Commerce Maroc-Égypte : Menace sur l’Accord d’Agadir
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Le Maroc a décidé d’appliquer le principe de réciprocité suite aux obstructions concernant les exportations marocaines vers l’Égypte, et ce, en infraction avec les clauses de l’accord d’Agadir. Une situation qui est à l’origine de l’arrivée dans le Royaume, en fin de semaine, d’une délégation égyptienne. Objectif : trouver une solution à ce blocage qui nuit aux échanges bilatéraux.
Balance commerciale déficitaire pour le Maroc, recrudescence des mesures antidumping sur plusieurs produits égyptiens et application récente du principe de réciprocité suite aux obstructions par les autorités égyptiennes de certaines exportations marocaines vers l’Égypte… Un nuage sombre plane actuellement sur les relations commerciales entre l’Égypte et le Maroc en matière de commerce extérieur, ce qui a déclenché une vague de spéculations et de controverses.
Le Maroc aurait suspendu l’entrée des marchandises égyptiennes en réponse aux obstacles instaurés par l’Égypte à ses exportations automobiles. Une situation qui a nécessité, selon les médias égyptiens, le déplacement d’une délégation égyptienne de haut niveau pour trouver des solutions concrètes à même de débloquer cette situation.
Pour rappel, des plaintes marocaines avaient été formulées au cours des années précédentes, faisant état de l’existence d’obstacles à l’exportation de voitures fabriquées au Maroc vers l’Égypte, malgré leur conformité aux stipulations de l’accord d’Agadir.
L’Égypte, principal partenaire africain pour la cinquième année
En se référant à l’analyse des partenaires commerciaux en Afrique, force est de constater que l’Égypte demeure pour la cinquième année consécutive le principal partenaire africain du Royaume, en vertu de l’accord d’Agadir.
C’est ce qui se dégage des chiffres de 2023 de l’Office des changes relatifs au commerce extérieur. Elle est suivie par Djibouti, classé troisième pays partenaire du Maroc une année auparavant. Viennent ensuite la Côte d’Ivoire, la Tunisie et le Sénégal. Ces cinq pays représentent plus que la moitié des échanges avec l’Afrique (53,4%). Entré en vigueur le 27 mars 2007, l’accord d’Agadir a été signé à Rabat à l’issue de la signature de la Déclaration d’Agadir entre le Maroc, l’Égypte, la Tunisie et la Jordanie, le 8 mai 2001.
Bien que cet accord vise à favoriser la coopération économique et l’intégration régionale, un déséquilibre commercial important persiste entre les deux pays.
Cette situation, où les importations marocaines en provenance d’Égypte (1 milliard de dollars en 2024) dépassent largement les exportations marocaines vers ce pays (80 millions de dollars), soulève la question de la balance déficitaire. À noter que les exportations du Maroc sont essentiellement composées de voitures.
Les droits antidumping sur certains produits égyptiens
Par ailleurs, le Maroc a décidé d’appliquer, en décembre 2024, des droits antidumping sur certains produits égyptiens. D’un taux définitif de 29,93%, ils concernent notamment les tomates en conserve. Une mesure prise suite à la plainte de la Fédération nationale des industries alimentaires marocaines (FNIAM).
De plus, le ministère de l’Industrie et du Commerce a ouvert une enquête antidumping concernant les importations de tôles d’acier laminées à froid en provenance d’Égypte. Cette décision fait suite à une requête déposée par la société Maghreb Steel. Le département du Commerce a également procédé à l’ouverture d’une enquête de réexamen partiel de la mesure antidumping appliquée sur les importations de tapis et autres revêtements de sol en matières textiles à fabrication mécanique originaires de l’Égypte.
La décision du ministère a été prise suite à une requête déposée par le groupe égyptien, Oriental Weavers, selon laquelle le maintien de la totalité du droit antidumping appliqué à ses exportations vers le Maroc n’est plus nécessaire pour neutraliser le dumping.
Pour rappel, le droit anti-dumping définitif appliqué sur les importations des produits d’Oriental Weavers est de 35,33%. Ce droit est appliqué pour une durée de cinq ans depuis le 9 septembre 2022.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO