Maroc

Enseignement : L’adéquation entre formation et emploi, principal enjeu de la rentrée

 

S’il y a un dossier d’actualité brûlante qui préoccupe les Marocains et trône à la tête des agendas politiques, c’est bien celui de la réforme de l’enseignement qui tarde à porter ses fruits.

À chaque rentrée scolaire et universitaire, le même vieux débat est relancé quant à la qualité et l’efficience de l’actuel système d’éducation. Secteur budgétivore, l’enseignement engloutit environ 25% du budget de l’État et constitue donc son premier poste de dépense. Malencontreusement, les performances sont sensiblement en-deçà des ressources allouées. Taux élevé de décrochage scolaire, notamment en milieu rural et parmi les filles, inégalités socio-spatiales dans l’accès à l’éducation, classes surchargées et sous-équipées, faible maîtrise des langues, taux de chômage alarmant parmi les jeunes diplômés…Les maux de l’enseignement sont aussi nombreux que compliqués et il semble que les différents programmes et stratégies mis en place n’ont toujours pas apporté le remède efficace contre ces maux.
 
Le discours que le roi Mohammed VI a adressé à la nation à l’occasion du 65e anniversaire de la révolution du roi et du peuple a tiré la sonnette d’alarme sur les failles d’un système éducatif devenu «une machine à fabriquer des légions de chômeurs». En effet, le discours royal a mis le doigt là où le bât blesse, en insistant sur la nécessité d’assurer une meilleure adéquation entre formation et emploi car dans sa configuration actuelle, le système éducatif marocain a failli à sa mission principale, à savoir dispenser aux jeunes une formation de qualité censée leur ouvrir les portes du marché de l’emploi et favoriser leur intégration socio-professionnelle.
 
Or, des cohortes de chômeurs sont éjectées par le système à la fin de chaque année universitaire. Et paradoxalement, les détenteurs d’un diplôme sont plus affectés par le chômage que les non diplômés (17,9% contre 3,8%), selon des chiffres du Haut-commissariat au plan publiés en février.
 
Pour rectifier le tir, le discours royal du 20 août a souligné l’impératif de donner la priorité aux spécialités qui permettent de trouver un emploi et d’instaurer un système efficace d’orientation précoce au niveau de la deuxième ou de la troisième année précédant le baccalauréat.
 
D’autre part, le roi a invité le gouvernement à revoir en profondeur les spécialités de la formation professionnelle pour qu’elles répondent aux besoins des entreprises et du secteur public et à mettre en place au niveau de chaque établissement un programme obligatoire pour la mise à niveau des étudiants et des stagiaires en langues étrangères.
 
Selon le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Khalid Samadi, l’adaptation de la formation aux besoins du marché du travail est un chantier prioritaire de son département.
 
Une série de mesures ont été prises dans ce sens, indique-t-il dans une déclaration à la MAP, citant la valorisation des filières de médecine, d’ingénierie, de commerce et de gestion (établissements à accès limité) qui se verront octroyer 30% des sièges pédagogiques à partir de la rentrée universitaire 2018-2019, contre 20% auparavant.
 
Cette rentrée sera également marquée par le lancement au niveau de tous les établissements universitaires d’une nouvelle licence en sciences de l’éducation qui devrait faciliter l’insertion professionnelle des lauréats des établissements à accès ouvert, particulièrement touchés par le chômage, explique Samadi.
 
Et pour renforcer la maîtrise des langues, conformément aux hautes orientations royales, les établissements universitaires seront désormais tenus de dispenser des cours de mise à niveau linguistique d’une durée de 6 mois à leurs étudiants, souligne le secrétaire d’État.
 
Autant de mesures qui, adossées à une vision claire, une stratégie bien articulée et des objectifs chiffrés, devraient contribuer à réduire le hiatus séparant le monde de l’université de celui du travail et permettre au système d’éducation et de formation de s’acquitter de sa mission première, celle de former des jeunes citoyens actifs, épanouis et aptes à servir leur pays et leur communauté.
 


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