Maroc

Casablanca : la Grotte des rhinocéros, un patrimoine préhistorique de plus de 700.000 ans

La ville de Casablanca occupe une place indéniable dans les milieux scientifiques, grâce notamment à un patrimoine préhistorique exceptionnel. La Grotte des rhinocéros, se trouvant au sein de la carrière Oulad Hamida 1 au sud-ouest de la ville, et ayant livré les plus anciens vestiges fossiles d’animaux consommés en grotte par des hommes sur le continent africain, fait partie de ce patrimoine archéologique inestimable.

«La Grotte des rhinocéros est un site unique et incontournable pour les recherches sur l’histoire de l’humanité. Il a contribué à la connaissance du mode de vie des humains il y plus de 700.0000 ans», précise l’archéologue et préhistorien, Abderrahim Mohib.

«Les fouilles archéologiques entreprises entre 1991 et 2009 dans la partie de la cavité entaillée par l’exploitation de la carrière ont permis l’identification de deux niveaux archéologiques extrêmement riches en vestiges attribués à ce que les préhistoriens appellent l’Acheuléen (culture matérielle préhistorique du Paléolithique ancien) et datés de plus 700.000 ans», poursuit celui qui est aussi le codirecteur du Programme archéologique maroco-français «Préhistoire de Casablanca».

Vestiges Exceptionnels
La Grotte des Rhinocéros a livré aux archéologues une collection exceptionnelle d’outils fabriqués en pierre, une dent humaine et une multitude d’ossements d’animaux très riches en restes de rhinocéros dont de nombreux crânes fossiles complets.

«La carrière Oulad Hamida 1, où se trouve actuellement la Grotte des rhinocéros, avait livré auparavant (1972) des fossiles humains d’Homo mauritanicus/rhodesiensis composés de fragments de maxillaire supérieur et de dents», indique Abderrahim Mohib.

La particularité de la Grotte des rhinocéros réside aussi dans la découverte de nombreux ossements de zèbres et d’antilopes portant des marques d’activités de boucherie et de consommation de viande. L’expert fait savoir que ces marques se présentent sous forme de stries laissées par des objets en pierre tranchants, d’impacts de percussion et de traces de dents humaines.

Selon les études détaillées effectuées par les archéologiques de la mission de Casablanca, ces traces attestent d’actions de dépouillement, de désarticulation, d’écharnement, de récupération de la moelle et de consommation de la viande, et nous renseignent ainsi sur les comportements de subsistance des premières sociétés préhistoriques acheuléennes au Maroc.

«Toutes ces découvertes font de la Grotte des rhinocéros un site exceptionnel à l’échelle du continent africain», précise le responsable du programme «Préhistoire de Casablanca».

Et d’ajouter que «Les scientifiques confirment que ces traces de découpe identifiées sur les ossements représentent le comportement de boucherie paléolithique le plus ancien au Maroc daté d’au moins 700.000 ans et témoignent également des plus anciens vestiges fossiles d’animaux consommés en grotte par des hommes sur le continent». Il appelle, à ce titre, à une meilleure valorisation de ce site archéologique, étant donné qu’il se trouve dans une carrière en partie remblayée, qu’il n’est inscrit ni classé dans la liste du patrimoine culturel national et qu’il présente un risque permanent de destruction.

Casablanca, un riche passé archéologique
Casablanca abrite de nombreux sites archéologiques, à savoir la carrière d’Ahl Al Oughlam (2,5 millions d’années), le site  de la carrière Thomas I (+ 1,3 million d’années), la Grotte à hominidés (+700.000 ans), la Grotte des rhinocéros (+700.000 ans) et la carrière de Sidi Abderrahmane (500.000 à 300.000 ans). La métropole du Royaume offre ainsi un patrimoine préhistorique mondialement connu.

«Grâce à son histoire géologique et sa position géographique, la ville conserve une gamme de perspectives incomparables pour la connaissance des hommes fossiles anciens, de leurs cultures matérielles, de leurs comportements de subsistance et de leurs environnements physique et biologique depuis des centaines de milliers d’années», souligne l’archéologue Abderrahim Mohib.

Les outils lithiques, les restes fauniques et les fossiles paléoanthropologiques mis au jour dans les gisements préhistoriques de Casablanca constituent à ce jour, affirme-t-il, les seuls témoignages archéologiques qui illustrent les phases les plus vieilles de l’occupation humaine au Maroc depuis au moins 1,3 million d’années.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO



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