Efficacité énergétique : Maghreb Industries, un exemple à suivre

L’unité industrielle rembourse son prêt à la BERD sur 7 ans grâce aux économies réalisées. La prime d’innovation perçue de Fintecc et une partie du délai de grâce constituent un bonus. Le système de stockage a même un payback plus rapide parce qu’il a permis à Maghreb Industries de réduire son coût de connexion au réseau ONEE.
Maghreb Industries est un exemple à suivre en matière d’efficacité énergétique. En effet, depuis la COP22, son patron, Hakim Marrakchi, est très sollicité dans les quatre coins du royaume pour présenter son modèle dans des forums, salons et conférences dédiés à la transition énergétique ou au développement des énergies renouvelables. Et si Marrakchi se prête volontiers au jeu, c’est parce que ses arguments qu’il répète à satiété font mouche auprès des patrons d’unités industrielles comme lui désirant se lancer dans le bas carbone. Selon lui, «l’ingénierie financière est en effervescence pour financer ce type de projet à travers des prêts, locations, leasing… En effet, le retour sur investissement est très rapide. Compte tenu de cela, cette option devrait être envisagée dès la conception de la construction de nouveaux sites industriels».
4.400 panneaux qui génèrent 1.400 kWc
C’est exactement ce qu’il a fait. «Nous avons pensé notre système en 2015 en même temps que nous avons élaboré les plans de l’usine, commandé les équipements en janvier 2016, installé les différents dispositifs entre juillet et décembre 2016 et les essais ont immédiatement commencé». Aujourd’hui, Maghreb Industries, c’est 12.000 mètres carrés de toiture couverts par 4.400 panneaux photovoltaïques générant une capacité de 1.400 kWc. Sa production d’électricité photovoltaïque (EPV) dépasse largement ses besoins. Avec le changement de l’heure légale, l’usine enregistre d’importants excédents d’EPV entre 11 h et 15 h ainsi que lors des jours fériés et des vacances. Malgré tout, l’usine a mis au point des dispositifs d’optimisation par un stockage et une utilisation thermodynamique de l’EPV disponible. L’optimisation consiste à réguler la consommation selon l’EPV disponible, la capacité du transformateur électrique ONEE et la tranche horaire. Cela évite ainsi et autant que possible de brider la production EPV. Ce qui permet par exemple de réduire par moment substantiellement la consommation d’électricité ONEE, qui peut atteindre parfois jusqu’à 80% en heure pleine, 50% en heure de pointe et 40% en heure creuse. Accessoirement, cette optimisation permet à l’usine de réduire aussi sa consommation de fuel et d’abaisser sa pointe d’électricité ONEE.
Injection du surplus dans le réseau ONEE
S’agissant de l’injection du surplus d’EPV produite dans le circuit de l’ONEE, Hakim Marrakchi explique que «cela dépend en réalité du prix que paierait l’ONEE pour un kWh injecté dans le réseau. Il faut comparer ce prix avec le coût de production d’un cheval vapeur à partir de la chaudière de votre unité. Pour ce qui nous concerne, au prix actuel du fuel et selon l’efficacité de notre chaudière, nous avons calculé que le prix d’équilibre se situe dans ce cas autour de 0,45 DH/kWh». Pour le financement de son projet, rappelons que Maghreb Industries a bénéficié d’un prêt de la BERD sur 7 ans avec un délai de grâce de 2 ans. L’unité industrielle a également bénéficié d’une prime d’innovation de Fintecc qui est un centre de la BERD pour le financement et le transfert des technologies climatiques. En termes de cash-flow et par rapport à l’investissement considéré, le remboursement se fait à peu près grâce aux économies réalisées. La prime perçue et une partie du délai de grâce constituent un bonus. Le système de stockage a même un payback plus rapide parce qu’il a permis à Maghreb Industries de réduire le coût de connexion au réseau ONEE. La durée de vie de l’installation est donnée supérieure à 20 ans moyennant un entretien approprié.