Enseignement à distance. Le Maroc de 1.0 à pays 4.0

La pandémie liée au coronavirus est une «aubaine» pour l’éducation en ligne appelée aussi «l’enseignement à distance». Plus ou moins à la traîne dans ce domaine, en quelques jours seulement, le Maroc a rattrapé plusieurs années de retard passant ainsi de pays 1.0 à pays 4.0. Et les initiatives y sont pour quelque chose.
Malgré la fermeture des écoles, les élèves continuent de suivre leurs cours grâce notamment au dispositif à distance mis en place par le ministère de l’Éducation nationale (voir p.14&15). Il s’agit, rappelons-le, de la plateforme TelmidTice. Accessible depuis les liens telmidtice.men.gov.ma et soutiensco.men.gov.ma et la chaîne TV Attakafiya (arrabiya), elle propose des cours filmés ou résumés en vidéos avec ou sans professeurs. S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur la performance de ce dispositif, les premières remarques sont plutôt encourageantes. Et c’est d’autant plus intéressant qu’à côté de la plateforme ministérielle, plusieurs initiatives privées relevant essentiellement des missions étrangères ont vu le jour. Pour celles-ci, il s’agit principalement de grandes écoles installées dans les grandes villes du pays.
En parallèle, d’autres initiatives privées de moindre ampleur sont venues renforcer le dispositif de l’État visant à garantir la continuité pédagogique et l’apprentissage scolaire pour tous les apprenants au moyen de ressources numériques. C’est le cas de la plateforme dorossonline.ma qui n’est pas née de la dernière pluie. La nouveauté avec ce portail c’est qu’il est ouvert à tout le monde gratuitement le temps de la crise sanitaire mondiale. «L’idée de lancer cette plateforme est née en 2017, deux ans après mon implantation au Maroc où j’ai ouvert un centre de soutien scolaire en présentiel suite au constat que le Maroc était le pays le plus en retard en termes d’éducation, en comparaison des pays voisins mais également de par mes origines marocaines», explique le fondateur du site Jamel Ouazhir. Avec les cours en présentiel, poursuit-t-il, nous nous sommes rendu compte qu’entre deux séances, nos élèves du centre étaient livrés à eux-mêmes et ne faisaient rien d’intéressant. «Nous avons donc pensé au développement des cours et exercices en vidéos/fiche de cours/QCM de mathématiques, physique, chimie, SVT, français, anglais pour les classes du collège et du lycée afin de combler ce vide étant donné que les cours sont accessibles 24h/24 et 7j/7 depuis la plateforme www.dorossonline.ma», a-t-il souligné avant d’ajouter qu’aujourd’hui, étant donnée la situation de confinement actuelle, «nous avons mis en place l’accès gratuit et illimité à tous les élèves du Maroc».
Tous les contenus (cours et exercices en vidéos / fiche résumé / QCM) sont réalisés par des enseignants de l’Éducation nationale et des docteurs (PhD) grâce à un partenariat avec l’Université de Fès (USMBA). Entre 2.000 et 3.000 élèves utilisent la plateforme chaque année. «Un fort engouement s’est créé chez nos élèves. Nous continuons à développer de nouvelles matières et modules demandés par nos élèves ainsi que leurs parents», indique le lauréat du programme «MEETAfrica» qui accompagne dans ses éditions 80 entrepreneurs africains diplômés de l’enseignement supérieur français ou allemand dans la création, dans leur pays d’origine, d’une entreprise à fort caractère technologique ou porteuse de solutions innovantes, dans le domaine agricole, industriel ou de services mais aussi soutenir les capacités des pays africains partenaires à accompagner techniquement les projets de créations d’entreprises à forte valeur ajoutée portés par sa diaspora. Il est à noter que Jamel Ouazhir est aussi lauréat du programme d’accompagnement «Innov Idea», offert par R&D Maroc dans le cadre du «Fonds Innov Invest», un dispositif dédié au financement de l’amorçage et des startups innovantes mis en place par le gouvernement marocain avec l’appui de la Banque mondiale. Fort de ce riche parcours, Jamal Ouazhir veut voir encore plus grand avec sa plateforme qui devrait drainer au moins 100.000 élèves dans les prochaines années. «Nous avons la stratégie de toucher au plus près les utilisateurs par le biais de leurs écoles et par la communication. Il y a d’autres méthodes que nous déploierons à partir de la prochaine rentrée avec pour objectif de rendre encore plus accessible la plateforme», conclut-il.