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Circularité dans le textile : le recyclage important, mais pas suffisant

Recycler pour assurer la circularité dans le textile, c’est un bon départ pour l’industrie. Toutefois, plusieurs défis sont à surmonter dans ce sens, notamment en impliquant toute la chaîne de valeur du secteur, en termes de traçabilité, de technologie, ou encore d’investissement. 

Après avoir traité des défis entravant la transition du textile vers la circularité, notamment sa mise à niveau à travers un changement de mindset, une transformation complète de la chaîne de production ou encore l’engagement de financements importants, le deuxième panel de la table ronde a traité de la thématique «Circularité, de l’ambition à l’action». Animé par Karla Magruder, fondatrice de l’ONG Accelerating Circularity, ce panel a connu la participation de Matthijs Crietee, secrétaire général de l’International Apparel Federation (IAF), Abdelkader Amoche, directeur commercial de Haelixa AG, et Sohaib Affach, responsable de la plateforme de recyclage de Hallotex à Tanger.

Le Maroc réussira sa transition
Les intervenants ont rappelé les bases de la circularité dans le textile et ont tous été d’accord sur le constat que la réussite de la transition d’un modèle linéaire vers un modèle circulaire dépendra de la mise en place d’un système qui ne se limite pas simplement au recyclage.

Sohaib Affach a rappelé qu’en matière d’infrastructures de recyclage, le Royaume a assuré une réelle avancée. Il a cité dans ce sens l’exemple de Hallotex à Tanger qui œuvre dans le recyclage des déchets textiles pour son propre compte, mais aussi pour d’autres acteurs du marché. «Le recyclage des déchets textiles au Maroc n’est pas un rêve, c’est une réalité», confirme-t-il.

Pour réussir la transition vers une complète circularité de l’écosystème, Abdelkader Amoche affirme, pour sa part, qu’il est «impératif de changer le mindset des producteurs de textile, des acheteurs, mais aussi des consommateurs». «Pour y parvenir, assurer l’infrastructure est indispensable en termes de recyclage, mais pas seulement. L’investissement doit aussi suivre l’engagement et la transparence des acteurs, mais aussi les incitations. La réglementation a par ailleurs un rôle à jouer dans ce sens pour mettre en place les bases de la circularité dans l’industrie textile», poursuit-il.

Pour les experts, la circularité ne touche pas seulement à la relation entre le recycleur et la marque. Tous les moyens doivent être déployés afin que la circularité fonctionne à grande échelle.

Matthijs Crietee explique pour sa part que «la collaboration est clairement l’une des clés de réussite de la transition vers la circularité dans le secteur textile. La relation entre clients et fournisseurs est importante dans ce sens. Ils doivent convenir de la façon d’atteindre leurs objectifs, de manière collective, au niveau industriel. Cette exigence est aussi valable au niveau international, à travers les gouvernements, en ce qui concerne la réglementation».

La traçabilité, un impératif
En effet, il ne suffit pas d’avoir un système de collecte et de recyclage performant dans le textile pour dire que la circularité est atteinte. «Afin que cette dernière soit déployée à grande échelle, il faut une traçabilité. L’utilisation de produits recyclés apporte une valeur ajoutée à la marque, aux consommateurs et aux producteurs», affirme Abdelkader Amoche.

En effet, l’entreprise fait valoir sa technologie qui permet de prouver que le produit est recyclé dans son intégrité à partir de la fibre jusqu’au produit fini.

«Dans ce sens, nous avons besoin de beaucoup d’engagement, ce n’est pas un seul acteur qui doit le faire. Nous avons tous les mêmes objectifs à atteindre, ceux du développement durable», confirme-t-il.

La traçabilité apportera une valeur ajoutée et sera une manière de prouver que l’industrie est encore responsable du développement durable. Karla Magruder ajoute que «les acteurs doivent démontrer qu’ils sont responsables dans l’utilisation des produits chimiques, de l’électricité et de l’eau. Il ne s’agit pas seulement d’utiliser un produit recyclé».

Vers une mutualisation des efforts
La collaboration entre les différents acteurs du secteur est clairement une des raisons défendues par les intervenants de ce panel, pour véritablement réussir la transition. Matthijs Crietee assure qu’il faut «que les clients et les fournisseurs se comprennent et se mettent d’accord sur le processus qu’ils doivent suivre pour atteindre un objectif commun. Les marques doivent comprendre quels sont les besoins du système industriel d’un pays donné». La collaboration au niveau gouvernemental entre les pays est nécessaire, pour être au diapason des nouvelles législations dans le secteur. «Si les gouvernements travaillent ensemble, le message sera beaucoup plus puissant», assure ce dernier. Les intervenants au panel relèvent aussi le défi du partage de connaissances au niveau de la technologie. Un autre enjeu du secteur concerne la gestion des déchets textiles  : «certains acteurs sont réticents par rapport au recyclage, ils estiment que ce dernier ne relève pas d’eux. C’est pour cela qu’il est important d’avoir une réglementation claire. Nous avons l’engagement du gouvernement et d’autres institutions pour la mise en place d’une législation qui ne tardera pas à venir», explique pour sa part Sohaib Affach. Des incitations sont également préconisées dans ce sens, pour pousser les producteurs à suivre une voie réussie de la circularité.

Le recyclage, une vraie opportunité
Il est certain que l’un des défis de la circularité réside dans la réduction des coupes textiles, mais aussi dans leur recyclage. En effet, même ce processus se doit d’être respectueux de l’environnement. Le responsable de la plateforme de recyclage de Hallotex à Tanger explique le processus de l’entreprise qu’il représente : «au niveau de notre unité, tout le processus est mécanique et le recours aux produits chimiques est interdit. La fibre que nous produisons est beaucoup plus compétitive que celle usuelle».

Le recyclage ne concerne pas que la production du textile, il concerne aussi la nouvelle vie que peut avoir un vêtement déjà utilisé par le consommateur. D’ailleurs, il y a plusieurs marques internationales de vêtements qui tentent de mettre en place une vraie stratégie de recyclage de leurs produits en fin de vie. Pour y parvenir, le système de traçabilité joue un rôle important.

Pour assurer une véritable circularité, le Maroc doit passer en revue l’ensemble de la chaîne de valeur du textile, de la conception à l’approvisionnement puis la commercialisation, en tenant compte des déchets produits à ces différentes étapes, de manière à s’assurer que son industrie est en mesure de satisfaire aux exigences de l’UE. Certes, le temps est compté, mais la bonne nouvelle est que le Maroc peut faire ce qu’il faut dans les délais requis et sortir plus fort et plus compétitif de ce processus que bon nombre de ses concurrents.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

 


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