Bourse : la panique gagne Casablanca
La guerre en Ukraine commence sérieusement à faire mal aux portefeuilles des ménages. L’envolée du cours du pétrole (125 dollars le baril en séance lundi) qui se répercute sur les prix à la pompe fait grimper la facture du plein d’essence et le ticket de transport. La conjoncture à l’international et la sécheresse ont aussi des effets néfastes sur le panier de la ménagère, les prix des denrées alimentaires accélérant leur hausse.
Par ailleurs, ceux qui ont investi une partie de leur épargne en Bourse enregistrent une montée de température ces derniers jours avec la baisse des actions. En séance lundi, le Masi cédait plus de 3%, mais sur de faibles volumes. L’indice vedette du marché casablancais a perdu 8,5% depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. «Le marché retrace les développements à l’international. Il y a un mouvement de panique des petits porteurs qui craignent une dégradation des perspectives de l’économie marocaine et par ricochet des entreprises cotées», note le directeur de recherche d’une banque.
Les secteurs ciment, immobilier, services de transport et bizarrement pétrole et gaz ont été les plus touchés par le mouvement vendeur. «Le marché devait baisser mais, pas dans l’ampleur actuelle. Il faut garder la tête froide et rester confiants», conseille un analyste. Comme en 2020 au début du confinement, les investisseurs ne font pas de distinction entre les gagnants et les perdants de la crise.
Si le ralentissement de la croissance et l’accélération de l’inflation ne seront pas sans conséquences sur les entreprises cotées, les conséquences seront variées selon les secteurs. Le contexte devrait même être très favorable aux groupes miniers avec l’or et le cuivre qui ont franchi de nouveaux sommets et un dollar fort. Ce sont des éléments que le marché n’a pas encore intégrés, note un professionnel de marché.
Pour les pétroliers, la hausse des cours à l’international sera bénéfique à moins que le gouvernement ne prenne des mesures pour contenir l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat. Dans l’agroalimentaire où certaines valeurs sont attaquées, les professionnels de marché semblent surpris.
«C’est un secteur qui est globalement résilient. Les entreprises devraient profiter du bouclier que vont mettre en place les autorités pour protéger le pouvoir d’achat», estime l’un d’eux. Plus globalement, le poids des valeurs défensives sur le marché devrait constituer un premier amortisseur à une glissade plus prononcée. En outre, le marché est dominé par les investisseurs institutionnels qui n’ont pas intérêt à ce qu’il dévisse.
«Lorsque la visibilité va s’améliorer, il est probable que nous basculions rapidement dans une bonne dynamique», espère un analyste. D’un autre côté, la baisse de certaines actions pourraient constituer une opportunité d’entrée sur le marché pour de nouveaux investisseurs.
Frank Fagnon / Les Inspirations ÉCO