Maroc

Chocs extérieurs : les digues solides du Maroc

Malgré six années consécutives de sécheresse et un stress hydrique sans précédent, l’économie marocaine n’a pas flanché. Le décrochage du PIB agricole a été compensé par des secteurs industriels dynamiques, notamment l’automobile, l’aéronautique et les phosphates et dérivés. Rien à craindre non plus pour les paiements extérieurs. Le matelas des réserves de change devrait franchir 400 milliards de DH cette année, porté par les transferts de la diaspora et les recettes du tourisme.

Il n’y a pas si longtemps, lorsque le PIB agricole décrochait faute de pluviométrie, l’inquiétude était à son comble chez les opérateurs économiques. Beaucoup de chefs d’entreprise activaient le frein à main en attendant, disaient-ils, «d’avoir de la visibilité».

L’angoisse était encore plus forte chez les autorités, hantées par le programme d’ajustement structurel (PAS) des années quatre-vingt car il fallait mobiliser des ressources pour financer la hausse des transferts sociaux et du chômage découlant d’une mauvaise campagne céréalière.

Au cabinet du ministre de l’Agriculture, les équipes étaient sous pression comme si la pluie dépendait de leur action. Si ces inquiétudes existent toujours, elles n’ont rien à voir avec la panique qui gagnait jadis les décideurs publics.

Ce changement est le résultat d’une transformation de l’économie nationale et de la solidité des digues dont s’est doté le Maroc. Si l’agriculture, avec 13% à 14% du PIB, a longtemps été le pilier de l’économie, le PIB non-agricole, porté par des locomotives industrielles, notamment l’automobile, l’aéronautique, les phosphates et dérivés et l’agro-alimentaire, a permis au Royaume d’affronter six années consécutives de sécheresse et l’aggravation d’un stress hydrique sans précédent.

Au moins 100 milliards DH d’importations énergétiques par an
L’éventualité d’une crise des paiements extérieurs que pouvaient redouter les pouvoirs publics est largement maîtrisée. Le solde du compte courant, à -2% du PIB prévu cette année, après 1,2% en 2024, ne suscite aucune inquiétude.

Au vu du matelas des réserves de change de Bank Al-Maghrib, 407 milliards de dirhams (MMDH) – soit 41 milliards de dollars – projetés en 2025, contre 375,5 milliards l’année dernière, le Royaume a de quoi financer ses importations (715,5 MMDH en 2024), dont la colossale facture énergétique.

Entre carburants, gaz, gasoil et charbon, le Maroc a décaissé 114 MMDH en devises l’an dernier pour ses approvisionnements.

Au ministère des Finances et à la Banque centrale, les responsables, calculette en main, se sont réjouis du cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, une accalmie qui a poussé les cours du baril de pétrole à la baisse. Pour cause, un dollar de plus sur le prix du baril a un impact de 500 millions de DH supplémentaires sur la balance des paiements.

Une politique agile de refinancement de la dette extérieure
Le Maroc dispose aussi largement de quoi assurer le service de sa dette extérieure pour lequel il déboursera 44,4 MMDH en 2025 et presque autant l’année prochaine. Grâce à une politique agile de refinancement de la dette onéreuse et surtout, des opérations de swaps de taux d’intérêt et des devises (46,9 milliards en 2023), le Trésor s’est constitué des substantielles marges de manœuvre qui lui ont permis d’obtenir une grosse décote sur le spread appliqué aux emprunts levés sur le marché financier international.

Vu le déficit chronique de sa balance commerciale, le Royaume doit sa résilience aux chocs extérieurs à deux «digues financières» :
les transferts de sa diaspora et les recettes en devises générées par son industrie du tourisme. Les fonds envoyés par les «Marocains du Monde» ont franchi le seuil symbolique de 100 MMDH depuis 2022 (110, 76 milliards).

Ces transferts, dont 75% constituent des aides à la famille, se sont établis à 117,71 MMDH en 2024. C’est presque le triple des recettes en devises des investissements directs étrangers (IDE). L’autre digue financière du pays est, sans conteste, le tourisme qui a fait rentrer 112, 5 MMDH en devises en 2024, soit 7, 81 milliards de plus par rapport à l’année précédente. D’après les projections de la Banque centrale, ce poste devrait garder le même dynamisme pour s’élever à 128,4 milliards en 2026.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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