Maroc

Bela Tarr et Lisandro Alonso : DEUX CINÉASTES, DEUX VISIONS

L’un est spirituel, l’autre écorché vif, mais ils se retrouvent tous les deux dans cette façon de créer un film que l’on vit plutôt que de créer un film qui se regarde. Ils s’apprêtent à départager les 14 films en compétition. Il s’agit du cinéaste hongrois, Bela Tarr, président du jury, et de l’Argentin Lisandro Alonso, membre du jury

Bela Tarr

«On doit apprendre à respecter nos différences. C’est notre richesse»

Bela Tarr fait partie de ses rares personnes qui transmettent du savoir avant même d’avoir pipé mot. Le réalisateur du Cheval de Turin, qui a décidé d’arrêter sa carrière après 9 films, car, selon lui, le monde ne voulait plus de ce genre de cinéma. «J’ai eu réponse à mes grandes questions. Je pense avoir répondu aux questions essentielles. Aujourd’hui, j’essaie de trouver d’autres moyens de répondre à mes questions : conférences, cours, enseigner, rencontrer, partager…», confie-t-il.   Maestro des longues prises, ses films sont des réponses à des questionnements. «J’ai juste évolué, film après film. Cela m’a pris 34 ans, 34 ans de carrière pour construire tout cela. À chaque film, on a une nouvelle question», continue le réalisateur du Tango de Satan qui dure 7 heures. «Une longue prise a en réalité plusieurs coupes, mais à l’intérieur ! Jean Louis Godard disait un vrai réalisateur sait couper à l’intérieur d’une longue prise. Le secret : beaucoup de prises, un mouvement et une gestion de la tension», conseille Bela Tarr qui est aussi un professeur exceptionnel. Professeur à la Film Akademie de Berlin depuis 1990, il a ouvert une école à Sarajevo qu’il considère  comme un lieu de rencontres entre débutants et professionnels, une sorte de laboratoire d’idées. Il annonce que l’école fermera, faute de moyens, mais qu’il compte l’emmener dans une autre ville, un autre pays. Pour lui, la clé c’est de continuer, de ne jamais baisser les bras et surtout de se nourrir des différences d’autrui. «La différence est très importante, on doit apprendre à respecter nos différences. C’est notre richesse».  

Lisandro  Alonso

«Le cinéma est un prétexte  pour voyager, rencontrer des gens»

Écorché vif, il vit en Argentine, mais son cœur est à la campagne. Amoureux des grands espaces, des paysages, des lieux, ses films sont des images subtilement assemblées. De «Los Muertos» à «Liverpool», en passant par «La Libertad» ou «Jauja», le réalisateur argentin a ce don de rendre les couleurs encore plus réelles. Le lieu de tournage pour moi est aussi important que le personnage. Je fais beaucoup de chercher sur le lieu, le paysage et où j’aimerais tourner. Je me rends sur place, je vois si des gens vivent là-bas, j’aime vivre avec eux, découvrir comment ils vivent. Et là je commence à écrire.

Pour moi, le cinéma est un prétexte pour voyager, rencontrer des gens», continue le cinéaste nature, qui avoue ne pas être un expert en écriture, il écrit généralement un script de 20 pages pour savoir où il va. Le réalisateur n’est pas à l’aise avec les mots, il trouve ses réponses dans le silence, l’isolement. Habitué des acteurs non professionnels, Lisandro Alonso se permet un certain Viggo Mortensen dans «Jauja». «J’ai énormément appris de lui. C’est un acteur formidable». Fasciné par la Scandinavie et sa nature, le réalisateur argentin souhaite tourner au Danemark son prochain film, même s’il ne sait pas vraiment quand, ni comment. Il se laisser aller au gré de ses envies et se laisse tenter par une visite du Sud du royaume, afin d’en découvrir la beauté. Tournage imminent au Maroc ? L’avenir nous le dira….



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