Bouchons à Casablanca : à qui la faute ?
La capitale économique bat le record de bouchons au Maroc. Il n’y a plus d’heures de pointe et la circulation est difficile toute la journée. Les usagers n’en peuvent plus et pointent du doigt les autorités locales. Pourtant, ce ne sont pas les seules en cause.
Confinement, école en distanciel, télétravail, les Casablancais avaient presque oublié ce qu’étaient les embouteillages. Depuis quelques jours, le calvaire est de retour. Que ce soit en voiture, en taxi, en bus ou en tramway, la circulation est infernale dans la ville. Le temps de trajet habituel est multiplié par trois, voire plus. Ce sont des dizaines d’heures qui sont perdues dans l’enfer des bouchons casablancais par an. En plus d’être un gros facteur de stress, ils coûtent des milliers de DH par an. Les axes les plus engorgés se trouvent au centre-ville, sur la voie express urbaine de la ville, les entrées et sorties de et vers Dar Bouazza, Bouskoura, Mohammédia, ou encore Rabat. Les travaux actuels dans toute la métropole ne sont pas pour aider. Ils perturbent considérablement la circulation. Les Casablancais, exécédés, pointent du doigt Casa Transports et dénoncent sur les réseaux sociaux, notamment, la gestion de l’autorité régulatrice de mobilité à Casablanca. La société a géré la construction de différentes lignes de tramway et de busway dans la ville. «Les embouteillages sont causés par plusieurs facteurs et ne sont pas uniquement la conséquence des travaux des projets de transport en commun.
D’ailleurs, ils ne sont pas exclusifs à ces zones de travaux», répond Nabil Belabed, DG de Casa Transports. Actuellement, la Société de développement local (SDL) mène plusieurs projets pour doter la ville d’une infrastructure de transport en commun à la hauteur des exigences des Casablancais. Des travaux qui ont mobilisé un lourd budget de 16 milliards de DH pour la réalisation deux lignes de tramway totalisant 26 km. Le taux d’avancement des travaux d’infrastructure est de 20% et la livraison du chantier est prévue pour 2023. Deux lignes de busway de 24 km, dont les travaux seront bouclés mi- 2022 ainsi que la restructuration du réseau de bus sur le territoire de l’ECI (2022) sont également au programme. Le taux d’avancement des travaux d’infrastructure et d’aménagement de façade est de 32%. En tout, ces chantiers occupent 50 km des voies principales. Toutefois, Casa Transports estime fournir les efforts nécessaires pour réduire les gênes occasionnées.
«Il convient de préciser que nous souffrons au quotidien et de manière structurelle de pics de bouchons depuis des années avant même le lancement des travaux. C’est pour remédier à ces désagréments quotidiens que Casablanca est en train d’implémenter une politique de mobilité volontariste», souligne Belabed.
Casa Aménagement, elle aussi, affirme ne pas être responsable des bouchons à Casablanca. «Nous avons plus de travaux sur la voirie et tous les axes importants de la ville», précise Driss Moulay-Rachid, DG de la SDL. Mais si les travaux gênent le déplacement des automobilistes, ces derniers ont également leur part de responsabilité. En effet, l’incivisme des conducteurs rend encore plus difficile n’arrange pas la situation . D’autant plus que des millions de voitures circulent tous les jours dans la métropole. Selon des chiffres du ministère du Transport datant de 2017, plus de 1,5 million de véhicules circulent à Casablanca. Un chiffre qui reste certainement en dessous de la réalité actuelle. Car s’y ajoutent quotidiennement les véhicules des navetteurs des villes voisines et les camions de marchandises.
La décongestion intelligente des routes
Le groupe technologique Aba Technologies, qui opère dans l’Internet des objets (IOT), propose, à travers sa startup, Nextcor, une solution de gestion de la circulation qui répond à deux défis majeurs auxquels les villes sont confrontées en matière de circulation: la sécurité routière et les embouteillages. Cette dernière se démarque par deux innovations qui sont la consolidation des données émanant de plusieurs sources pour identifier les véritables incidents et réduire les fausses alertes, et l’intégration de plusieurs applications dans une solution complète. Pour une circulation plus sûre et efficace, la solution de startup commence par collecter des données issues de plusieurs capteurs et stockage et les traiter. «Elle rassemble, filtre et analyse de manière avancée les données collectées pour identifier les informations les plus pertinentes», explique Mohamed Benouda, PDG d’Aba Technology.
La solution compte des capteurs de véhicule intégré dans la chaussée, des caméras vidéo, des lecteurs de plaque d’immatriculation LPR ou encore des logiciels de visualisation et d’analyses des données. Dès qu’un accident est identifié, la solution crée automatiquement un rapport d’incident et recueille toutes les données pertinentes. Elle guide également les opérateurs lors des interventions. «En plus de gérer instantanément le trafic, elle permet de générer des rapports affichant les tendances en matière d’accidents de la circulation qui permettent d’identifier les problèmes de flux de trafic et de mieux les anticiper», indique le patron d’Aba Technology.
Tilila El Ghouari / Les Inspirations ÉCO