Maroc

Aveo Energie : L’avenir, c’est aussi la biomasse !

Jean-Baptiste Trémouille : Directeur général d’Aveo Energie

Le leader marocain de la production d’eau chaude et de vapeur à base d’énergie renouvelable, Aveo Energie, est promis à un avenir radieux. C’est la conviction de son directeur général, Jean-Baptiste Trémouille, qui en explique les fondements.

Les ÉCO : Vous vous êtes spécialisés dans un segment, la biomasse, qui est quasi inconnue au Maroc. Pourquoi ce choix ?  
Jean-Baptiste Trémouille :  Chez Aveo Energie, nous bâtissons notre modèle économique sur les bases de la responsabilité écologique et nous nous imposons comme défi l’expérimentation de branches énergétiques nouvelles qui aurait des retombées directes sur les populations vivant à proximité de nos unités de production. Le domaine des énergies renouvelables est vaste, et les technologies y afférentes sont légion. Opter pour le solaire ou pour l’éolien aurait amené notre société à s’aligner sur ce qui se fait déjà, puisque le chantier est balisé depuis quelques années maintenant. De plus, les projets sont attribués à des spécialistes dont la compétence ne fait aucun doute. Cette compétence n’est pas la nôtre. Par contre, sur le segment de la biomasse, nous sommes leader au Maroc malgré notre jeune âge, la société ayant été créée en 2014 seulement. Pour autant, en 2 ans d’existence, nous avons réussi à tisser des liens avec 12 hôtels et structures industrielles, dont 8 hôtels à Marrakech et 3 usines à Meknès. Nous avons réussi cet exploit alors que la forme d’énergie que nous commercialisons est méconnue, à la fois par les clients que nous approchons et par les autorités qui ne lui réservent qu’une légère mention, longue de quelques lignes, dans les rapports de l’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE).

En quoi consiste le procédé que vous adoptez ?
Il faut savoir que le succès de nos opérations est tributaire de la maîtrise de plusieurs facteurs. Les plus importants sont la proximité des unités de production des champs de récolte de ce que nous considérons comme du combustible à l’état primaire. Ce combustible doit satisfaire aux exigences pré et post-incinération, et doit justifier d’un apport calorique suffisamment important pour que la conversion en énergie soit optimale. Pour l’heure, nous avons identifié deux produits : le noyau d’olive et la coque d’argan. Nos unités à Meknès et à Beni Mellal récupèrent ce combustible en suivant un procédé soigneusement étudié. Grâce à une stratégie d’approche des agriculteurs que nous avons initiée dès notre création, nous arrivons aujourd’hui à obtenir un combustible propre, qui n’a pas été empilé au fond des champs et corrompu par la terre et les cailloux qui peuvent facilement se mélanger à la pile. Nous nous engageons donc à mettre à la disposition des agriculteurs-partenaires d’Aveo Energie un processus d’acheminement ponctuel qui assure le transport des combustibles jusqu’aux unités. Des tests sont menés de manière continue sur d’autres aliments, résidus d’aliments et autres «chutes» agricoles afin de définir si oui ou non le combustible dispose d’un potentiel suffisamment intéressant pour nous, et adapté à nos installations. Je tiens à préciser aussi que nos combustibles présentent un bilan carbone neutre car les émissions générées proviennent de l’environnement immédiat du produit, qui restitue à la nature les quantités de carbone qu’il a accumulées pour croître.

Comment la commercialisation s’organise-t-elle  ?
La principale difficulté dont nous souffrons au moment du démarchage des clients est le déficit de notoriété du procédé et de son efficacité. Les prospects ne nous croient pas forcément lorsqu’on leur explique qu’une chaudière carburant à la biomasse leur permettrait d’économiser 30% sur leur facture énergétique. Leur scepticisme perdure parfois même après constatation des résultats. Cela nous a obligé à imaginer et définir une approche commerciale efficace, qui minimiserait l’impact de ce manque de notoriété, tout en mettant le client en confiance. Nous avons donc décidé de financer nous-mêmes l’installation des dispositifs. Ainsi, le client, ne déboursant rien en termes d’investissement, s’en trouve plus confiant quant à s’engager dans une relation contractuelle à long terme. Nous assurons également la maintenance des équipements à travers des visites techniques aussi fréquentes que la taille de l’installation ne nécessite.
 
Êtes-vous confiant quant à l’avenir de la filière ?
Oui, totalement. La preuve est que nous avons réussi à nous imposer sans le moindre soutien du gouvernement. Nous n’en cherchons pas pour l’instant puisque l’énergie en elle-même n’est pas encore intégrée à la liste des produits «bancables» et ne fait, par conséquent, pas partie des stratégies gouvernementales en faveur du développement des énergies renouvelables au Maroc. Cela dit, cela ne devrait tarder, à mon humble avis. Ce que nous regrettons, c’est le fait de ne pas être conviés à la COP 22 alors qu’Aveo Energie est une société 100% marocaine, avant-gardiste dans sa filière de spécialisation. Pour autant, nous sommes certains que le développement naturel de nos activités suffira à prouver que la biomasse est à prendre au sérieux et, nous l’espérons, attirera d’autres investisseurs. Un environnement non-concurrentiel n’est pas sain, et nous ne souhaitons pas rester seuls trop longtemps sur le marché. 



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