Allal El Baz. “L’emploi constitue l’une des préoccupations majeures du CRI de Drâa-Tafilalet”
Allal El Baz, Directeur Général du Centre Régional d’Investissement Drâa-Tafilalet
Dans cet entretien, Allal El Baz, DG du CRI de Drâa-Tafilalet, a démontré comment cet établissement public a relevé le défi de l’amélioration de ses indicateurs de performances, en plus de sa contribution à la réalisation d’un des principaux objectifs stratégiques du NMD, ainsi que les niches de croissance sur lesquelles table la région dans le cadre de sa diversification de l’économie.
Comment le CRI Drâa-Tafilalet contribue à l’amélioration de l’emploi au sein de la région ?
L’emploi constitue l’une des préoccupations majeures du CRI de Drâa-Tafilalet. Il constitue l’un des KPIs (Key performance indicator) de l’appréciation de l’effort consenti en matière de facilitation de l’acte d’investir. Cet axe est abordé via une panoplie d’actions complémentaires allant de la facilitation administrative et procédurale jusqu’au renforcement de l’attractivité du territoire, en passant par l’impulsion économique. Les mesures adoptées, dans ce sens, sont diverses et complémentaires. Il s’agit principalement du lancement de campagnes de sensibilisation à l’entrepreneuriat à travers l’organisation de caravanes de communication et de vulgarisation. A cela s’ajoutent la formation et le renforcement des capacités de gestion administrative, comptable et digitale des PME, TPME, GIE et coopératives.
Ce n’est pas tout : le CRI assure aussi l’établissement de divers partenariats avec les organismes publics, la société civile et les entités de recherche & développement, ainsi que la réalisation des études et la constitution de la banque de projets pour les mettre à la disposition des investisseurs. Il s’agit aussi de la définition de l’offre de marketing territorial Drâa-Tafilalet, ainsi que la conception et la mise en œuvre d’actions de promotion économique et de prospection des investisseurs et des porteurs de projets, tout en réalisant des études stratégiques pour définir les niches porteuses et susceptibles d’être les leviers de l’investissement et de l’emploi. D’autres mesures sont également préconisées, en l’occurrence l’amélioration sans cesse de la performance dans le traitement des dossiers de l’investissement en termes de délais, de feedbacks, de médiation et de régulation des différends, ainsi que la constitution de différentes bases de données mises au service de l’investisseur permettant de mieux s’informer sur les aspects liés au développement de la région, notamment les indicateurs, opportunités, banque de projets, régimes incitatifs, procédures… Toutes ces mesures se conjuguent pour booster l’investissement créateur de valeur et de l’emploi en contribuant ainsi à la réalisation d’un des principaux objectifs stratégiques du NMD qui est le «Maroc prospère».
Quel bilan faites-vous des principaux indicateurs de performances, notamment les délais d’instruction des dossiers et bien d’autres ?
Avec l’avènement de la nouvelle version des CRIs, le CRI Drâa-Tafilalet devient de plus en plus un acteur inéluctable d’investissements pour l’amélioration du climat des affaires et l’attractivité du territoire en synergie continue avec les différents acteurs publics et privés. Effort colossal qui a été couronné, durant une année d’exercice, par l’amélioration des indicateurs associée à la création d’une dynamique qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le bilan des 11 premiers mois de l’année 2021 affirme la nette amélioration des indicateurs liés à l’acte d’investir (voir article ci-contre).
Quelles sont les niches de croissance sur lesquelles table la région dans le cadre de sa diversification de l’économie ?
En parfait alignement avec sa vision stratégique, le Maroc a choisi de faire des énergies renouvelables un levier de développement économique. Ce secteur recèle un important potentiel et ouvre de larges perspectives pour une croissance durable. Ainsi, la réalisation de projets phares dans la région a pour objectif de contribuer au développement du mix énergétique du Maroc à hauteur de 52% à l’horizon 2030. Une décision reflétant la politique ambitieuse du Royaume dans le secteur énergétique et un choix pertinent qui aura un effet d’entraînement sur l’économie nationale, et ne manquera pas d’impulser positivement l’économie régionale de Drâa-Tafilalet.
