Enseignement à distance: l’année scolaire sera-t-elle sauvée ?
Le risque d’une année blanche, qui inquiète parents et élèves, est exclu par le gouvernement. Selon une source au département de Saaïd Amzazi, ce scénario ne saurait être concrétisé et ce, pour deux raisons.
D’une part, 70% du programme scolaire a déjà été dispensé avant la suspension des cours et un dispositif d’enseignement à distance a été mis en place. Il ne reste donc plus que 30% du programme à finaliser, tout en comptant les deux semaines de vacances qui devaient commencer le 29 mars. Même la reprogrammation des examens n’est pas à l’ordre du jour… du moins pour le moment. Toute décision prise par le ministère prendra en considération l’intérêt des élèves et veillera à ne pas impacter leurs résultats, assure notre source.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’action du ministère de l’Éducation nationale qui est sur le pied de guerre, depuis plus d’une semaine, et qui «essaie autant que faire se peut d’améliorer le dispositif d’enseignement à distance tout au long de sa mise en place», nous confirme la même source.
D’autre part, la capacité de production des ressources numériques vient d’être augmentée. De nouveaux studios ont été créés dans deux centres dédiés à cette fin à Rabat, avec l’appui de la SNRT et de l’agence MAP qui ont mis à la disposition du ministère leurs cameramen. Les douze académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF) ont été également mobilisées pour renforcer le dispositif. Les AREF produisent, elles aussi, des cours, selon une répartition des niveaux scolaires établis par le ministère de tutelle.
Rappelons à cet égard que la priorité a été accordée, durant la première semaine, aux niveaux certificatifs (6e année de primaire, 3e année de collège et 1re et 2e années de baccalauréat). Mais désormais, tous les niveaux sont couverts. Leur diffusion est assurée sur la plateforme «Tilmid Tice» et la quatrième chaîne «Attaqafia». Et, cette semaine, des créneaux horaires sont dédiés à l’enseignement à distance sur les chaînes Al Amazighia et Laâyoune.
La machine est en marche en dépit des couacs du démarrage et du défi de l’accélération du rythme de production des ressources numériques pédagogiques. Comme personne ne peut prédire quand la fin de la crise interviendra, le département de tutelle essaie d’anticiper en préparant le maximum de cours. Le programme scolaire sera dispensé à distance jusqu’à la reprise des cours, même pendant les deux semaines des vacances. Objectif: laisser du temps après la reprise des cours au soutien scolaire et à la préparation des examens. C’est grâce à des enseignants volontaires que l’opération est sur les bons rails.
Après la décision du confinement sanitaire, il a été décidé de continuer les enregistrements avec les enseignants qui résident à proximité des studios, tant au niveau central que régional. Nombreux aussi sont les enseignants qui enregistrent des cours chez eux et les envoient au ministère pour publication sur la plateforme «Tilmid Tice». Le dispositif institutionnel est renforcé par des initiatives personnelles des enseignants qui dispensent des cours sur les plateformes numériques (Facebook, Skype, WhatsApp…).
En milieu rural, des enseignants préparent et impriment des cours et des exercices pour les distribuer aux élèves sur leur lieu de résidence.
Au niveau de l’enseignement privé, qui bénéficie aussi du dispositif mis en place par le ministère de l’Éducation nationale, les établissements scolaires gardent le contact avec les parents soit par l’envoi des cours et des exercices par email ou WhatsApp, soit à travers des plateformes d’enseignement à distance ou des cours interactifs. Mais il faut dire que tout le dispositif sera vain sans l’adhésion des élèves et des parents. Il s’avère difficile de s’adapter à la nouvelle situation et de gérer le suivi des cours à distance, selon Fatima, mère de deux enfants scolarisés dans des niveaux certificatifs (6e année de primaire et 1re année de baccalauréat).
«Si mon fils aîné est bien conscient de l’importance de suivre ses études à distance et de bien préparer son examen régional, ma fille, en revanche, n’arrive pas encore à s’adapter bien que son école privée ait mis en place une plateforme numérique d’enseignement. Ce qui rend ma tâche très difficile chaque jour et impacte mon rendement de télétravail», s’exclame-t-elle.
Son fils Aymen, 16 ans, qui suit ses études dans un lycée public de Rabat, se réveille chaque matin à 8h pour démarrer sa journée scolaire. «La semaine dernière, j’ai révisé mes leçons, fait des exercices et suivi des cours par WhatsApp dispensés par certains de nos professeurs. J’ai déployé beaucoup plus d’efforts que d’habitude car je suis bien conscient que cette année est décisive pour mon avenir», nous confie-t-il. Néanmoins, tient-il à signaler, ce n’est pas le cas de tous ses camarades de classe dont certains n’ont pas encore adhéré au nouveau mode d’enseignement.