Assouplissement du régime de change : 2026 comme horizon
Le Maroc relance son plan d’assouplissement du régime de change du dirham, avec pour objectif d’atteindre un taux de change plus flexible d’ici 2026. Cette décision, annoncée par Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, marque une avancée dans la stratégie monétaire du pays, interrompue par la pandémie. Ce projet inclut un décrochage progressif du dirham de son panier actuel de devises (euro et dollar), le développement d’un marché des swaps de devises en 2025 et l’émission prévue d’euro-obligations. Autant d’étapes visant à renforcer la compétitivité et l’intégration économique du Maroc sur la scène internationale.
Le Maroc a relancé son projet d’assouplir le régime de change du dirham, visant une transition progressive vers un taux de change plus flexible d’ici 2026, après une suspension des réformes liée à la pandémie. Cette annonce du gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, faite en marge des réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington, marque une nouvelle phase dans la stratégie monétaire du Royaume. La Banque centrale prévoit de détacher progressivement le dirham de son ancrage actuel, un panier de devises composé de l’euro et du dollar américain.
Une réforme interrompue par la pandémie
Le Maroc avait amorcé en 2018 un processus graduel de flexibilité du dirham pour, éventuellement, le libérer sur le marché international, mais la pandémie de Covid-19 a retardé cette transition. La crise sanitaire a entraîné un recul des revenus du tourisme, un secteur important pour l’économie nationale, tout en exacerbant les impacts économiques d’une série de sécheresses. Le pays a également subi les répercussions de la hausse des prix de l’énergie compliquant davantage l’environnement économique.
En plus de ces facteurs, BAM souligne la nécessité d’une «gouvernance» renforcée pour accompagner ce changement, en particulier pour les petites entreprises qui représentent la majeure partie du tissu économique national. Celles-ci devront être prêtes à faire face aux fluctuations qui accompagnent un taux de change plus libre, un défi pour un secteur encore majoritairement habitué à un environnement monétaire stable.
Vers une monnaie déterminée par le marché
Abdellatif Jouahri a précisé que la «Banque centrale est prête techniquement». Toutefois, il a insisté sur le fait que BAM est engagé dans un processus de préparation des banques et des acteurs du marché. Ce passage à un taux de change déterminé par le marché est perçu comme une étape importante pour renforcer la compétitivité de l’économie nationale et attirer davantage d’investissements étrangers.
Lancement prévu d’un marché des swaps de devises
En parallèle à la réforme du taux de change, le Maroc envisage de créer un marché des swaps de devises dès 2025. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de développement du trading de produits dérivés, visant à offrir de nouveaux outils financiers pour les acteurs économiques et les investisseurs.
Ce marché devrait permettre de mieux gérer les risques de change et de faciliter les transactions internationales dans un environnement où le dirham sera plus sensible aux fluctuations du marché.
Le recours aux euro-obligations pour financer la transition
Pour accompagner cette transition, Jouarhi indique aussi que le Royaume prévoit d’émettre au moins 1 milliard de dollars en euro-obligations d’ici début 2025. Cette émission devrait renforcer les réserves en devises et soutenir les plans économiques dans un contexte mondial incertain, en particulier avec les prochaines élections américaines et les nouvelles politiques attendues au Moyen-Orient.
«En choisissant d’attendre le début de l’année 2025, les pouvoirs publics concernés souhaitent mieux évaluer l’environnement économique mondial et réduire les risques associés à l’émission d’euro-obligations», explique un observateur du marché financier.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO
