Agriculture : Rush des coopératives espagnoles au Maroc
La coopérative originaire d’Almeria, Murgiverde, présentée comme l’une des plus grandes unités horticoles du pays en termes de chiffre d’affaires dénonce la délocalisation agricole vers le Maroc.
La coopérative originaire d’Almeria, Murgiverde, présentée comme l’une des plus grandes coopératives horticoles espagnoles en termes de chiffre d’affaires, a dénoncé la montée en puissance de la délocalisation agricole vers le Maroc. Dans une déclaration à EFE, le président de la coopérative, Manuel Galdeano, cache à peine son mécontentement devant la migration des capitaux espagnols vers les terres marocaines.
Cet agriculteur va même jusqu’à dire que certains légumes ne sont plus cultivés à Almeria, ou existent en petite quantité, à cause de la délocalisation espagnole. Bien entendu, le producteur ibérique saisit cette sortie pour fustiger la croissance des exportations marocaines de tomate, la bête noire des producteurs ibériques. «Chaque jour, la concurrence marocaine est de plus en plus palpable», a-t-il affirmé, ajoutant que le nouveau régime de prix d’entrée a bénéficié aux exportations nationales de tomate.
Le producteur reconnaît, à contrecœur, que le Maroc se positionne désormais comme un producteur de référence de courgette et de poivron. Or, la présence espagnole dans l’agriculture nationale ne date pas d’hier. Les implantations agricoles à capital espagnol remontent à l’époque de la première opération de cession des terres de la SODEA-SOGETA, en 2005. De même, l’accord de libre-échange, signé entre le Maroc et les États-Unis, avait attisé à l’époque les appétits des Ibériques et a suscité l’intérêt pour nos exploitations.
D’ailleurs, le puissant syndicat agricole, COAG, a toujours dénoncé l’implantation de producteurs espagnols au Maroc. Considérés comme des «traîtres» par leurs collègues, pour avoir déserté leur terroir, à la recherche de terres cultivables fertiles, ces agriculteurs délocalisés se font discrets pour ne pas s’attirer les foudres de la filière. Les principales destinations des investissements espagnols en matière agricole sont Larache et Agadir, suivies par Casablanca et Kénitra.
Selon des statistiques, 14% des entreprises espagnoles, présentes au Maroc, évoluent dans le secteur primaire, à l’instar de Duroc, Emporio Verde, ou l’aviculteur OVO Maroc. Durant la première phase d’adjudication des terres de SODEA-SOGETA, 11 entreprises ibériques, sur les 24 retenues, ont pu bénéficier de parcelles marocaines. Dans la deuxième phase, elles seront 5 firmes du voisin du nord à s’ajouter à cette liste, et ce, sur un total de 31 bénéficiaires. Entre 2005 et 2007, 16 entreprises font leur entrée dans la filière agricole marocaine avec des capitaux ibériques.
Aujourd’hui, l’Espagne dénombre plus de 36 entreprises agricoles installées au Maroc. C’est à la culture de fraise et des agrumes que les producteurs ibériques se sont adonnés au début.
À présent, l’agriculture espagnole est très variée : Fraise, riz, fleurs, haricots verts, agrumes, etc. Ironie de l’histoire, en 2005, le quotidien El Mundo avait publié un reportage sur un agriculteur qui avait fui la sécheresse des terres d’Alicante pour aller produire une variété espagnole de poivrons sous nos latitudes. Cet agriculteur n’était autre que le trésorier d’ASAJA, une association des jeunes producteurs qui a brillé par ses sorties enflammées contre la tomate marocaine destinée au marché européen.