Le secteur minier y joue un rôle primordial dans le développement économique et social. Ceci est perceptible à travers la richesse engendrée dont une partie est injectée dans l’économie régionale, et le nombre d’emplois qu’il assure. En effet, le sous-sol de la région renferme une gamme variée de métaux de base, de métaux précieux et des substances utiles et roches industrielles. Concernant les niches de croissance, nous pouvons citer l’agriculture avec ses produits de terroir qui constitue un pilier de l’économie du territoire. Avec une agriculture résiliente axée sur les chaînes de valeur spécifiques et diversifiées reconnues par les produits de qualité suite à ses conditions bioclimatiques particulières. Le secteur a contribué, en 2020, à hauteur de 20,3%, au PIB régional. À titre d’exemple, la pomme de Midelt représente 58% de la production nationale alors que la rose de Kelâat Mgouna constitue 100% de la production marocaine. Pour la datte Mejhoul d’Errachidia, elle représente 85% de la production nationale. D’autres produits agricoles font la renommée de la région telle que le cumin d’ Alnif, le henné de Tazarine et le gombo de Tafilalet…
Pensez-vous que le régime collectif du foncier freine l’acte d’investir au niveau de la région ?
A première vue, il apparaît que le potentiel de terres collectives, dont dispose la région Drâa-Tafilalet, peut constituer un avantage de taille par rapport aux autres régions dont les assiettes foncières sont limitées. Cependant, et jusqu’à nos jours, la région ne dispose d’aucune zone industrielle aux standards nationaux. En effet, la mobilisation du foncier collectif ne sont pas du ressort de la Commission régionale unifiée d’investissement (CRUI).
Elle est gérée suivant les dispositions prévues par la loi 62-17 et son décret d’application impliquant une multitude d’intervenants au sein des commissions au niveau local et central. Conscient du rôle que peut jouer le foncier collectif pour la création d’une dynamique économique au niveau de la région Drâa-Tafilalet, le wali et les gouverneurs des provinces de la région ne cessent de déployer des efforts pour accélérer les procédures de mobilisation du foncier en faveur de l’investissement productif, créateur de la valeur et de l’emploi.
C’est dans ce sens que le CRI propose de procéder à la digitalisation de tout le processus permettant de réduire les délais, accompagnée de la création d’une plateforme SIG accessible, fiable et exploitable au profit de l’investissement. En outre, le CRI Drâa-Tafilalet, depuis le début de l’année 2021, a piloté un processus de mobilisation de l’écosystème régional et provincial autour du foncier productif à travers l’organisation de multiples ateliers. Sans oublier les propositions du centre concernant l’intégration des zones d’activités économiques et industrielles dans les plans d’urbanisme, notamment les plans d’aménagement et les plans de développement des agglomérations rurales et les centres émergents. Il est important aussi de signaler que les CRIs sont en train de développer une plateforme nationale liée au foncier productif dont l’objectif principal est de mettre toute l’information au service de l’investisseur.
Quelle lecture faites-vous de la répartition géographique des intentions d’investissements, notamment dans les différentes provinces de la région ?
Plusieurs critères orientent les décisions et les intentions d’investissements dans les provinces. D’abord les conventions cadres liées aux opportunités d’investissements offertes par le territoire, l’existence d’infrastructures d’accueil des investissements, la disponibilité du foncier à la portée de l’investisseur et les incitations financières pour la réalisation des projets. L’analyse des données relatives aux projets d’investissement approuvés par la Commission régionale unifiée d’investissement (CRUI), durant la période janvier 2020-septembre 2021, montre une répartition équitable entre les cinq provinces de la région Drâa-Tafilalet : Errachidia (64 projets), Ouarzazate (51 projets), Tinghir (51 projets), Zagora (45 projets) et Midelt (23 projets). Dans le cadre de l’ouverture du CRI sur son environnement, un baromètre d’investissement est publié sur le portail web www.cridrâtafilalet.com pour offrir des informations publiques actualisées relatives à la dynamique économique de la région Drâa-Tafilalet avec une analyse sectorielle et géographique.
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