Maroc

Covid-19 : face à la troisième vague, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme

Alors que le Maroc est touché de plein fouet par la troisième vague de la pandémie de Covid-19, les spécialistes multiplient les appels à la vigilance à l’endroit des populations qui semblent n’avoir toujours pas pris la mesure de la gravité de la situation.

De près de 2.000 nouveaux cas d’infection par la Covid-19, enregistrés vendredi dernier, on est passé à plus de 4.000, ce dimanche. Bilan inquiétant, auquel il faut ajouter 30 décès supplémentaires, portant le nombre total de décès à 9.559, alors que le nombre de guérisons s’est élevé à 542.078. Sans le moindre doute, le Maroc est en plein dans la troisième vague de la pandémie, aggravée par le variant Delta. Avec une charge virale très supérieure à celle de la souche initiale de la Covid-19, et un temps d’incubation plus court, la version mutée du nouveau coronavirus semble se répandre telle une traitée de poudre, suscitant la mobilisation de nombreux spécialistes en vue d’alerter les Marocains sur les dangers auxquels ils sont exposés. «Devant une telle situation, il faut recourir à deux solutions complémentaires», estime Abdallah Badou, professeur à l’université Hassan II de Casablanca.

«La première consiste dans le nécessaire respect des gestes barrière, si on veut limiter la propagation inquiétante du virus dans notre pays. La seconde réside dans l’accélération de la campagne de vaccination», explique l’enseignant.

Lancée le 28 janvier dernier, l’opération de vaccination gratuite de l’ensemble des résidents, avec comme objectif d’immuniser 80% de la population, réduire puis éliminer les cas de contamination et de décès dus à l’épidémie et contenir la propagation du virus, se déroule à un rythme soutenu. Elle a déjà bénéficié à «un total de 11.748.418 personnes, lesquelles ont reçu, à ce jour, la première dose de vaccin, alors que 9.797.720 personnes se sont vu administrer la seconde dose», a précisé dimanche le ministère dans son bulletin quotidien sur la situation épidémiologique au Maroc. Un résultat encourageant, mais tout danger n’est cependant pas écarté, loin de là ! «La situation est catastrophique, et on en train d’enregistrer de plus en plus de cas graves. À ce rythme, le système de santé risque d’arriver rapidement à saturation», ajoute Abdallah Badou.

Ce dernier n’est pas le seul à alerter sur la situation épidémiologique au Maroc. La semaine dernière, à Fès, des spécialistes ont appelé au respect des gestes barrières pour lutter contre la Covid-19, après la tendance haussière des cas d’infection constatée ces dernières semaines. Selon eux, les gestes barrière, dont le lavage des mains, le port obligatoire du masque, et le respect de la distanciation physique constituent la pierre angulaire de la protection de la société contre la pandémie. Le chef du Service d’anesthésie et de réanimation au Centre Hospitalier Universitaire (CHU)-Hassan II de Fès, Mohammed Khatouf, s’est notamment inquiété d’une hausse importante du nombre des porteurs du virus dans la région, ainsi que de celui des patients nécessitant leur admission aux unités de réanimation et des soins intensifs. Pour Khatouf, cette augmentation marque le début d’un pic épidémique. L’enseignant à la faculté de médecine et de pharmacie de Fès incite ainsi les citoyens à rester vigilants, et à prendre conscience de la dangerosité de la situation, aggravée par l’allègement des restrictions et un relâchement dans le respect des mesures sanitaires. Cet accroissement des cas de contamination est observé dans de nombreux pays du monde, a-t-il noté, ajoutant que «la hausse des cas positifs provoque automatiquement une augmentation des cas graves et du taux de mortalité».

De son côté, le professeur Ali Derkaoui, exerçant au Service d’anesthésie et de réanimation du CHU de Fès, a déploré un nombre «inquiétant» de patients gravement atteints de la Covid-19 admis au CHU, relevant qu’un grand nombre des personnes prises en charge actuellement par le service de réanimation du CHU, sont des jeunes. Vendredi dernier, le gouvernement a adopté une panoplie de nouvelles mesures anti-Covid, dans le but d’endiguer la propagation du coronavirus. Ces mesures portent sur l’interdiction des déplacements nocturnes à travers tout le royaume de 23h à 4h30, à l’exception des personnes exerçant dans les secteurs et activités vitales et essentielles, et celles représentant des cas médicaux urgents, a indiqué lundi un communiqué du gouvernement.

En outre, les déplacements entre les préfectures et provinces sont conditionnés à la présentation du passeport vaccinal ou d’une autorisation exceptionnelle, délivrée par les autorités territoriales compétentes, outre l’interdiction des fêtes et mariages, ainsi que des obsèques, avec un maximum de 10 personnes présentes lors des cérémonies d’enterrement. Ces mesures concernent également le respect d’un quantum maximum de 50 % de la capacité d’accueil dans les cafés et restaurants, ainsi que les transports et les piscines publiques. Quant aux rassemblements et activités dans les espaces ouverts, ils ne doivent pas excéder 50 personnes. Des observateurs de la situation sanitaire au Maroc estiment que ces mesures resteront en vigueur jusqu’à la baisse des cas de contamination, dont la hausse a été fulgurante, ces deux dernières semaines. Tout dépendra du degré d’adhésion et de collaboration des populations au présent dispositif !

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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