Maroc

Banques participatives : le coup de boost de Bank Al-Maghrib

Bien que «jeune», le secteur bancaire participatif connaît une croissance soutenue grâce à des initiatives stratégiques visant à structurer son cadre réglementaire et à renforcer son offre de services. Bank Al-Maghrib, en partenariat avec la Banque islamique de développement, s’engage sur un projet de dynamisation de ce secteur en plein essor.

À l’échelle mondiale, les actifs de la finance islamique dépassent les 3.000 milliards de dollars, avec une croissance constante dans des régions comme le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est et même l’Afrique. Au Maroc, le secteur bancaire participatif continue de croître et de se structurer, porté par des initiatives ambitieuses visant à enrichir le cadre réglementaire et opérationnel.

Dans ce cadre, les financements accordés par les banques et fenêtres participatives s’inscrivent en progression soutenue d’une année à l’autre. En 2023, ces financements ont atteint 21,4 milliards de dirhams (MMDH), contre 17,4 MMDH en 2022, reflétant l’essor des financements immobiliers, qui constituent 80,4% du total, tandis que les financements à l’équipement représentent 13,5%, et ceux destinés à la consommation et à la trésorerie s’élèvent à 6,1%.

Dans cet élan de croissance, et afin d’exploiter plus pleinement encore le potentiel de cette branche d’activité clé en matière d’inclusion financière, Bank Al-Maghrib (BAM) a récemment lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) dans le cadre d’un projet financé par la Banque Islamique de Développement (BID).

Ce projet, intitulé «Développement du secteur bancaire participatif au Maroc», a pour but de s’appuyer sur l’expertise de sociétés de conseil spécialisées, afin d’élaborer des études approfondies sur l’état actuel du marché bancaire participatif, ses contraintes et ses opportunités de développement. Ces études fourniront des recommandations pour l’amélioration du cadre réglementaire et la mise en place de nouvelles stratégies pour accompagner la croissance de ce secteur.

Un partenariat stratégique
Soulignons que la BID a accordé à BAM un financement important destiné à appuyer ce projet de développement. Ce partenariat stratégique vise à renforcer les capacités des institutions bancaires participatives, en particulier par la mise en place de nouvelles études et de solutions adaptées aux réalités du marché marocain.

Ce modèle de financement participatif conforme à la Charia est également soutenu dans d’autres pays comme la Malaisie, où les banques participatives représentent près de 40% des actifs bancaires.

Au cours des dernières années, le Maroc a réalisé des avancées notables dans le domaine de la finance participative, notamment avec l’introduction de banques participatives et des Sukuks. Cependant, plusieurs défis subsistent, tels que la diversification des produits, l’amélioration de la connaissance du public et la formation des cadres bancaires.

Un cadre d’étude pour le renforcement du secteur participatif
L’objectif des études à réaliser dans le cadre de cette mission est double :
d’une part, il s’agit d’identifier les carences qui freinent le développement de la finance participative et, d’autre part, des solutions concrètes seront proposées pour répondre aux attentes des différents segments de clientèle.

L’ensemble des aspects touchant au secteur seront étudiés, y compris les questions juridiques et réglementaires, ainsi que les problématiques liées à l’offre de produits et services. Des études de faisabilité et des évaluations de marché, seront aussi conçues, ainsi que des propositions de stratégies pour favoriser l’inclusion financière via des produits conformes à la Charia.

Ces études auront également pour objectif de mieux intégrer les besoins des différents acteurs économiques, notamment les entreprises et les particuliers, afin de renforcer l’offre bancaire participative au Maroc.

Des critères rigoureux pour la sélection des consultants
BAM a défini des critères rigoureux pour la sélection des cabinets de conseil qui participeront à cette mission. En plus d’une expertise prouvée dans le domaine de la finance participative, une connaissance approfondie du cadre marocain est requise ainsi qu’une expérience avérée dans la réalisation de missions d’évaluation de marchés et d’études de faisabilité dans le secteur bancaire.

L’enjeu est de s’assurer de la capacité des experts qui seront désignés à proposer des solutions innovantes pour le développement de nouvelles offres bancaires et à fournir des recommandations stratégiques adaptées aux spécificités du marché national. Ces études permettront, en effet, de définir les actions à entreprendre pour renforcer la pénétration du marché participatif tout en assurant une meilleure réactivité face aux évolutions économiques et réglementaires.

Un projet aligné sur les objectifs nationaux
Le développement du secteur bancaire participatif au Maroc s’inscrit dans une stratégie plus large visant à diversifier l’offre de services financiers et à favoriser une plus grande inclusion économique. En tant que partie intégrante de cette dynamique, BAM et ses partenaires visent à consolider la place des banques participatives dans le paysage financier du pays. C’est dire que les résultats de ces études seront cruciaux pour orienter les futures décisions réglementaires et encourager l’adoption de produits bancaires conformes à la Charia, que ce soit pour les particuliers ou les entreprises.

Ce projet est également en phase avec les ambitions nationales en termes d’inclusion financière et de développement de services adaptés aux différents segments de la population. Les perspectives mondiales montrent que la finance participative attire non seulement les pays musulmans, mais aussi des pays occidentaux comme le Royaume-Uni et le Luxembourg, qui ont émis leurs propres Sukuks souverains.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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