Maroc

Audiovisuel : les indicateurs inquiétants du marché national

Les produits d’exploitation formés du chiffre d’affaires et des subventions d’exploitation des opérateurs marocains éditeurs de services radiophoniques et télévisuels, aussi bien publics que privés, ont baissé de près de 13%.    

Le dernier diagnostic de la HACA, portant sur le marché national de l’audiovisuel, traduit l’impact de la crise sanitaire sur les opérateurs du secteur. En effet, le rôle des médias a été fortement mis en avant par le gendarme du secteur avec «le rôle essentiel en temps de crise des télévisions et des radios publiques et privées et qui a révélé le fort engagement en matière de pédagogie et de sensibilisation aux mesures sanitaires et pour aider à l’appropriation, par les citoyens, des mesures de prévention». Dans le même temps, les effets économiques de la crise pandémique ont affecté les ressources des éditeurs des services audiovisuels qui sont, dans leur grande majorité, des petites et moyennes entreprises. De ce fait, il convient de nuancer les performances du secteur audiovisuel national dans le contexte d’une contraction économique générale.

Pourtant, dans ce contexte de mobilisation, les produits d’exploitation formés du chiffre d’affaires et des subventions d’exploitation des opérateurs marocains éditeurs de services radiophoniques et télévisuels, aussi bien publics que privés, ont baissé de près de 13%, en 2020. Ils sont passés de 2,39 MMDH, en 2019, à 2,09 MMDH, durant l’exercice financier écoulé.

«Cette baisse est principalement due à la contraction du chiffre d’affaires des opérateurs privés de 35,53% entre 2019 et 2020. Les produits d’exploitation du secteur sont générés, majoritairement, par les opérateurs publics qui ont réalisé 86,85% du volume global de ces produits, contre seulement 13,15% enregistrés par les opérateurs privés», constate la HACA dans ses statistiques sectorielles.

Pour les opérateurs publics de l’audiovisuel, le rapport entre les subventions d’exploitation et le chiffre d’affaires reste constant. En effet, les subventions d’exploitation constituent en moyenne 60,76% de ce volume global, alors que le chiffre d’affaires en représente, en moyenne, 39,24%, selon les données de la Haute autorité. Par ailleurs, le chiffre d’affaires généré par les services à accès conditionnel a poursuivi sa baisse, atteignant 9 MDH de dirhams en 2020. Et ce, en dépit de la forte demande du public en matière de consommation des services audiovisuels pendant la période de confinement décrété dans le cadre de la prévention contre la propagation de la pandémie. Notons que le chiffre d’affaires des services à accès conditionnel ne représente en fait que 0,4% des produits d’exploitation du secteur.

«La commercialisation des bouquets de chaînes de télévision sur ADSL représente 60% du chiffre d’affaires global des services à accès conditionnel», précise la HACA.

Pour d’autres segments, le chiffre d’affaires généré par les services audiovisuels à la demande (SAD) n’a pas dépassé 6,1 MDH. De même que le nombre d’abonnés à ces services a connu une baisse de 28%, correspondant à un recul du chiffre d’affaires de 24%. A souligner que les investissements globaux des opérateurs de communication audiovisuelle privés ont baissé de 61% en 2020, pour se stabiliser à 8,8 MDH, contre 22,4 MDH en 2019. Dans un autre registre, et malgré les difficultés financières causées par la crise pandémique, les opérateurs ont maintenu leur effort en matière de financement de la production audiovisuelle nationale, qui est l’un de leurs engagements essentiels. Les chiffres reflètent, à ce niveau, une hausse de 20,8 % par rapport à 2019. «Sur les 766 MDH investis en 2020, 734 MDH ont été opérés par des services télévisuels, ce qui représente 95,7 % des investissements globaux», souligne le bilan de la HACA.

Les principaux constats pour les RH

Concernant l’évolution des ressources humaines employées par le secteur, le nombre total de salariés travaillant au sein des entreprises de radio et de télévision a connu une très légère baisse en 2020, passant de 3.306 à 3.339 salariés en 2019. La SNRT et Soread-2M restent de très loin les principaux employeurs du secteur avec 76,59% de l’effectif global, précise la HACA. Sur les 3.306 salariés du secteur, 785 sont des journalistes. Le nombre de ces derniers a connu, en 2020, une progression de 3,84%, puisqu’ils étaient 756 en 2019. L’examen de la répartition par genre des ressources humaines évoluant dans le secteur de la communication audiovisuelle fait apparaître une présence des femmes moins importante que celle des hommes. Les femmes ne représentent que 34% des effectifs globaux du secteur. En revanche, «le ratio homme-femme est plus équilibré parmi la catégorie des journalistes, dont 51% sont des hommes et 49% des femmes», indique le bilan établi par la HACA.

Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO



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