Maroc

Absentéisme dans l’administration. Le fléau a la peau dure

Malgré une baisse notoire des absences injustifiées, l’administration est moins réactive en matière de lutte contre le phénomène. Seulement 50% des administrations ont fourni des rapports sur leurs ressources humaines.

C’est un résultat mitigé après plus de six ans d’application de la circulaire du Chef du gouvernement (15 novembre 2012) sur l’absentéisme dans l’administration. Un rapport du ministère de la Réforme de l’administration et de la fonction publique montre que le présentéisme représente un défiencore plus grand. Ce phénomène se traduit lorsqu’un fonctionnaire badge sa présence, mais reste inactif durant ses heures de travail. Toutes les lois sur l’absentéisme se trouvent désarmées et sans effet sur ce comportement qui gangrène l’administration marocaine. La fameuse veste accrochée à la chaise fait alors office d’une présence difficilement contestable. Car, le principe du rendement dans la fonction publique n’est pas encore à l’ordre du jour. Nul n’est sans savoir aussi que les conditions de travail dans l’administration ne sont pas non plus des meilleures. Au niveau des services extérieurs des ministères et dans l’enseignement, les conditions sont déplorables au point de zapper le moral de ces armées de fonctionnaires en dehors de l’axe Kénitra-Casablanca. La circulaire a instauré des listes électroniques de déclaration des fonctionnaires que chaque département doit soumettre. Entre 2012 et 2017, ces listes ont permis d’examiner 28214 dossiers de fonctionnaires par une commission interministérielle ad hoc. Cette commission a examiné les dossiers de 25200 fonctionnaires dont les noms ne figurent pas sur les listes soumises par les départements ministériels. S’y ajoute 3.014 fonctionnaires déclarés absents de manière illégale par certains départements.

Fait marquant, seuls 4 départements sur 40 ont respecté les délais annuels de délivrances des dites listes de leurs fonctionnaires durant la période 2012-2017. Ce délai est fixé à la troisième semaine du mois de février de chaque année. Ces retards impactent négativement le travail d’évaluation et de contrôle des absences. Il faut reconnaitre que l’application de la circulaire a fini par donner ses fruits. Entre 2012 et 2017, le nombre des absences injustifiées ont baissé de 538 à 281. Ils ont atteint leur maximum en 2014 avec un nombre d’absences illégales de 674. Ces absences sont tombées sous le coup de la procédure de licenciement. Néanmoins, le procédé est encore moins élaboré puisqu’il ne permet pas de cerner les autres types d’absence qui ne sont pas forcément sanctionnés par la procédure de licenciement. S’ajoute à cela le fait que les enseignants contractuels ne sont pas soumis à ces listes. La plupart des départements ont fourni un effort considérable pour maitriser le nombre de leurs fonctionnaires. Ainsi, le nombre des fonctionnaires non déclarés sur les listes générales ont baissé de 7032 en 2012 à 1906 en 2017. Toutefois, seulement 50% des administrations ont fourni leurs rapports sur les ressources humaines. Par ailleurs, 5 départements ont fourni 80% des rapports annuels des inspections générales durant la même période. À remarquer aussi que 10 départements n’ont jamais réalisé lesdits rapports dont 4 ne disposent même pas d’inspection générale. Le rapport a mis le doigt sur certains déficits d’ordre législatif dont l’absence d’une disposition qui considère l’absence comme un travail non effectué et partant non comptés dans le calcul des primes d’ancienneté ou dans la promotion. Par ailleurs, la sanction reste limitée au niveau du fonctionnaire sans atteindre son supérieur qui dans la plupart des cas peut être considéré comme complice dans l’absence de son subalterne. Durant ces années d’application de la circulaire sur l’absentéisme, la commission s’est heurtée à plusieurs écueils. À commencer par le système de contrôle électronique très peu implémenté sachant que 90% des fonctionnaires n’y sont pas soumis. Mais le plus inquiétant, c’est la complicité de la plupart des supérieurs hiérarchiques qui ferme l’oeil sur les dépassements de leurs collaborateurs. À ce niveau, le principe de la responsabilité liée à la reddition des comptes n’est pas respecté. Le rapport a également relevé l’absence d’un mécanisme de dénonciation de l’absence non justifiée au travail.

Pour changer la donne, le rapport recommande de réviser la loi 12.81 ayant trait aux ponctions salariales des absentéistes, plafonner les durées des absences accordées, maitriser les délais et les disposition de la procédure de licenciement ainsi que les autorisation pour arrêt maladie.


Le casse-tête des mises à disposition
En matière de gestion des absences en cas de mise à disposition ou d’action syndicale, c’est le grand flou. Le rapport a décelé l’existence d’un grand nombre de fonctionnaires mis à disposition d’autres instances administratives sans respect de la procédure légale. Idem en ce qui concerne les arrêts maladie qui ne sont pratiquement pas soumis au contrôle médical. Il y a aussi des vices de forme concernant les ponctions salariales en cas d’absence et même lorsque la procédure de licenciement est engagée. Ces procédures sensées être coercitives ne sont souvent que formelles et non proportionnées à l’ampleur des dépassements.



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