Casablanca. Quiproquo autour du parc de la Ligue arabe
Le projet de réhabilitation et de mise à niveau du Parc de la Ligue arabe, lieu incontournable de la ville blanche , est marqué par des tergiversations autour de son inauguration, empêchant les Casablancais d’en profiter.
Au carrefour des avenues Moulay Youssef et Hassan II, l’odeur est nauséabonde. Les pique-bœufs colonisent les arbres et les trottoirs de la première. Des déchets jonchent le sol. Les travaux d’aménagement sont achevés depuis plusieurs mois déjà. L’état des lieux est déplorable, l’endroit complètement à l’abandon. Pourtant, à quelques mètres seulement se situe un magnifique parc de 30 hectares. Les travaux ont été achevés en mai dernier. Mauvaise surprise, le visiteur fait face à des barrières l’empêchant d’y accéder. Las d’attendre une inauguration qui n’intervient pas, les habitants ont pris possession de cet espace vert. Entre-temps, les responsables de la ville tergiversent autour de ce projet.
Achevé mais non livré
La société de développement local (SDL) Casa Aménagement et le Conseil de la ville de Casablanca se renvoient la balle concernant l’ouverture du Parc de la Ligue arabe. Ce projet, lancé en janvier 2016, a été achevé en mai 2019. Sauf qu’il est toujours fermé aux habitants de Casablanca. Faute d’inauguration officielle, la partie du parc entre les boulevards Rachidi et Moulay Youssef est officieusement ouverte aux citoyens. La deuxième partie entre Moulay Youssef et l’avenue Ali Bnou Talib est toujours fermée, privant les Casablancais d’un des seuls espaces verts situés en centre-ville. Cette situation rappelle à plusieurs égards celle du pont à haubans de Sidi Maârouf, resté fermé à la circulation pendant plusieurs mois, bien que l’infrastructure ait été achevée et livrée. Dans le cas du Parc de la Ligue arabe, les Casablancais doivent s’armer de patience. «Nous allons attendre le retour de vacances des responsables pour étudier ce dossier», se contente de dire Mustapha Lahaya (PJD), vice-président du conseil de la ville, en charge des infrastructures. La ville est le maître d’ouvrage, et la SDL assure la mission de maître d’ouvrage délégué.
Selon une source autorisée au sein de la SDL, «le Parc de la Ligue arabe est achevé. Pour toute explication à ce propos, il faut prendre contact avec le maître d’ouvrage», nous déclare cette source, renvoyant la patate chaude à la Ville.
Au sein du Conseil, c’est la même déclaration que nous a été faite: «Pour toute information sur ce projet, prenez contact avec Casa Aménagement», réplique Lahaya.
Le Parc de la Ligue arabe, dont la réhabilitation et la mise à niveau ont coûté 100 MDH, est désormais doté d’équipements de loisirs pour les familles casablancaises. Il restera fermé jusqu’à nouvel ordre.
«Nous n’avons pas réceptionné les travaux. Pour le faire, nous devons envoyer notre commission composée d’ingénieurs de la commune pour vérifier la qualité et la conformité des travaux», explique Lahaya. Mais pour quelles raisons ce processus n’a-t-il pas été lancé? Face à cette question, l’élu reste évasif. «Dans tout projet, il manque quelques petits aménagements à réaliser», affirme-t-il. Et de préciser: «Il n’y a pas de litige entre Casa Aménagement et nous. Dès la rentrée, nous allons étudier ce dossier pour voir son état d’avancement». Selon nos informations, seule la clôture est en chantier. Le parc abritera également quatre cafés en remplacement des anciens commerces. Leurs gestionnaires devraient les lancer fin décembre.
«Ce projet d’envergure mérite une inauguration officielle et nous espérons que le roi pourra nous honorer avec une inauguration royale», souligne Lahaya.
En attendant que le maître d’ouvrage et la SDL se mettent d’accord sur le processus de réception du projet, les Casablancais continuent d’être privés -partiellement- d’un accès à ce projet phare. Espérons que, durant cette fermeture, les travaux réalisés ne tomberont pas en ruine, nécessitant le cas échéant de nouveaux marchés publics… Rappelons que ce projet fait partie du Plan de développement de Casablanca, doté d’un budget de 34 MMDH. Le réaménagement du parc a été financé par le ministère de l’Intérieur (DGCL) à hauteur de 35 MDH, la Commune de Casablanca avec 45 MDH et la Région Casablanca-Settat avec 20 MDH.
Un grand projet urbain
D’une superficie de 30 ha, le nouveau parc a permis la récupération de l’ensemble des espaces du parc, la réunification de ses deux parties et son ouverture complète sur la ville, la création d’un parcours sportif, d’espaces de jeux, la réhabilitation des espaces verts ainsi que la mise en œuvre d’actions visant la sensibilisation et l’éducation à l’environnement, notamment en faveur des jeunes (chemin pédagogique, jardins éphémères d’initiation aux notions de jardinage et de connaissance des plantes). Ce projet s’est doté de nouvelles technologies pour la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles (eau, énergie, etc.).
