Banques marocaines : Quelles perspectives ?
19,8% des personnes sondées sont optimistes quant à l’avenir des banques marocaines. Nous pouvons tout d’abord citer la bonne tendance des résultats semestriels des banques cotées avec une hausse des bénéfices d’un peu moins de 8%. Surtout, en dehors du CIH, toutes les banques ont vu leurs résultats progresser.
De même, le PNB global s’est redressé de près de 2%. Concernant les chiffres globaux du secteur en 2016, le résultat net dégagé par les neufs groupes bancaires, sur une base consolidée, a enregistré une hausse de 6% à 12,2 MMDH. Le ratio de solvabilité moyen du secteur s’est ainsi amélioré à 14,2% pour un ratio de fonds propres de base de 11,5%. Aussi, le ROA est stable à 0,8% pour un ROE de 9,8% (-10 pbs). Enfin, le niveau du risque est à 7,6%, contre 7,4% en 2015, pour un taux de couverture de 69% contre 68% en 2015. Par ailleurs, les trois grands groupes bancaires se sont bien internationalisés. Ainsi, la banque de détail à l’international d’Attijariwafa bank dégage désormais 26,7% du RNPG 2017 S1. Ce niveau est de 8,2% pour la BCP et de 41% pour BMCE BOA. De plus, la dynamique est en cours notamment avec l’appétit affiché pour l’Afrique de l’Est en sus de l’expansion d’Attijariwafa en Égypte. Sur un autre sujet, les économistes-chercheurs à BAM, Sara Benazzi et Imane Rouiessi avaient conclu que selon le modèle de Panzar et Rosse, les banques sont dans une situation de concurrence monopolistique, à l’instar de plusieurs pays développés et émergents. Pour rappel, la concurrence monopolistique est une structure de marché où les producteurs sont nombreux mais bénéficient d’une position proche du monopole grâce à une stratégie de différenciation des produits. Cette conclusion est d’ailleurs confirmée par les chiffres avec une marge d’intermédiation proche des 4% chez certaines banques. Des zones grises existent aussi pour juger les perspectives des banques comme celle des banques participatives.
En effet, si des banques filiales de groupes veulent surtout ne pas perdre ses clients actuels séduits par les produits participatifs, ou souhaitent développer des revenus complémentaires, les banques étrangères qui vont rentrer au niveau du marché marocain, en utilisant cette fenêtre, peuvent être plus concurrentielles. Ainsi, Umnia Bank, filiale à 40% de la banque QIIB, ou Al Baraka, qui a carrément annoncé gérer BTI Bank, chercheront à démentir les pronostics qui ne donnent pas à ce pan de la finance plus de 10% de part de marché. Pour les plus sceptiques au niveau des perspectives des banques, nous pouvons citer les deux warnings de Fitch. Ainsi, en mai, Fitch Ratings avait rappelé que l’expansion africaine des banques marocaines n’est pas sans risque en se basant sur la détention par les filiales africaines d’obligations souveraines, moins bien notées que celles du Maroc. De plus, l’environnement d’exploitation est plus risqué que celui du Maroc. En juillet, la même agence en avait rajouté une couche, affirmant que le niveau de créances en souffrance est plutôt de 12%-14% contre un ratio affiché de 9,7%. Pour son analyse, l’agence s’est basée sur les ratios de la SGMB et de la BMCI, qui seraient soumises à des normes plus strictes.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Quelle est la situation des banques marocaines ?
Farid Mezouar : Nos banques sont solides au niveau des fondamentaux mais qu’elles ont besoin de relais de croissance, même si la machine des crédits est repartie avec une croissance de 4,5% attendue en 2017. Ainsi, certaines cherchent ces relais à l’international avec une certaine prise de risque. D’autres semblent partir à l’assaut de niches comme les TPE, les jeunes ou les professions libérales aisées..
Quels sont les points à surveiller par les banques ?
Je pense à trois points en plus de ceux cités dans l’analyse du sondage. Tout d’abord, les banques doivent veiller à un bon équilibre entre la qualité de service et l’industrialisation des agences ainsi que la compression des frais d’exploitation. Ensuite, les dépôts non rémunérés devront affronter la concurrence avec le développement imminent des établissements de paiement qui seront capables, en complément des établissements de crédit, de collecter des dépôts et d’offrir des services de paiement. Enfin, avec le développement de l’intelligence artificielle, des fintechs pourront s’intercaler entre les banques et leurs clients.