Écosystème des plantes médicinales. Les détails
Le Cluster Menara, spécialisé dans les industries agroalimentaires et cosmétiques de luxe, annonce le lancement du projet Écosystème «Marrakech, Health & Beauty Valley» en partenariat avec les ministères de l’Industrie et de l’Agriculture, le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et le Conseil régional de Marrakech-Safi.
Le lancement de cet écosystème a eu lieu à l’occasion de la tenue du 1er Congrès international du Cluster Menara les 25 et 26 janvier à Marrakech, placé sous le thème «Valorisation des plantes aromatiques et médicinales, marché international & ressources locales». Cet écosystème a pour objectif de développer une industrie des produits à base de plantes aromatiques et médicinales (PAM) à forte valeur ajoutée dans la région Marrakech-Safi. C’est ainsi que cette dernière ambitionne de capter le fort potentiel de ce secteur. En effet, la demande mondiale des produits dérivés des PAM (estimée à au moins 165 milliards de dollars), connaît un essor majeur principalement porté par les médicaments, les produits alimentaires (tels que les tisanes et les épices) et la cosmétique verte. Le secteur compte également 4 autres débouchés commerciaux, à savoir les compléments alimentaires, les huiles essentielles, les arômes et fragrances et les biopesticides.
Ambitions
Ainsi, le Cluster Menara, en partenariat avec la région et les départements ministériels, souhaite «mettre en place un écosystème de valorisation des PAM dans la région Marrakech-Safi, qui permettra de stimuler le développement de la filière en capitalisant sur les ressources de la région et la dynamique enclenchée», apprend-on auprès du cluster. L’écosystème «Marrakech, Health & Beauty Valley» englobera ainsi les activités de 9 filières (conditionnement vrac; épices, tisanes, compléments alimentaires; extraction naturelle simple (huiles essentielles); cosmétique verte; extraction naturelle complexe (tel que les absolues et les concrètes); formulation complexe (telle que l’aromathérapie, la phytothérapie et les biopesticides); gomme de caroube; poudre de caroube (vrac et packagée); Emballage et imprimerie). À travers un contrat en cours de formalisation entre les parties prenantes, l’écosystème ambitionne par ailleurs de créer, à l’horizon 2024, de nouveaux emplois industriels et agricoles directs et indirects. Il veut également générer, à l’horizon 2024, un chiffre d’affaires additionnel à l’export au sein de l’écosystème, ainsi que de nouveaux investissements. Afin d’atteindre ces ambitieux objectifs et capter le fort potentiel du marché des produits dérivés à base de plantes aromatiques et médicinales, la stratégie de l’écosystème «Marrakech, Health & Beauty Valley» a été développée autour de 6 grands principes. Le premier consiste à mobiliser toutes les parties prenantes, avec un rôle clé pour la région et une coordination par le Cluster Menara. Le deuxième réside dans la nécessité de sécuriser l’approvisionnement en matière première (en qualité et volume) pour développer la filière industrielle. Le troisième axe porte sur la stimulation des investissements industriels nationaux et internationaux pour atteindre des taux de transformation minimums de 50%. L’investissement dans la R&D occupe également une place dans la stratégie de l’écosystème, à travers le développement de projets collaboratifs et d’un tissu important de startups. L’écosystème veut également capitaliser sur les mécanismes existants (notamment les mécanismes prévus dans le Fonds de développement industriel et de l’investissement – FDII, le Fonds de développement agricole – FDA et MarocPME), ainsi que sur les atouts de la région (Brand Marrakech, disponibilité des ressources en matières premières).
Un chiffre d’affaire de plus de 650 MDH
Il faut savoir dans ce sens que le Maroc regorge d’un potentiel important de ressources de plantes aromatiques et médicinales (PAM) avec plus de 4.200 espèces recensées dont 300 espèces exploitées. La production marocaine de PAM est estimée à 141.000 tonnes, dominée par les plantes spontanées. La valorisation des PAM, qui génère un chiffre d’affaires global à l’export estimé à 2,2 MMDH, est majoritairement constituée de produits en vrac. Le royaume est ainsi bien positionné sur les exportations de produits en vrac (7e exportateur mondial de vrac), contrairement aux produits à plus forte valeur ajoutée tels que les huiles essentielles (23e exportateur mondial). Par ailleurs, la région Marrakech-Safi exporte l’équivalent de 21.000 tonnes de PAM (sous forme de vrac ou produits transformés), notamment les produits à base de romarin, de caroube, d’argan et de thym. Elle est ainsi la 2e région exportatrice du royaume. Ce secteur génère ainsi pour la région un chiffre d’affaires global de produits issus des PAM estimé à 650,7 MDH, et qui tourne autour de 40 à 50 acteurs.
Retour de #Marrakech où l’écosystème régional pour l’industrie plantes aromatiques&médicinales (#Maroc 7e exportateur mondial) a été présenté ce matin. Notre #terroir est une mine d’or: romarin, lavande, thym, argan, figues, caroube, safran, néroli & 4200 autres #biodiversité 1/2 pic.twitter.com/iBDBaQNd3V
— Othman El Ferdaous – عثمان الفردوس (@oef75) 26 janvier 2019
Un énorme potentiel à valoriser
Néanmoins, la valeur ajoutée générée par ce secteur reste très en-deçà du potentiel pour deux raisons principales. D’une part, les ressources agricoles en PAM sont limitées dans la région (aujourd’hui, plus de 50% des plantes exploitées par les acteurs régionaux sont importées des autres régions du royaume). Par ailleurs, la valorisation des PAM reste dominée par des exportations de produits en vrac, les produits à haute valeur ajoutée (tels que les huiles essentielles et la cosmétique verte) ne représentant que 5 à 10% des volumes globaux (vs 15 à 20% au niveau national). Afin de développer une industrie à plus forte valeur ajoutée dans la région, un certain nombre de freins doivent être levés. Au niveau de l’amont, les principaux freins concernent la rareté des ressources, la mauvaise qualité de la matière première ainsi qu’un manque de traçabilité. Au niveau de la production industrielle, ce sont les difficultés d’accès au financement des acteurs, le manque d’expertise technique, le déficit en laboratoire d’analyse, les difficultés d’accès aux débouchés commerciaux ainsi qu’une faible dynamique d’innovation et de R&D qui bloquent le développement de ce marché.
Plan d’action
Un plan d’action est en cours de finalisation par les partenaires et comprendra une série de mesures s’articulant autour de 4 axes. Il y a d’abord l’appui à la production de plantes spontanées et cultivées (appui à la plantation, formation des coopératives et exploitants, mise en place de plateformes logistiques de collecte et de valorisation, certification en amont des acteurs…). Vient ensuite l’appui au développement de champions régionaux et l’attraction d’investisseurs nationaux et internationaux (subvention à l’investissement, mobilisation de foncier industriel, accompagnement des acteurs à l’export…). En troisième lieu, on retrouve le développement de compétences (formation industrielle, mise à disposition d’experts…). Enfin, notons l’appui à l’innovation et aux activités de R&D, en capitalisant notamment sur la Cité de l’innovation de Marrakech (développement de projets collaboratifs, accompagnement de startups innovantes…).