Conjoncture. “La gestion des fluctuations du prix des carburants est un exercice d’équilibriste de plus en plus difficile !”
Samir Bennis
Directeur général de Trarem
Le prix du litre d’essence vient de grimper à environ 18 DH, quand celui du gasoil est passé à environ 16 DH. Quelles sont les répercussions de la hausse des carburants sur vos activités ? Comment gérez-vous cette crise, combinée à celle des matières premières, au niveau de vos marges et prix de revient et de vente ?
La hausse mondiale des prix des carburants a indéniablement un impact majeur sur nos coûts, et ce, à deux niveaux. D’abord sur le coût d’importation des matières premières et composants. En effet, le coût d’un conteneur importé de Chine est passé de 4.000 € à 18.000 €, soit plus de 4 fois le prix historique.
Ensuite, sur le coût de distribution de nos commandes, qui sont livrées sur tout le Royaume, et qui subit de plein fouet ces augmentations. La gestion de ces fluctuations est un exercice d’équilibriste de plus en plus difficile car, d’une part, nous avons une obligation morale envers nos clients partenaires auxquels nous sommes liés par des contrats cadres que nous ne pouvons rectifier en permanence, et, d’autre part, nous sommes sur des projets structurants pour lesquels les décisions d’achat sont lentes (appels d’offres, projets d’usines, sièges de banques…) alors que nos offres de prix ont des délais d’option de plus en plus courts (actuellement d’une semaine à 10 jours). Ces éléments couplés à une volatilité des prix des matières premières impactent sensiblement nos marges.
Dans le contexte actuel marqué par l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des ménages, comment évoluent les carnets de commandes ? Et comment réagissent vos différents débouchés ?
Globalement, la reprise est bien au rendez-vous. Concernant nos commandes, nous sommes sur une tendance haussière par rapport à l’année 2021, et ce, grâce à différents leviers, une organisation commerciale mieux ciblée en «Business Units» à fort potentiel, une mise à niveau industrielle qui nous permet une meilleure productivité (Qualité et délai) et donc une plus forte agilité sur des projets très concurrentiels et enfin une fidélisation de nos clients stratégiques par la qualité de nos produits et la proximité de nos «business developers».
Dans le contexte actuel, quels sont les principaux défis du secteur de la fabrication de meubles et les perspectives ?
Le principal défi de toute industrie de nos jours est une relocalisation de toute la chaîne de production, mais également l’investissement massif dans la R&D pour une meilleure compétitivité et une montée en gamme des solutions. Pour notre industrie, le design, avec sa démarche et ses outils, est une opportunité d’accroître fortement et durablement les performances de l’entreprise. Les marques et industries marocaines doivent donc adopter le design et le design industriel de façon concrète et à long terme. Le Made in Morocco qui s’exportera passera inexorablement par le design !
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO