Douze années de prison pour Bouachrine
Le verdict est tombé hier, dans la nuit du vendredi, dans l’affaire de Taoufik Bouachrine. Le directeur de publication du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum purgera ainsi une peine de 12 ans de prison ferme dans la nuit de vendredi à samedi pour des violences sexuelles qu’il a toujours niées, au terme d’un procès mouvementé qui a divisé l’opinion.
« Procès politique » pour certains, « affaire de moeurs » pour d’autres: l’affaire jugée à huis clos depuis le 8 mars à Casablanca a passionné la presse locale du fait de la personnalité de l’accusé et de la gravité des charges, « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ».
Arrêté en février dans les locaux de son journal et incarcéré depuis, le directeur du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum était jugé par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca qui l’a reconnu coupable de tous les chefs d’accusation.
Le tribunal a octroyé aux victimes des indemnisations allant de 100.000 à 500.000 dirhams.
La partie civile estime que « les indemnisations ne sont pas à la hauteur des préjudices » et compte faire appel, a indiqué l’un des avocats de la partie civile, Me Mohammed Karout.
L’accusation repose sur des plaintes, des témoignages à charge et une cinquantaine de vidéos d’ébats sexuels saisies dans son bureau lors de son arrestation. Dans ses dernières déclarations, le patron de presse a une nouvelle fois nié être l’homme filmé dans les vidéos qui de plus, montrent « des scènes de relations consenties », selon un de ses avocats.
L’affaire a connu plusieurs rebondissements depuis l’ouverture du procès: quatre femmes citées comme « victimes » par l’accusation ont démenti être concernées. L’une d’elle a été condamnée à six mois de prison ferme pour avoir accusé la police d’avoir falsifié sa déclaration, une peine confirmée en appel cette semaine. D’autres ont refusé de se présenter devant le tribunal.
Au final 8 des 15 parties civiles citées à l’origine par l’accusation ont été reconnues comme victimes et indemnisées, selon les avocats de la partie civile.