Efficacité, effets indésirables, disponibilité… tout sur la chloroquine
Il a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours, et se présente comme une piste prometteuse pour soigner les malades atteints de Covid-19. La chloroquine est l’un des deux médicaments introduits par le gouvernement marocain cette semaine dans ke cadre des soins administrés au malades du nouveau coronavirus. Des explications données à l’agence de presse MAP par le professeur Abdelfattah Chakib, spécialiste des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca, au sujet de la chloroquine éclairent à ce sujet. Zoom sur un ancien-nouveau médicament…
Efficacité
La chloroquine est un médicament commercialisé et utilisé depuis 1949 pour la première fois aux Etats-Unis, puis en Europe, afin de traiter le paludisme.
Plus tard, sa capacité à traiter d’autres maladies, comme les maladies systèmes (certains rhumatismes, maladies auto-immunes), a été prouvée. Ce médicament a également prouvé son activité anti-virale, mais il n’a pas été beaucoup utilisé dans ce sens.
Chloroquine-Covid?
Une première étude, réalisée en Chine, a montré que la chloroquine peut être efficace pour le traitement du Covid-19. D’autres études ont été aussi menées en France, et plus largement à l’échelle européenne. Il y a également des équipes qui ont utilisé cette substance notamment en Tunisie et dans d’autres pays.
Effets indésirables
Le Pr Chakib cite ce qu’on appelle un allongement du QT, une anomalie du rythme cardiaque existant chez certains personnes. C’est pourquoi, il est conseillé aux gens de ne prendre ce médicament que s’il est prescrit par un médecin, lequel avant de prescrire, devra réaliser un électro-cardiogramme.
Par ailleurs, comme les autres médicaments, il peut avoir des effets secondaires mineurs, surtout quand il est pris pour une courte période comme les effets gastro-intestinaux (nausées, vomissement, douleurs abdominales, petites faiblesses musculaires transitoires).
Doutes et dangers potentiels
Le spécialiste des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca explique que les spécialistes ne doutent pas de l’efficacité de ce médicament, parce qu’il a été prouvé « in vitro » (dans les laboratoires), mais aussi sur une partie de malades dans des essais cliniques.
Les scientifiques veulent faire des essais cliniques avec un nombre important de malades pour voir les effets secondaires chez un ou deux millions de personnes. En résumé, tout le débat actuel ne tourne pas sur la fiabilité de ce médicament, mais plutôt sur le fait se décider s’il est administré à tous les malades ou seulement après avoir fait un essai clinique sur son efficacité.
Ce qu’il faut savoir…
La chloroquine n’est pas prescrite, seule, dans le traitement des patients du Covid-19. Le protocole adopté prévoit que pour les cas graves, par exemple, on utilisera la chloroquine avec l’azithromycine, en plus d’un autre médicament qui est un anti-viral très utilisé pour traiter le virus du VIH Sida.
Ce médicament a été prouvé dans pas mal d’essais qu’il est actif contre les virus SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). On va utiliser aussi des antibiotiques parce que toutes les études, menées en Chine et en Europe, ont montré que certains malades font quelques complications en rapport avec des bactéries, ce qui nécessite parfois d’ajouter les antibiotiques.
Concernant son introduction dans le traitement du Covid-19, il faut savoir que certaines équipes dans le monde ont opté pour une prescription systématique à tous les malades, comme c’est le cas en Chine. Les Français ne l’ont administrée que pour les maladies graves. Au Maroc, le comité technique et scientifique de la Santé a décidé de prescrire le chloroquine pour tous les malades, pas seulement les cas graves.
Disponibilité au Maroc ?
Au vu du nombre de cas atteints de Covid-19 actuellement dans le royaume, le stock récemment acquis par le gouvernement auprès de Sanofi Maroc est largement suffisant.
Le ministère procédera certainement à d’autres achats, dans un scénario pessimiste où des milliers de cas seraient confirmés. Ce qui est certain, c’est que plusieurs firmes pharmaceutiques se sont dites prêtes à fabriquer et distribuer la chloroquine à travers le monde.