Maroc

Développement des exportations : l’accompagnement, un ingrédient clé

En dépit de l’évolution des exportations des produits alimentaires durant la dernière décennie, bien des freins entravent le développement du secteur. Mais pour que ce pilier fondamental de l’économie nationale poursuive sur sa lancée, il est urgent d’opter pour un accompagnement inclusif et une offre plus complète. 

L’industrie agroalimentaire revêt un enjeu stratégique pour le Maroc dans sa quête de souveraineté alimentaire. Ce pilier fondamental de l’économie nationale, hors transformation des produits de la mer (TPM) est organisé, selon la fédération nationale de l’agroalimentaire (FENAGRI), en treize branches d’activités, employant environ 150.000 personnes et réalisant un chiffre d’affaires de près 126 milliards de dirhams avec environ 24 MMDH de valeur ajoutée, soit l’équivalent de 8% du PIB industriel du Royaume. Toutefois, en dépit de ces réalisations, l’industrie agroalimentaire locale présente une balance commerciale déficitaire. En effet, en 2019, le déficit était d’environ 6 MMDH. Et au grand dam des opérateurs, ce dernier continue de se creuser. Pour cause, le secteur fait face à une flambée des cours de l’énergie et des matières premières ainsi qu’à une baisse de l’offre agricole, en raison essentiellement du déficit hydrique qui devient de plus en plus chronique.

Freins à l’export
Dans le même temps, les exportations de produits agroalimentaires finis hors TPM demeurent limitées, réalisant un chiffre d’affaires de 11 MMDH en 2019. Ainsi, ce segment a connu une croissance de l’ordre de 9% par an sur la période allant de 2010 à 2019.

Par ailleurs, ces exportations en produits agroalimentaires, hors TPM, sont concentrées sur trois destinations à savoir la France, l’Espagne et les États-Unis. À elle seule, la France totalise 40% de ces exportations. La branche de transformation des fruits et légumes représente près du tiers du total des exportations agroalimentaires réalisées. Mais à en croire la FENAGRI, les industriels locaux sont confrontés à de nombreux freins à l’export, principalement en ce qui concerne la connaissance de certains marchés à l’export, ou ce qu’on appelle communément, le Market intelligence. La compétitivité fait également défaut.

Dans ce sens, la fédération indique que le gap de compétitivité reste étroitement lié aux coûts logistiques élevés et à des taux d’utilisation encore faibles. S’ajoute à cela l’absence de certifications internationales qui complique la tâche aux opérateurs dans leur qûete de marchés à l’international. Parmi les obstacles figure également l’accès aux marchés à travers le marketing et la promotion.

En effet, la capacité à développer des marques et à communiquer efficacement sur les produits à l’export reste limitée. Le pouvoir de négociation reste par ailleurs relativement faible. Les exportateurs ont aussi des difficultés à écouler leurs produits sur les marchés internationaux. Les barrières tarifaires et non tarifaires rencontrées, même en cas d’accords de libre échange avec les pays de destination, entravent le développement du secteur. Les industriels se plaignent aussi du volet assurance, car ils ont du mal à se prémunir des risques liés aux échanges internationaux (défaillance des clients, dévaluation de la monnaie…).

Pour un accompagnement inclusif
Néanmoins, l’industrie agroalimentaire locale offre un potentiel additionnel estimé à environ 13,3 MMDH d’exportations à l’horizon 2026. Afin de booster les exportations, un changement de paradigme dans le dispositif d’accompagnement à l’export est progressivement déployé. Pour ce faire, la FENAGRI insiste sur l’offre et l’accompagnement.

En effet, il devient de plus en plus urgent de proposer une offre d’accompagnement inclusive intégrant un appui individualisé. Afin d’assurer un meilleur accompagnement des entreprises agroalimentaires à l’export, les opérateurs de l’industrie agroalimentaire proposent des actions clés telles que le développement des exportations. Cette étape constitue un levier incontournable pour asseoir l’industrie agroalimentaire et la souveraineté alimentaire. Autre mesure proposée : la protection de l’industrie agroalimentaire locale contre les importations à travers l’application du principe de réciprocité pour garantir la compétitivité du secteur.

La FENAGRI propose aussi de définir une offre d’accompagnement sur mesure pour les différentes filières de cette industrie, afin de mieux orienter les efforts afin de répondre efficacement à leurs besoins spécifiques. L’instance recommande également la concentration des efforts sur des champions nationaux, ce qui entrainerait un effet d’émulation du secteur et permettrait d’asseoir la souveraineté régionale. L’organisation d’un salon international de l’agroalimentaire au Maroc constituerait un levier clé pour la stimulation des exportations locales et positionnerait le pays comme un hub en Afrique. Last but not least, la contractualisation des engagements des parties sur un horizon pluriannuel est nécessaire pour assurer la coordination, ainsi qu’un suivi rigoureux et concerté du plan d’action.

Maryam Ouazani & Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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