Maroc

Écosystèmes touristiques : la rentabilité sous pression

Le quatrième webinaire organisé, jeudi dernier, par l’Institut CDG et Madaëf, au sujet de l’impulsion des écosystèmes du tourisme, a mis l’accent sur l’épineuse question du déploiement des politiques touristiques pour mieux impulser les écosystèmes touristiques. Il a également traité des répercussions du déficit de deux années de Covid-19 et leur impact sur la rentabilité des entreprises touristiques. 

Au moment où la nouvelle feuille de route touristique ambitionne de doubler le nombre de touristes pour atteindre 26 millions de visiteurs à l’horizon 2030 contre 12,93 millions de touristes en 2019 (année de référence), la question de son déploiement se pose avec acuité. C’est l’une des conclusions à laquelle a abouti le quatrième webinaire organisé, jeudi dernier, par l’Institut CDG et Madaëf, au sujet de l’impulsion des écosystèmes touristiques. «L’une des plus grandes difficultés des écosystèmes de l’industrie touristique est la question de leur déploiement à l’instar de la mise en œuvre de politiques touristiques, notamment la vision 2020 et 2010», a expliqué Othmane Cherif Alami, président du Conseil régional du tourisme de Casablanca-Settat.

Avant d’ajouter que «l’État n’a contribué qu’à hauteur de 8% à la Vision de 2020 selon la Cour des comptes. De ce fait, on ne peut que s’estimer heureux d’accueillir près de 13 millions de visiteurs en 2019». Avec une contribution du secteur touristique de 7,1% en 2019 au PIB, l’industrie éponyme a connu de nombreux bouleversements, au cours des quatre dernières décennies dont la dernière crise est celle liée au contexte pandémique qui a touché de plein de fouet le secteur.

«De plus en plus, les crises se succèdent à tel point qu’elles sont devenues une normalité. Certes, les acteurs touristiques ont fait preuve de résilience, mais on est dans une situation où la gouvernance touristique doit être plus vertueuse pour pouvoir arriver à anticiper et avoir une résilience rapide par rapport à des crises successives», a affirmé pour sa part, Jean Luc Boulin, consultant en tourisme lors de ce webinaire.

La rentabilité économique grevée
Le même constat est partagé par Larbi Safaa, professeur à l’École supérieure de technologie d’Essaouira, relevant de l’Université Cadi Ayyad. «Le tourisme a été toujours confronté à des crises et il est arrivé à les surpasser pour redevenir plus forts qu’avant. Le même scénario est en train de se répéter à travers la relance touristique post-crise», affirme-t-il.

Toutefois, devant la situation inédite à l’issue de laquelle les frontières ont été fermées pendant plus de 22 mois en raison du Covid-19 avec pratiquement un déficit de deux années, les opérateurs estiment que la rentabilité économique des entreprises touristiques sera toujours affectée en janvier 2023. Date à partir de laquelle le tissu touristique devra rembourser les redevances fiscales et sociales ainsi que les Crédits oxygène.

D’autre part, le secteur touristique est confronté à l’érosion de son capital humain, puisqu’une grande partie des ressources humaines ont quitté le secteur à cause de la crise pandémique de ces deux dernières années. A cela s’ajoute le désintérêt du privé pour la question de l’investissement.

Une gouvernance avec ingénierie territoriale
«Pour redynamiser le secteur touristique, il faut intégrer aussi les initiatives locales. Les programmes d’entrepreneuriat sont plus que jamais nécessaires pour apporter de la richesse au secteur sur le plan territorial tout en repensant le tourisme aussi bien sur le plan national qu’international», a précisé Housna Medaghri Alaoui, directrice innovation et business transformation au sein de Madaëf Groupe CDG. C’est le choix qui a été fait par Madaëf, le fonds d’investissement touristique du Groupe CDG, en initiant, en 2020, le programme entrepreneurial «Madaëf Éco6» qui en est à sa 6e édition.

« À travers une approche alliant territorialité et développement de propositions de valeur autour d’initiatives locales, le programme a retenu 75 projets permettant de jeter les bases des premiers écosystèmes touristiques coordonnés par Madaëf et réunis autour de ses établissements», souligne Housna Medaghri Alaoui.

Les participants à la table ronde ont également mis l’accent sur la complexité de l’écosystème touristique marqué aussi bien par sa sphère publique que privée, et la multitude d’acteurs intervenants pour la réussite du séjour touristique. «La satisfaction touristique est mesurée par la coordination de l’écosystème touristique en fonction du parcours du voyageur, d’où le rôle et la responsabilité de l’action publique en ce qui concerne la prise de conscience de l’amélioration de la qualité des prestations et la mise en valeur de l’écosystème touristique», a ajouté Jean Luc Boulin. Pour tenir cette promesse, une gouvernance avec ingénierie territoriale entourant aussi les écosystèmes du tourisme est nécessaire. Et ce, afin de créer une dynamique collective entre les acteurs déjà engagés et les pouvoirs publics à plusieurs niveaux, ainsi que la régionalisation de la promotion touristique qui est, désormais, une compétence partagée entre l’État et la région.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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