Agence nationale des ports : vers un nouveau modèle de pilotage de la performance

L’Agence nationale des ports engage une transformation stratégique avec la refonte de son système de pilotage de la performance. L’Agence entend se doter d’outils modernes et intégrés capables de mesurer, analyser et améliorer en continu ses résultats. En renforçant la transparence, l’agilité et la responsabilisation de ses équipes, ce chantier ambitionne de positionner le secteur portuaire comme un levier durable de compétitivité et de croissance au service de l’économie.
L’Agence nationale des ports (ANP) s’engage dans une refonte profonde de son système de pilotage de la performance, une démarche qui s’inscrit dans le contexte des grandes réformes de la gouvernance publique et de la modernisation du secteur portuaire. Plus qu’un chantier technique, il s’agit d’une transformation stratégique visant à doter l’Agence d’outils de gestion adaptés aux mutations économiques, technologiques et institutionnelles auxquelles elle fait face.
Un contexte en pleine mutation
Acteur central du paysage portuaire national, l’ANP assure le développement, la maintenance et la modernisation des ports du Royaume, à l’exception de Tanger Med. Sa mission est double, garantir la compétitivité des infrastructures portuaires et renforcer leur contribution à la croissance économique. Or, l’environnement dans lequel évolue l’Agence connaît de profondes évolutions.
Le passage au contrôle d’accompagnement, qui remplace le contrôle préalable des dépenses par une évaluation des résultats économiques et financiers, a ouvert une nouvelle ère de responsabilisation et de transparence. De plus, la réforme des établissements et entreprises publics (EEP), introduite par la loi 50-21, impose une culture de performance et de redevabilité accrue, avec la mise en place de dispositifs de suivi harmonisés au niveau national.
À cela s’ajoute la réorganisation interne de l’ANP, entrée en vigueur début 2024, qui repose sur une gestion plus décentralisée et l’autonomie renforcée des directions régionales. Cette nouvelle organisation a vu la création d’une Direction de pilotage de la performance (DPD), conçue comme le centre névralgique du dispositif stratégique et opérationnel de l’Agence.
Les objectifs de la refonte
Face à ces transformations, la refonte du système de pilotage de la performance poursuit plusieurs finalités. Elle vise d’abord à aligner la stratégie de l’Agence sur les standards internationaux de gouvernance, en instaurant une gestion fondée sur la mesure des résultats, la transparence et l’amélioration continue. Elle ambitionne également de renforcer l’agilité de l’ANP, en permettant des ajustements rapides face aux évolutions du marché, aux enjeux de durabilité et aux attentes croissantes des parties prenantes.
Le projet intègre pleinement la dimension digitale, avec l’objectif de déployer une solution moderne d’Enterprise performance management (EPM). Il s’agit d’offrir à l’Agence des outils intégrés permettant un suivi en temps réel des indicateurs, une consolidation automatisée des données et une meilleure capacité d’analyse prospective.
En parallèle, l’initiative introduit une nouvelle culture managériale : elle met l’accent sur la responsabilisation des équipes, l’intégration des principes de responsabilité sociétale et environnementale ainsi que sur le renforcement du dialogue de gestion, tant au niveau interne qu’avec les instances de tutelle.
Quatre missions structurantes
Le chantier se déploie autour de quatre missions complémentaires. D’abord, un cadrage assorti d’un diagnostic et d’un benchmark afin d’établir un état des lieux précis du dispositif actuel et de comparer les pratiques de l’ANP avec celles d’organismes similaires, pour en dégager écarts et leviers d’amélioration.
Ensuite, la refonte du système de pilotage, qui vise à concevoir une architecture cible intégrant organisation, macro-processus, gouvernance, indicateurs et outils rationalisés, tout en accompagnant le choix d’une solution digitale interopérable avec les systèmes existants. La troisième mission concerne la formation et le transfert de compétences, avec des séminaires et sessions d’immersion destinés à ancrer une véritable culture de la performance au sein tant des équipes centrales et régionales que du management.
Enfin, l’accompagnement opérationnel doit permettre aux équipes de s’approprier pleinement le dispositif à travers la production effective de reportings, de tableaux de bord consolidés et l’animation des nouvelles instances de pilotage, garantissant ainsi la réussite du premier cycle de mise en œuvre.
Une transformation stratégique
Au-delà des aspects techniques et méthodologiques, la refonte du système de pilotage de la performance traduit une volonté claire de l’ANP de faire de la performance un levier de transformation et non une contrainte administrative.
Le projet reflète la convergence de plusieurs dynamiques : modernisation de la gouvernance publique, transition digitale, ouverture des données, intégration des enjeux RSE… En se dotant d’un tel dispositif, l’ANP cherche à renforcer sa position de catalyseur du développement portuaire et à répondre aux attentes des multiples parties prenantes : État, opérateurs privés, communautés locales et usagers.
C’est aussi une manière d’assurer que les ports marocains, acteurs essentiels du commerce extérieur, demeurent compétitifs, agiles et en phase avec les standards internationaux. La refonte du pilotage de la performance constitue ainsi une étape stratégique dans la trajectoire de l’ANP. Elle traduit l’ambition d’ériger le secteur portuaire en levier durable de croissance, de transparence et de compétitivité au service de l’économie nationale.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO