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Crise de dette : Où en est la Grèce ?

La Grèce poursuit toujours son plan de réformes sous la loupe de ses créanciers qui lui exigent plus d’efforts. Avec une dette qui atteindra, en février, 200% du PIB, l’économie grecque n’est pas à l’abri d’une autre récession.

La Grèce représente toujours un risque systémique pour l’économie de la zone euro ! En effet, lundi dernier les experts des créanciers étaient de retour à Athènes pour lancer l’examen des réformes apportées, ces derniers mois, un an après la victoire de la gauche radicale et sa promesse de mettre fin à l’austérité, mais finalement tombée sous l’acharnement des créanciers. L’octroi, en plein cœur de l’été, d’un nouveau plan d’aide de 86 milliards d’euros s’est accompagné, comme les précédents, d’une longue liste de réformes à mener sans tarder et de nouveaux objectifs budgétaires. C’est sur la nouvelle réforme des retraites, pas encore finalisée, et l’état des finances publiques que les envoyés spéciaux de Bruxelles ont l’intention de concentrer leurs efforts à l’occasion de cette «première revue» du troisième plan de sauvetage de la Grèce. Ces mêmes experts, vont également se pencher sur la question du rééquilibrage des finances publiques, même si toutefois la récession a été moins importante que redouté en 2015. Toutefois, les comptes publics naviguent toujours dans le rouge, et ainsi, l’effort du gouvernement à limiter le déficit primaire à 0,5% du PIB en 2015 et à dégager un excédent primaire de 1%, aura du mal à donner ses fruits.

La Grèce dit non aux exigences des créanciers
Alexis Tsipras prévient ce jour qu’il ne céderait pas à des «exigences déraisonnables» de la part des créanciers de la Grèce, alors qu’au même moment se préparent des négociations sur la réforme du système de retraites. «Les créditeurs doivent savoir que nous allons respecter l’accord à la lettre, mais cela ne signifie pas que nous céderons à des exigences déraisonnables et injustes», a-t-il déclaré dans une interview, publiée par le journal Real News. Il a toutefois admis que le système de retraites était «au bord de l’écroulement» et devait être réformé. La réforme du système devrait voir une diminution de moitié, à 384 euros par mois, de la retraite minimale garantie par l’État. Un montant pouvant ensuite être complété suivant les revenus et les années de cotisations. La crise grecque pourrait donc connaître de nouveaux rebondissements à très court terme.

Les privatisions difficiles à réaliser
L’un des principaux ports grecs, le Pirée, est en passe d’être racheté par le groupe chinois Cosco, seul candidat à ce rachat d’ailleurs. La décision était censée tomber mardi dernier, mais le gouvernement grec a demandé à l’investisseur de revoir son offre à la hausse. Cette opération fait partie d’un vaste plan de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce, à savoir le FMI, la BCE et l’Union européenne. Depuis quasiment le début de la crise grecque en 2010, l’Union européenne est persuadée que la Grèce possède quelques biens qui pourraient lui rapporter gros. Et individuellement, certains états membres en sont tout aussi persuadés, spécialement l’Allemagne.

5 milliards d’euros de privatisations
Dès le départ, les Européens pensaient que ces privatisations rapporteraient dans les 50 milliards, en cinq ans. Puis ils se sont ravisés et évoquaient le chiffre de 45 milliards en dix ans. Prévisions qui a été encore revue à la baisse pour finalement déboucher sur 21 milliards, en dix ans. Mais il faut noter que jusqu’à présent, ces privatisations n’ont même pas encore rapporté cinq milliards d’euros ; ainsi la privatisation des biens publics n’a pas encore abouti à grand-chose. Cela n’a pas porté ses fruits pour plusieurs raisons. D’abord, ce programme de privatisation a attiré une série d’investisseurs encouragés par la mauvaise situation de la Grèce. Le but de ces derniers n’était autre, bien évidemment, que de faire de bonnes affaires, mais le gouvernement grec a souvent refusé des prix trop bas. Ensuite, les vrais investisseurs ont parfois hésité, vu que la Grèce vit une période troublée depuis cinq ans, la législation change régulièrement, les grèves se multiplient. Toute cette instabilité politico-économique incitait un manque de confiance du côté des investisseurs. D’autant plus que le processus de privatisation, lui-même, est long. Aujourd’hui, les privatisations continuent avec quatorze aéroports régionaux qui ont été rachetés, par un groupe allemand, pour un peu plus d’un milliard deux cent millions d’euros pour une durée de 50 ans. Des complexes touristiques, des hôtels de luxe, des ports régionaux, des compagnies d’eau, de chemins de fer, la poste, mais aussi la société qui organise les courses hippiques ou encore l’aéroport d’Athènes pour ne citer que quelques exemples, sont aussi sujets à privatisation. Le tout est à vendre et c’est le gouvernement grec qui décide de ce qui sera mis en vente.

Vers un nouvel épisode de tension
Le feu vert de Bruxelles aurait aussi pour conséquence immédiate le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide de 5,5 milliards d’euros. Le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), Klaus Regling, a insisté, jeudi dernier, d’après la presse étrangère, sur la relative urgence de ce nouvel apport d’oxygène. Athènes doit rembourser 4 milliards, au total, au cours du premier trimestre, dont 1,5 milliard dès le mois de février, et la situation financière du pays pourrait se tendre à nouveau rapidement. Ensuite viendra l’heure d’ouvrir une autre négociation, celle de l’allègement de la dette qui atteindra, cette année 200% du PIB. Affaire à suivre…


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