Maroc

Cybersécurité : quels chantiers pour la stratégie nationale ?

La cybersécurité s’impose comme un enjeu majeur du XXIe siècle. Concevoir et déployer une stratégie nationale s’avère essentiel pour assurer la résilience numérique du pays et stimuler sa croissance économique.

Les systèmes d’information sont devenus les piliers incontournables de nos vies, au cœur de nos administrations, de nos entreprises, et de notre quotidien citoyen. Mais avec cette dépendance croissante vient une menace grandissante : les attaques informatiques, sous toutes leurs formes, mettent en péril notre sécurité financière et notre stabilité à long terme.

Face à cette réalité, le Maroc se trouve à un tournant crucial, devant sécuriser ses infrastructures critiques tout en éveillant consciences et vigilance parmi les entreprises et les citoyens. L’État répond à ce défi en renforçant les capacités nationales via la création du Comité stratégique de la sécurité des systèmes d’informations (CSSSI) et de la Direction générale de la sécurité des systèmes d’informations (DGSSI).

Ces initiatives s’inscrivent dans la lignée du plan «Maroc Numeric 2013», impulsé par le Roi Mohammed VI, qui a placé la confiance numérique et la cybersécurité au cœur de l’essor économique du pays. Cependant, la sécurité numérique dépasse largement le cadre technologique. Elle requiert une approche holistique, englobant les aspects humains, juridiques, économiques et technologiques.

Les priorités de la stratégie nationale
La stratégie nationale en matière de cybersécurité repose sur plusieurs fondements stratégiques. Il s’agit notamment de l’identification des biens à protéger, d’une approche globale et pluridisciplinaire de la sécurité, et de la définition d’une politique de sécurité des systèmes d’information. Autrement dit, avant de plonger dans l’action, il est impératif d’évaluer les menaces qui guettent nos systèmes d’information, que ce soit au sein des administrations, des organismes publics ou des infrastructures vitales.

Cette évaluation met en lumière les risques encourus, des pertes de réputation à une confiance ébranlée, en cas de faille de sécurité. Pour assurer une mise en œuvre efficace, il est nécessaire d’adopter des méthodes d’analyse de risques adaptées au contexte marocain, ainsi que des politiques et normes de sécurité pertinentes. L’évaluation des risques constitue donc une étape essentielle pour définir des directives claires et orienter les efforts vers la protection des systèmes d’information.

Cette démarche s’articule autour de deux axes majeurs : la conception de plans d’évaluation des risques et le déploiement d’outils décisionnels. Ces initiatives visent à identifier, évaluer et classifier les systèmes d’information, tout en fournissant des données et des indicateurs pour maintenir une vigilance constante. Toutefois, malgré les meilleures précautions, aucun système n’est à l’abri des attaques. Il est donc crucial de développer des capacités de détection et de réaction face aux incidents, afin de contrer les intrusions et de restaurer rapidement la fonctionnalité des systèmes touchés.

Pour concrétiser ces objectifs, divers programmes sont déployés : l’élaboration de référentiels et normes nationaux, le renforcement des dispositifs de veille et de réponse aux incidents, ainsi que la sensibilisation et la formation des parties prenantes. Ces actions visent à établir un cadre juridique favorable à la confiance numérique, à sensibiliser sur les enjeux de la cybersécurité et à soutenir la recherche et le développement de solutions nationales dans ce domaine crucial pour la sécurité et la prospérité du Maroc dans l’économie numérique mondiale.

Vers une cybersécurité partagée
La nature intrinsèquement mondiale des réseaux de communication impose la nécessité d’une coopération aussi bien au niveau national qu’international dans le domaine de la cybersécurité. À l’échelle nationale, une collaboration étroite et dynamique entre tous les acteurs concernés est indispensable pour élaborer une stratégie cohérente.

Cette coopération implique une interaction efficace entre les autorités gouvernementales, les entités régulatrices, les secteurs privés, les institutions académiques et d’autres parties prenantes, afin de garantir une approche intégrée de la sécurité numérique.

Sur le plan international, le dialogue sur la cybersécurité doit favoriser l’échange d’expériences, l’identification et l’application de normes et de règles compatibles à l’échelle mondiale. Il est essentiel de promouvoir une coopération internationale active pour faire face aux défis communs en matière de cybersécurité, notamment en ce qui concerne la lutte contre les cybermenaces transfrontalières et la protection des infrastructures critiques.

Pour concrétiser ces objectifs, la stratégie nationale en cybersécurité prévoit deux programmes majeurs. Tout d’abord, il s’agit d’identifier les thématiques et mécanismes de coopération, en explorant les possibilités de collaboration avec divers acteurs tels que les institutions universitaires, les organismes de régulation et les secteurs privés. Ensuite, il est question de conclure des partenariats concrets et de les mettre en œuvre, en nouant des alliances stratégiques avec les acteurs identifiés dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO



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