Maroc

Année blanche pour les syndicats

Face à l’échec du dialogue social, les centrales représentatives n’ont d’autre option que de resserrer leurs rangs pour mieux se préparer aux prochains rounds. Avec la présentation du PLF 2019 au Parlement, l’espoir des fonctionnaires de voir leur salaire s’améliorer tombe à l’eau.

Année blanche pour les syndicats, mais aussi et surtout pour les fonctionnaires et salariés qui espéraient une augmentation des salaires. Le projet de loi de Finances 2019 devait comprendre un montant de 3,5 MMDH en guise de hausse des salaires des échelles inférieures, à raison de 400 DH distribués en trois tranches (200 DH en 2019 et 100 DH en 2020 et en 2021). Or, il n’en est rien. «Sur les 24 pages de présentation du PLF 2019, le ministre des Finances n’a pas une seule fois fait mention du dialogue social», a déclaré, dépité, aux Inspirations ÉCO, Ennaam Mayara, SG de l’UGTM. Pourtant, ce syndicat avait affiché l’éventualité d’accepter la proposition gouvernementale à condition de l’élargir à tous et non à une frange, au risque de créer des frictions parmi les fonctionnaires et un sentiment de frustration chez des dizaines de milliers d’entre eux. Aujourd’hui, les dés sont jetés. La présentation du PLF 2019 aux deux chambres du Parlement marque une rupture et suscite un sentiment d’abattement chez les syndicats qui espéraient apporter une bonne nouvelle aux masses laborieuses. Tous ont le sentiment qu’il s’agit d’une année blanche, socialement parlant. Le chef de gouvernement avait toutefois promis de réunir les syndicats représentatifs après la réunion tripartite(gouvernement-syndicats-patronat) du début du mois. Il n’en a rien été. L’attente d’une invitation a duré et laissé place au doute avant que le dialogue social soit au point mort.

Dialogue de sourds
Pour Mayara, le gouvernement n’a pas la réelle intention d’ouvrir le débat avec les syndicats. En effet, comme confirmé par les syndicats contactés, les secrétaires généraux des centrales représentatives n’ont pas reçu d’invitation de la part de Saâd-Eddine El Othmani depuis la réunion du début du mois. Et quand bien même le chef de gouvernement aurait la volonté de reprendre langue avec les syndicats pour arriver à un accord, ce dernier devrait être introduit via un PLF 2019 rectificatif, ce qui est loin d’être envisageable au vu des circonstances actuelles. En tout cas, le fait que l’offre gouvernementale ait ciblé les basses échelles revêtait, selon les observateurs, un caractère politique. Elle se présentait plus comme une mesure concédée sous la pression qu’une politique sociale dûment réfléchie. S’y ajoute l’absence d’offre salariale pour les salariés du privé, qui reste soumise à la bonne appréciation de la CGEM, qui ne semble pas lâcher du lest à ce sujet. Par ailleurs, le contexte budgétaire n’y est pas très favorable. Le gouvernement est confronté à une demande sociale des plus pressantes dans la santé, l’éducation ou encore les infrastructures de base. À plus forte raison que la subvention du gaz butane et d’autres produits de base n’a pas été touchée.

Mobilisation
Aujourd’hui, les syndicats veulent unir leurs forces et resserrer leurs rangs afin d’être prêts pour un prochain round qui ne sera certainement pas programmé de sitôt. Toutefois, cette volonté de se mettre en rangs serrés butte contre l’obédience politique de chaque centrale ainsi que les enjeux électoraux. Les syndicats doivent se prendre en main à ce niveau afin de renforcer la confiance avec les fonctionnaires et salariés qu’ils sont censés représenter. Un travail de fond doit être mené au niveau de la capacité à mieux gérer un dialogue social qui devient de plus en plus serré. Car bien que le chef de gouvernement ait exprimé sa volonté d’institutionnaliser le dialogue social en l’inscrivant dans la durée, sa marge de manœuvre s’amenuise face aux exigences budgétaires, économiques et politiques.


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