Maroc

Ec-Cherif Larkem: “Le projet phare du NMDPS porte sur l’irrigation de 5.000 ha par dessalement d’eau de mer”

S’exprimant sur l’apport du Nouveau modèle de développement des provinces du sud (NMDPS) pour l’activité agricole, Ec-Cherif Larkem, directeur régional de l’agriculture de Dakhla-Oaued Eddahab, fait le point sur les projets agricoles qui renforceront la vocation de la région. 

Le Nouveau modèle de développement des provinces du Sud (NMDPS) a accordé une place de choix au secteur agricole. Plus d’une décennie après le lancement de cette feuille de route, quel est l’impact de la composante agricole de ce plan sur le développement de la région ?
Sans doute, le NMDPS a impacté positivement et directement la dynamique de développement dans les Provinces du sud depuis son lancement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 40e anniversaire de la Marche verte en 2015. Ainsi, dans la région de Dakhla-Oued Eddahab, dix projets à caractère agricole ont été programmés et lancés, dont six projets de filières (réalisés à 100%). Ils ont contribué, ainsi, au développement et à la valorisation des filières de production végétales et animales et témoignent de la création d’unités de valorisation pilotes (centres d’engraissement camelin, caprin & ovin..) et de l’amélioration de l’employabilité des jeunes et des femmes en milieu rural. Tout ceci, parallèlement à un programme dédié à l’amélioration des parcours et à la régularisation du flux de la transhumance interrégionale. Par ailleurs, un mégaprojet est en cours d’exécution et concerne la mise en place d’une station de dessalement d’eau de mer pour l’irrigation de 5.000 ha avec, en perspective, la création de 10.000 emplois stables et la mobilisation d’un volume de 37 Mm3 d’eau d’irrigation et potable à l’horizon 2030. De même, l’offre de la région en matière de formation professionnelle s’est renforcée grâce à la création de l’Institut des techniciens spécialisés en agriculture (ITSA) à Dakhla. Il ambitionne de former 4.295 lauréats en 2030 dans les métiers liés au maraîchage et à l’élevage.

À l’instar d’autres territoires, la région de Dakhla-Oued Eddahab s’est dotée d’un nouveau Plan agricole régional (PAR). De quelle façon cette feuille de route a-t-elle renforcé la vocation agricole de la région et le développement d’autres filières végétales et animales?
L’importance accordée à l’agriculture et au développement de l’espace rural dans la dynamique de relance économique a été marquée, en 2020, par l’entame de la stratégie «Génération Green 2020-2030», qui façonnera le secteur agricole dans les dix années à venir à travers deux fondements. Le premier permettra de donner la priorité à l’élément humain par l’émergence d’une classe moyenne rurale grâce à une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs & d’organisations professionnelles agricoles et moyennant des mécanismes d’accompagnement adaptés. Le second pilier contribuera à la pérennisation du développement agricole en vue de doubler le PIB agricole et, également, les exportations agricoles via la consolidation des filières agricoles (végétales, animales et des produits de terroir), mais aussi, le développement des chaînes de distribution modernes, de la qualité, l’innovation & Green Tech en plus de la consolidation d’une agriculture résiliente & éco-efficiente. Cette feuille de route, déclinée en leviers d’intervention, favorisera l’accès de 3.600 ménages à la classe moyenne agricole, doublera le PIB agricole régional et multipliera par six le niveau de production agricole actuel, la valorisation et l’export de plus de 90% du potentiel agricole régional.

Le nouveau périmètre irrigué de 5.000 ha à partir du dessalement de l’eau de mer dans la région de Dakhla-Oued Eddahab dynamisera davantage le secteur agricole. Où en est ce projet ?
L’un des leviers essentiels de la déclinaison de la stratégie Génération Green au niveau régional et projet phare du NMDPS, concrétisé en 2016, porte sur l’irrigation de 5.000 ha par dessalement d’eau de mer. Ce projet novateur initié par le ministère de l’Agriculture traduit l’intérêt majeur accordé à la valorisation des potentialités territoriales. L’opération de mobilisation des 5.000 ha du foncier du domaine privé de l’État (DPE) à destination des jeunes promoteurs de la région, ainsi que des investisseurs nationaux et étrangers, constitue aujourd’hui, un attachement à la capitalisation de l’élément humain, comme levier d’inclusion active, mais, aussi, à la durabilité des ressources naturelles, enjeu régional majeur. Le volume des investissements mobilisés dans le cadre de ce mégaprojet est estimé à environ 2,42 MMDH à moyen terme, dont 1,98 MMDH pour la station de dessalement et le champ éolien et 442 MDH pour le réseau d’irrigation. Ces composantes permettront, à terme, la mobilisation de 37 Mm3 d’eau par an, la production de près de 415.000 tonnes de primeurs, la création de 10.000 emplois permanents et la génération d’une valeur ajoutée d’environ 1 MMDH. À noter que les chantiers de l’unité de dessalement de l’eau de mer, du parc éolien à Dakhla et du réseau d’irrigation connaissent un taux de réalisation d’environ 25% et verront la fin des travaux en juin 2025.

Le défi logistique sera relevé surtout avec le port de Dakhla Atlantique et la voie express Tiznit-Laâyoune-Dakhla. Quelles seront les retombées sur le secteur agricole ?
Bien entendu, la voie express Tiznit-Laâyoune-Dakhla facilitera le transport de marchandises (facteurs de production, intrants agricoles…) à destination et en provenance des villes du Sud et des autres régions du Royaume en améliorant leur connexion aux principaux centres nationaux de production et de distribution. Parallèlement à cet axe routier, le nouveau port de Dakhla Atlantique constituera un levier important pour l’investissement et permettra de soutenir le développement économique, social et industriel régional dans tous les secteurs productifs y compris l’agriculture et l’agro-industrie et de doter la région d’un outil logistique moderne et évolutif, à la hauteur de ses ambitions de développement. Il s’agit aussi de saisir les opportunités de l’export vers l’Afrique et la forte demande des pays africains en produits agricoles phares de la région (primeurs, produits de terroir et produits avicoles). À cela, s’ajoute la valorisation des ressources locales en mettant en place des unités agro-industrielles au niveau des nouvelles Infrastructures portuaires, offrant les meilleures conditions de compétitivité à l’ensemble des filières agricoles visées.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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