Dossier du Sahara. La méthode Köhler sur le gril
C’est un mois d’avril décisif pour le dossier du Sahara. Une troisième table ronde entre les parties est programmée, et une résolution du Conseil de sécurité est attendue. Les détails.
L’émissaire de l’ONU pour le dossier du Sahara, Horst Köhler, a tenu un briefing le 10 avril dernier avec les membres du Conseil de sécurité. Cette réunion tenue à huis clos devait préparer le conseil au démarrage des discussions en vue de l’adoption d’une nouvelle résolution sur ce dossier. La décision du renouvellement du mandat de la MINURSO sera sur la table dès la fin de ce mois. Le Maroc mobilise ses soutiens sur les plans international et régional en vue de cet échéancier décisif.
Le Maroc exige «un engagement sincère»
Lors de ce briefing, les membres du Conseil de sécurité ont «espéré que les parties au conflit demeureront engagées dans un processus de paix constructif», selon des diplomates cités par une dépêche de l’AFP. Ces diplomates font référence aux tables rondes de Genève démarrées en décembre, qui en sont déjà à leur deuxième session. Les membres du Conseil de sécurité insistent sur le fait que les parties «doivent poursuivre les discussions de manière constructive». En soutien à son émissaire spécial, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a réclamé aux parties «des gestes» pour progresser vers une solution », indique le dernier rapport du SG de l’ONU publié début avril.
Après six ans d’interruption, la reprise de discussions multilatérales en décembre s’était déroulée dans un esprit cordial salué par tous. Fin mars, la deuxième table ronde s’était achevée sur un constat de Horst Köhler: les positions restaient «fondamentalement divergentes». Pour sa part, la diplomatie marocaine ne cache pas son insatisfaction depuis la fin de la deuxième table ronde tenue en mars. «Pour le Maroc, l’élan et l’atmosphère de la réunion ne sont pas suffisants pour entretenir indéfiniment cette dynamique. Seul un engagement sincère et fort des autres parties permettra de marquer une rupture définitive avec les positions rigides, dogmatiques et dépassées allant à l’encontre du réalisme, du pragmatisme et du compromis», avait souligné une source au sein de la diplomatie marocaine.
Lors de la dernière table ronde, «il n’y a pas eu de discussions substantielles, mais ce qui est positif, c’est que les parties sont toutes à la table des négociations», note un diplomate. «Il n’y a pas eu de progrès sur le fond», confirme un autre diplomate. «C’est une construction de confiance, on remet une pièce dans le juke-box pour faire tourner la musique et petit à petit on essaye de les faire danser ensemble », ajoute cette source citée par l’AFP. «Ce qui compte, c’est de maintenir ce début de processus en vie», conclue le même diplomate.
Rappelons enfin que le contexte régional demeure déterminant pour cette année. La transition politique en Algérie et les élections présidentielles en Algérie devront favoriser le statu quo dans ce dossier. L’Algérie devra gérer ses élections prévues pour le 4 juillet. Pour sa part, la Mauritanie tiendra des élections présidentielles en juin 2019.
«Une solution est possible», selon Guterres
Dans son nouveau rapport, le SG de l’ONU passe en revue l’évolution du dossier sur le plan politique, humanitaire et militaire. Sur le plan diplomatique, il déclare: «Une solution du conflit est possible. Ceci dit, pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, il faudra une volonté politique forte non seulement de la part des parties et des États voisins, mais aussi de la communauté internationale». Il appelle les différentes parties «à saisir l’occasion qui se présente à eux et à continuer à participer de bonne foi et sans conditions préalables au processus de tables rondes lancé par [son] envoyé personnel».