Maroc

Électricité : le secteur affiche une “santé insolente” !

La production nationale d’énergie électrique s’est renforcée de 6,5% en 2021, après une baisse de 3,9% enregistrée un an plus tôt. Cette progression est due à l’amélioration de la production privée (+5,3%), de celle de l’ONEE (+11,9%) et de celle des énergies renouvelables relevant de la loi 13-09 (+ 5,2%). Le volume exporté à bondi de 36,5% alors que les importations ont chuté de 19,6%, malgré la hausse de l’énergie nette appelée de 5,6% et celle de la consommation électrique (+5,5%).

En 2021, le secteur de l’électricité a affiché une «santé insolente» qui dépasse toutes les prévisions! En effet, mieux que ce qui a été annoncé dans nos colonnes en fin janvier (Cf. Les Inspirations Eco), l’ONEE vient de révéler, via la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières du ministère de l’Économie et des finances (DEPF), que les indicateurs du secteur ont dépassé leur niveau d’avant crise. La production nationale d’énergie électrique s’est ainsi renforcée de 6,5% en 2021, après une baisse de 3,9% un an plus tôt. Une progression qui a été réalisée grâce à l’amélioration de la production privée de 5,3%, de celle de l’ONEE de 11,9% et de celle des énergies renouvelables, relevant de la loi 13-09 de 5,2%. Par rapport à fin 2019, la production d’énergie électrique s’est ainsi accrue de 2,3%. Pour ce qui est de l’export, c’est également l’embellie. Les échanges du secteur avec l’extérieur ont été, en effet, marqués à fin 2021 par une envolée du volume exporté de 36,5% (après -57,1% un an auparavant) et une baisse du volume importé de 19,6% (après +62,8%), ceci malgré trois facteurs à fort impact.

Le GME, déjà un vieux souvenir ?
Le premier que tout le monde avait, et a encore en tête, c’est la fermeture du Gazoduc Maghreb Europe (GME) fin octobre dernier. Une fermeture qui a empêché deux unités de production électrique de tourner, en l’occurrence la centrale à gaz naturel à cycle combiné (CGCC) de Aïn Béni Matar et celle de Tahaddart. Deux centrales qui ont produit 4.900 GWh d’électricité en 2020, représentant 12,25% de la production nationale qui était à 40.000 GWh. Sachant que ces deux CGCC n’ont pas fonctionné en novembre et décembre dernier, cela veut dire que l’ONEE a pu se passer de près de 817 GWh, qu’elles auraient normalement produits. Bref, la production électrique n’a pas du tout souffert de la fermeture du GME. Elle a même pu contenir deux autres facteurs très impactants, à savoir la croissance de l’énergie nette appelée et celle de la consommation électrique. En effet, malgré une évolution positive de l’énergie nette appelée de 5,6% (après -1,2%, l’an passé) et la hausse de la consommation électrique, la production nationale a tenu. Du coup, la hausse de 5,5% de la consommation d’énergie électrique au terme de 2021 (une évolution soutenue par la performance de l’ensemble des segments du secteur, notamment les ventes de l’énergie de «Très haute, Haute et Moyenne Tensions, hors distributeurs» (+9,7%), celles destinées aux distributeurs (+4,8%) et celles de basse tension (+2%), ne l’a nullement ébranlée. Par conséquent, le solde des échanges extérieurs d’énergie électrique, résultant du rapport entre les exportations et les importations, s’avère excédentaire.

387 MW supplémentaires en 2022
Hormis 2020, marquée par la crise sanitaire, c’est la seconde année au cours de laquelle le Royaume enregistré une telle performance. En effet, à fin 2021, le volume de l’énergie exportée a dépassé celui de l’énergie importée de près de 24%. En 2019, le volume exporté a représenté près de 3 fois le volume importé, alors qu’il ne représentait que 4% des importations en moyenne durant la période de 2013 à 2018. Ainsi, la part de l’énergie importée, dans le volume de l’énergie nette appelée, a été réduite à 1,7% à fin 2021 et à 1,4% à fin 2019, après avoir représenté, en moyenne, 15,7% du volume de l’énergie nette appelée entre 2009 et 2018. S’agissant de l’année 2022, l’ONEE s’est montré optimiste en matière de production électrique. À l’issue de son conseil d’administration, tenu le 16 février, sous la présidence du Chef du gouvernement, l’Office a annoncé qu’il prévoit de réaliser une capacité de production additionnelle d’électricité de 387 MW, grâce aux parcs éoliens de Taza et Boujdour. Ainsi, sur un total de puissance électrique installée, qui devrait atteindre 11.130 MW à la fin de l’année, les énergies renouvelables représenteraient une part de 40%. Cela rapproche, année après année, le Maroc de son engagement de porter la part des énergies renouvelables dans sa production électrique de 52% à l’horizon 2030.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO



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