervention, aboutissant à un accord entre les étudiants et le gouvernement. Cette médiation, saluée par le Comité national des étudiants en médecine, pharmacie et dentisterie (CECM), a permis d’instaurer un dialogue apaisé et constructif entre les différentes parties prenantes.
«Un règlement qui a abouti au retour des étudiants dans leurs salles de classe et de formation clinique, mettant fin à toutes formes de protestation», souligne le communiqué de la Fondation.
Cet accord garantit, entre autres, le maintien d’un cursus sur sept ans pour les étudiants actuellement inscrits, à l’exception de ceux de première année, permettant ainsi une transition plus en douceur. La mobilisation des étudiants en médecine a pris une ampleur inédite dans le paysage universitaire national. Depuis décembre 2023, ces derniers avaient entamé une grève ouverte pour protester contre une réforme qui réduisait la durée de formation de sept à six ans. Cette réduction était perçue comme une menace pour la qualité de l’enseignement et de l’encadrement pratique, déjà fortement critiqués.
Le CECM rappelle dans son communiqué que ce mouvement, «le plus long de l’histoire mondiale», a exigé des étudiants une détermination sans faille. Ils ont affronté des pressions de toutes parts, dont des arrestations et comparutions en justice, tout en demeurant unis dans leurs revendications.
Des concessions importantes
Le nouvel accord inclut des concessions majeures. En plus du maintien du cursus de sept ans pour la majorité des étudiants, le ministère de l’Enseignement supérieur a également accepté d’améliorer leurs conditions de formation pratique. Les étudiants en médecine dénonçaient depuis des années la surcharge dans les hôpitaux universitaires et une rémunération insuffisante pour les stagiaires.
Le président du Comité des étudiants exprimait déjà en 2023 que «21 dirhams par jour pour un étudiant en stage, c’est insuffisant».
Cette situation, couplée à l’augmentation du nombre d’étudiants dans les amphithéâtres, a longtemps été un sujet de préoccupation pour les futurs médecins, inquiets de ne pas bénéficier d’une formation adéquate. L’aboutissement de cet accord résulte d’une médiation cruciale.
La Fondation du Médiateur a œuvré pour instaurer un climat de confiance entre le gouvernement, les facultés et les représentants des étudiants, dans une coordination exemplaire. En saluant «la grande réaction et l’interaction positive» des différents acteurs impliqués, la Fondation a souligné l’importance du dialogue dans la résolution des conflits, un message qui fait écho à l’appel de nombreux acteurs de la société civile, de la communauté médicale et des familles concernées.
Vers un avenir apaisé ?
Au-delà des salles de cours, cette crise a eu des impacts profonds sur le système de santé du pays. La rareté des étudiants dans les hôpitaux universitaires a alourdi la charge de travail des médecins en poste, engendrant des retards dans la prise en charge des patients et une dégradation de la qualité des soins. Les experts en santé publique ont exprimé leur inquiétude face aux conséquences de ce boycott sur le système de santé, déjà en proie à une pénurie aiguë de médecins.
Ce contexte rend la reprise des cours d’autant plus cruciale pour assurer la formation des futurs professionnels de santé. Si l’accord marque la fin d’un conflit long et éprouvant, les enjeux restent importants pour l’avenir de la formation médicale dans le pays. La Fondation du Médiateur du Royaume a exhorté toutes les parties à poursuivre un dialogue serein, basé sur la confiance et la bonne foi.
«Ce qui a été convenu doit être mis en œuvre dans l’intérêt de la formation médicale et de l’université publique», rappelle le communiqué.
Cet appel met en avant la nécessité de maintenir des relations stables et constructives pour éviter de nouvelles crises et afin de répondre aux défis auxquels fait face le secteur de la santé au Maroc.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO